Soudan
Reprise des négociations dans la douleur
Le gouvernement de Khartoum et le Mouvement de libération du peuple soudanais devraient reprendre, en début de semaine, les négociations de paix, interrompues le 2 septembre dernier. Deux éléments majeurs auront permis cette reprise des pourparlers: une intensification des combats sur le terrain, et une forte pression internationale, «emmenée» par les mouvements américains de défense des droits de l'homme et de la liberté de religion.
Ils étaient trois députés à fustiger le gouvernement de Khartoum, au cours de la veillée de prières «contre l'esclavage», organisée par de puissants groupes religieux protestants, fin septembre à Washington. Trois Républicains conservateurs dénonçant pêle-mêle, les bombardements des civils sudistes, l'islamisation forcée, la fièvre du pétrole, la haine raciale. Des discours «musclés» qui contrastent avec l'attitude prudente et conciliatrice de George Bush à l'égard de son homologue soudanais, Omar El Béchir qu'«il encourage dans ses efforts de paix». Pour sûr, Washington ne veut pas critiquer un homme qui a accepté un premier compromis sur le Sud Soudan en août dernier, d'autant que celui-ci est en proie à de vives contestations de la part de l'aile dure de son propre gouvernement. Pour sûr, Washington ne veut pas non plus gâcher ses chances d'obtenir quelques barils de pétrole soudanais dans un avenir plus ou moins proche, et ce, en dépit de la perspective d'une guerre contre l'Irak.
Cette «timidité» chronique du président américain enrage les militants de la coalition anti-Soudan aux États-Unis à l'heure même où Khartoum vient une fois de plus d'interdire pendant 10 jours l'accès des organisations humanitaires au Sud, privant la province d'Equatoria de toute aide extérieure.
Depuis la signature du protocole de Machakos, le 20 août dernier, les offensives et les bombardements n'ont pas cessé dans le Sud Soudan. Chacun tentant d'assurer son territoire pour négocier en meilleure position. La prise de Torit par la rébellion sudiste, raison avancée par Khartoum pour son retrait de la table des négociations, a sans aucun doute provoqué une intensification des bombardements meurtriers des villages du Sud, auxquels ont participé les traditionnels Antonov de l'armée, mais aussi –plus inquiétants– des chasseurs Mig.
La «coalition anti-Soudan»
La protection des populations civiles était pourtant l'un des quatre points primordiaux de discussion avancés par John Danforth, l'envoyé spécial de George Bush, au Soudan, au début de l'année. L'annonce de la prochaine arrivée d'une équipe internationale de «contrôle de la protection civile» à Khartoum et en région sud, à Rumbek par le chargé d'affaires américain au Soudan ne convainc guère.
Cette protection est, depuis quelques années déjà, au centre des préoccupations des groupes de pression américains, notamment de la «coalition anti-Soudan» qui dénonce la stratégie de terre brûlée que pratique Khartoum dans les champs pétrolifères.
Derrière cette coalition, quelque peu hétéroclite, on retrouve une cinquantaine d'organisations parmi lesquelles des missionnaires, activement engagés au Sud Soudan, en majorité, issus de courants ultra-conservateurs du protestantisme (Christian Solidarity International, Christian Coalition, Samaritan's Purse dirigé par le fils du prédicateur Billy Graham, Servants' heart, World Vision etc.); ou plus libéraux comme le Catholic Relief Services, organisme d'aide humanitaire et de développement des catholiques américains, et la commission internationale Justice et Paix. Les organisations comme le Congrès Juif américain, le Musée de la mémoire de l'Holocauste et des centres de réflexion judaïque côtoient la fondation Robert Kennedy des droits de l'homme, la Maison de la Liberté, fondée par Eleonor Roosevelt. L'Heritage Foundation, l'un des think tank, centre d'analyse et de stratégie, considéré comme le plus à droite du pays avec le Philip Randolph Institute retrouve l'Hudson Institute du journaliste Michael Horowitz, connu également pour ses prises de position conservatrices.
D'autres groupes interviennent en dehors de cette coalition: les militants anti-esclavagistes, les congressistes afro-américains (Black Caucus) ou encore des organisations de défense des droits de l'homme comme Human Rights Watch. Enfin, un autre mouvement fédérateur, «Publish what you pay» («publiez, ce que vous payez !» injonction aux compagnies étrangères qui exploitent des ressources naturelles dans certains pays sous-développés pour publier les sommes qu'elles paient aux gouvernements nationaux), créé par le milliardaire-provocateur George Soros, a désormais placé les sociétés pétrolières opérant au Soudan sous surveillance.
La puissance de ces mouvements n'est pas à négliger puisqu'ils sont capables de faire voter par le Congrès un embargo sur les investissements au Soudan de toute société liée à des intérêts américains, et de provoquer une rupture des «timides» relations diplomatiques que George Bush avait commencé à nouer avec Khartoum.
Cette «timidité» chronique du président américain enrage les militants de la coalition anti-Soudan aux États-Unis à l'heure même où Khartoum vient une fois de plus d'interdire pendant 10 jours l'accès des organisations humanitaires au Sud, privant la province d'Equatoria de toute aide extérieure.
Depuis la signature du protocole de Machakos, le 20 août dernier, les offensives et les bombardements n'ont pas cessé dans le Sud Soudan. Chacun tentant d'assurer son territoire pour négocier en meilleure position. La prise de Torit par la rébellion sudiste, raison avancée par Khartoum pour son retrait de la table des négociations, a sans aucun doute provoqué une intensification des bombardements meurtriers des villages du Sud, auxquels ont participé les traditionnels Antonov de l'armée, mais aussi –plus inquiétants– des chasseurs Mig.
La «coalition anti-Soudan»
La protection des populations civiles était pourtant l'un des quatre points primordiaux de discussion avancés par John Danforth, l'envoyé spécial de George Bush, au Soudan, au début de l'année. L'annonce de la prochaine arrivée d'une équipe internationale de «contrôle de la protection civile» à Khartoum et en région sud, à Rumbek par le chargé d'affaires américain au Soudan ne convainc guère.
Cette protection est, depuis quelques années déjà, au centre des préoccupations des groupes de pression américains, notamment de la «coalition anti-Soudan» qui dénonce la stratégie de terre brûlée que pratique Khartoum dans les champs pétrolifères.
Derrière cette coalition, quelque peu hétéroclite, on retrouve une cinquantaine d'organisations parmi lesquelles des missionnaires, activement engagés au Sud Soudan, en majorité, issus de courants ultra-conservateurs du protestantisme (Christian Solidarity International, Christian Coalition, Samaritan's Purse dirigé par le fils du prédicateur Billy Graham, Servants' heart, World Vision etc.); ou plus libéraux comme le Catholic Relief Services, organisme d'aide humanitaire et de développement des catholiques américains, et la commission internationale Justice et Paix. Les organisations comme le Congrès Juif américain, le Musée de la mémoire de l'Holocauste et des centres de réflexion judaïque côtoient la fondation Robert Kennedy des droits de l'homme, la Maison de la Liberté, fondée par Eleonor Roosevelt. L'Heritage Foundation, l'un des think tank, centre d'analyse et de stratégie, considéré comme le plus à droite du pays avec le Philip Randolph Institute retrouve l'Hudson Institute du journaliste Michael Horowitz, connu également pour ses prises de position conservatrices.
D'autres groupes interviennent en dehors de cette coalition: les militants anti-esclavagistes, les congressistes afro-américains (Black Caucus) ou encore des organisations de défense des droits de l'homme comme Human Rights Watch. Enfin, un autre mouvement fédérateur, «Publish what you pay» («publiez, ce que vous payez !» injonction aux compagnies étrangères qui exploitent des ressources naturelles dans certains pays sous-développés pour publier les sommes qu'elles paient aux gouvernements nationaux), créé par le milliardaire-provocateur George Soros, a désormais placé les sociétés pétrolières opérant au Soudan sous surveillance.
La puissance de ces mouvements n'est pas à négliger puisqu'ils sont capables de faire voter par le Congrès un embargo sur les investissements au Soudan de toute société liée à des intérêts américains, et de provoquer une rupture des «timides» relations diplomatiques que George Bush avait commencé à nouer avec Khartoum.
par Marion Urban
Article publié le 13/10/2002