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Soudan

Khartoum sollicite le retour des investisseurs

Deux émissaires du président soudanais, les ministre de l’Energie, Ahmed al-Jaz, et secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Tijani Fidail, effectuent une visite en France où ils ont été reçus lundi par le président de la République. Cette visite s’inscrit dans le cadre d’une volonté soudanaise de voir revenir les investisseurs en général, les compagnies pétrolières occidentales notamment, et la française Total en particulier.
Si seule comptait la volonté de Khartoum et Paris, la compagnie pétrolière française Total reprendrait dès ces prochains mois la prospection de l’or noir soudanais, interrompue en 1983 en raison du déclenchement de la guerre civile. Selon le ministre soudanais de l’Industrie, Jalal Yousouf al-Diqair, «Total va commencer ses activités de prospection au cours des quatre premiers mois de l’année dans sa concessions de Bor Basin (dans le sud), qui est supposée être riche en pétrole». Pourtant la situation n’est apparemment pas encore éclaircie et, de la volonté à l’acte, quelques pas restent à franchir pour établir un vrai climat de confiance.

L’or noir constitue la principale ressource d’exportation du Soudan (43% d’après le ministère des Mines et de l’Energie) qui produit 300 000 barils par jour. En 2001, les revenus pétroliers ont atteint 580 millions de dollars, dont 60% ont été consacrés au dépenses d’armement. Les autorités souhaitent parvenir d’ici 2005 à une production de 450 000 barils par jour, et 800 000 en 2010. D’où la nécessité d’attirer des compagnies étrangères.

Or la sécurité, condition sine qua non d’une reprise des forages, n’est toujours pas garantie dans la zone (dite «bloc B») de concession française, dans le sud du pays, malgré d’encourageantes perspectives de paix avec la conclusion de l’accord de cessez-le-feu en septembre 2003 entre le gouvernement et le mouvement rebelle historique sudiste Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), de John Garang. En conséquence, l’annonce des autorités soudanaises selon laquelle le groupe Total serait de retour prochainement dans la région de Jonglei, apparaît prématurée, selon la compagnie française. Le Soudan est en effet placé sous état d’urgence depuis décembre 1999 et le parlement a reconduit la mesure pour un an le 1er janvier 2004.

Toujours sous état d’urgence

La province du Darfour, à la frontière tchadienne (dans l’ouest du pays), est de son côté toujours affectée par une violente guerre civile, menée par deux organisations, le Mouvement pour la libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l’égalité. Depuis un an, le conflit a fait 3 000 morts et provoqué le déplacement de quelque 700 000 personnes, dont 100 000 réfugiés au Tchad. La ville de Tiné, dans le nord de la région, a été bombardée par l’aviation de Khartoum le 13 janvier dernier. Selon le MJE, le bilan s’élève à 45 tués. Néanmoins, les autorités soudanaises veulent minimiser l’impact de ce foyer sur la poursuite du processus et leur présence à Paris est aussi destinée à manifester sur le plan l’intérieur le caractère inéluctable de la normalisation.

C’est dans ce contexte que se déroule la visite en France des émissaires soudanais. Paris et Khartoum entretiennent des relations étroites et anciennes, tant politiques qu’économiques. La balance commerciale est largement favorable à la France qui exporte pour 60 millions d’euros vers Khartoum, et importe des produits soudanais à hauteur de 20 millions. Quarante-six sociétés françaises ont participé à la foire de Khartoum, à la mi-janvier, où s’est rendu le ministre français du commerce extérieur, François Loos, porteur d’un message du président Jacques Chirac à son homologue Omar al-Béchir. Ce dernier compte sur Paris qu’il considère comme une capitale diplomatique influente pour rejoindre la communauté internationale et conduire son pays vers une économie de paix. Et sur ses entreprises : Alstom, Electricité de France, Renault et Cogema, notamment.

La délégation soudanaise rencontrera mercredi les responsables de la compagnie pétrolière française Total.

A écouter :

Tijani Fidail, secrétaire d'État soudanais aux Affaires étrangères, interrogé par Nicolas Vescovacci (20/01/2004).



par Georges  Abou

Article publié le 20/01/2004