Soudan
Difficile reprise de négociations
Alors que des informations indiquent de nouveaux déploiements de l’armée de Khartoum, la septième session des négociations de paix entre Soudanais s’est ouverte lundi à Nanyuki au Kenya, dans une phase délicate.
Les voyages sont instructifs, on ne le répètera jamais assez. Celui qu’a entrepris le lieutenant-général Lazarus Sumbeiywo, au début du mois de juillet dans le Sud du Soudan fût-il une révélation ? Quoi qu’il en soit, lorsque quelques jours plus tard, il inaugure une nouvelle réunion entre les représentants du gouvernement et les délégués de la guérilla sudiste, dans un hôtel, situé dans le parc national de Nakuru, au Kenya, il pose sur la table un projet de paix qui a l’effet d’une bombe. Les Nordistes claquent la porte et envoient au diable les médiateurs en les accusant de partialité.
L’officier kenyan, coordinateur du processus de paix au nom de l’IGAD (Autorité intergouvernementale pour le Développement) qui regroupe les sept pays de la région d’Afrique orientale, a vu au cours de son voyage, la fracture entre le Nord et le Sud du Soudan.
Un Sud, qui ne compte que quelques kilomètres de route goudronnée et avant la guerre en 1983, n’hébergeait que trois petites unités industrielles dont une fabrique d’allumettes. Un Sud, sous-développé, regorgeant de richesses minières et pétrolières, sur le sol duquel vivotent des éleveurs de bétail, qui cherchent leurs pâturages entre deux razzias, et des millions de déplacés fuyant les attaques de l’armée et des miliciens du Nord.
Dans les régions «frontalières» du Haut Nil, du Nil Bleu et du Sud Kordofan, les derricks des compagnies de pétrole étrangères se dressent. Les foreurs s’activent. Au «bloc» 3, -les zones pétrolifères sont désignées sous ce terme- les employés chinois de la Petrodar, dernière arrivée en date, extraient, sous haute protection militaire, 10 000 barils par jour (230 000 barils/jour, pour l’ensemble des puits). Une peccadille. Quand les terrassiers auront fini la route entre Bentiu et Leer, à l’Ouest, et après avoir «nettoyé» le secteur des villageois qui l’habitent, l’exploitation pétrolière reprendra sa vitesse de croisière, au plus grand profit de Khartoum.
Partage du pétrole
Le partage de cette manne est l’un des points-clés des négociations actuelles. En ce début juillet, Lazarus Sumbeiywo lui a fait subir une légère modification. Le document qu’il présente, préconise une répartition 50/50, contre 40/60 précédemment négocié en faveur de Khartoum. L’officier, qui jusque là était perçu comme favorable au Nord, a également noté à l’ordre du jour : le choix d’une nouvelle capitale laïque où la charia ne serait pas appliquée. Le reste de la proposition est à l’avenant : un président nordiste, commandant en chef de l’armée Nord ; un vice-président sudiste, qui contrôle l’armée Sud ; entre 25 et 38% des postes gouvernementaux réservés aux Sudistes, etc. D’où la violente colère de la délégation de Khartoum qui déclare que ce projet entérine la sécession du Sud.
Cette réaction aurait pu être comprise comme une gesticulation habituelle à mettre au crédit du président Omar El Bechir, si elle n’avait pas été suivie de prise de positions ambiguës de la part des deux principaux mentors des réunions de l’IGAD : les États-Unis et la Grande-Bretagne. Washington s’est empressé d’envoyer John Danforth en tournée au Caire, Khartoum et Nairobi. L’émissaire, qui est à l’origine du processus de paix actuel, a pris un soin très particulier à rassurer l’Égypte, la Ligue arabe et le gouvernement soudanais, en évoquant le «projet» d’accord de l’IGAD , gommant les mots de «référendum» et «autodétermination» pour le Sud, de son vocabulaire.
L’officier kenyan, coordinateur du processus de paix au nom de l’IGAD (Autorité intergouvernementale pour le Développement) qui regroupe les sept pays de la région d’Afrique orientale, a vu au cours de son voyage, la fracture entre le Nord et le Sud du Soudan.
Un Sud, qui ne compte que quelques kilomètres de route goudronnée et avant la guerre en 1983, n’hébergeait que trois petites unités industrielles dont une fabrique d’allumettes. Un Sud, sous-développé, regorgeant de richesses minières et pétrolières, sur le sol duquel vivotent des éleveurs de bétail, qui cherchent leurs pâturages entre deux razzias, et des millions de déplacés fuyant les attaques de l’armée et des miliciens du Nord.
Dans les régions «frontalières» du Haut Nil, du Nil Bleu et du Sud Kordofan, les derricks des compagnies de pétrole étrangères se dressent. Les foreurs s’activent. Au «bloc» 3, -les zones pétrolifères sont désignées sous ce terme- les employés chinois de la Petrodar, dernière arrivée en date, extraient, sous haute protection militaire, 10 000 barils par jour (230 000 barils/jour, pour l’ensemble des puits). Une peccadille. Quand les terrassiers auront fini la route entre Bentiu et Leer, à l’Ouest, et après avoir «nettoyé» le secteur des villageois qui l’habitent, l’exploitation pétrolière reprendra sa vitesse de croisière, au plus grand profit de Khartoum.
Partage du pétrole
Le partage de cette manne est l’un des points-clés des négociations actuelles. En ce début juillet, Lazarus Sumbeiywo lui a fait subir une légère modification. Le document qu’il présente, préconise une répartition 50/50, contre 40/60 précédemment négocié en faveur de Khartoum. L’officier, qui jusque là était perçu comme favorable au Nord, a également noté à l’ordre du jour : le choix d’une nouvelle capitale laïque où la charia ne serait pas appliquée. Le reste de la proposition est à l’avenant : un président nordiste, commandant en chef de l’armée Nord ; un vice-président sudiste, qui contrôle l’armée Sud ; entre 25 et 38% des postes gouvernementaux réservés aux Sudistes, etc. D’où la violente colère de la délégation de Khartoum qui déclare que ce projet entérine la sécession du Sud.
Cette réaction aurait pu être comprise comme une gesticulation habituelle à mettre au crédit du président Omar El Bechir, si elle n’avait pas été suivie de prise de positions ambiguës de la part des deux principaux mentors des réunions de l’IGAD : les États-Unis et la Grande-Bretagne. Washington s’est empressé d’envoyer John Danforth en tournée au Caire, Khartoum et Nairobi. L’émissaire, qui est à l’origine du processus de paix actuel, a pris un soin très particulier à rassurer l’Égypte, la Ligue arabe et le gouvernement soudanais, en évoquant le «projet» d’accord de l’IGAD , gommant les mots de «référendum» et «autodétermination» pour le Sud, de son vocabulaire.
par Marion Urban
Article publié le 14/08/2003