Afrique du Sud
L’ANC, grand vainqueur
(Photo: AFP)
De notre correspondante à Johannesburg
«Dix ans dans la vie d’un pays c’est court, mais nous avons organisé des élections justes et libres, et les sud-africains peuvent en être fiers», a déclaré Pansy Tlakula, directrice de la commission électorale. Democratic Alliance (DA), consolide sa position de parti d’opposition avec 12,37% des voix, gagnant plus de trois points par rapport aux élections précédentes. Le président Thabo Mbeki, présent lors des résultats, s’est également félicité de la façon dont la campagne s’est déroulée. «Certains avaient manifesté des inquiétudes sur de possibles violences dans le Kwazulunatal, mais cela ne s’est pas produit», a-t-il déclaré, présentant tout de même ses condoléances aux familles «qui ont perdu un être cher du fait d’actes d’un petit groupe qui n’a pas compris que la violence n’était plus de mise», a-t-il déclaré après les résultats. Six personnes ont été tuées dans la région depuis le début de la campagne, mais la police a jusque là refusé de qualifier ces meurtres de politique.
Dans cette province, fief traditionnel du parti zoulou (IFP), l’ANC a remporté 38 sièges, contre 30 pour l’IFP, traditionnellement allié de DA (7 sièges).
Le gouvernement avait déployé plus de 20 000 policiers dans cette région pour éviter une répétition des violences qui ont fait 12 000 morts entre 1985 et 1995, mais aussi pour tenter de prendre la seule province qui lui échappait jusqu’alors. L’ANC devra certainement former une coalition dans le Kwazulunatal tout comme dans le Western Cape, où il remporte 19 sièges sur 42. Le parti au pouvoir avait déjà fêté sa victoire, un jour avant le résultat officiel, lors d’un grand rassemblement dans le quartier des affaires de Sandton, en banlieue de Johannesburg.
Le parti de l’apartheid est en voie de disparitionL’ancien parti de l’Apartheid, le NNP, était en revanche beaucoup moins à la fête, après avoir enregistré le score le plus faible de son histoire, soit 1,65% des voix. Une dégringolade vertigineuse, qui confirme le déclin du parti, symbole du nationalisme afrikaner, qui enregistrait plus de 20% des suffrages en 1994, et seulement 6,87% en 1999. «Le parti va sûrement disparaître après les prochaines élections», a estimé le commentateur politique, Adam Habib.
La surprise de ces élections est également venue du petit parti formé par Patricia De Lille, ancienne membre du Pan African Congress (PAC). Independent Democrats (ID) a ainsi remporté 1,73% des suffrages, soit sept sièges au parlement. La femme politique, sur qui personne n’aurait parié lors de la formation de son parti l’année dernière, a mené une campagne remarquée. Elle a notamment effectué un test VIH en public pour mobiliser l’attention sur l’épidémie qui touche plus de cinq millions de sud-africains.
La veille des résultats officiels, Thabo Mbeki a mis en garde les membres de son parti contre «une attitude arrogante» ces cinq prochaines années et appelé les élus à «répondre aux besoins de la population en améliorant leurs conditions de vie».
L’ANC qui va pouvoir disposer des deux-tiers de la majorité au parlement, ne rencontrera pas d’opposition sur son passage. Mais certains mettaient en garde le parti au pouvoir, comme cet éditorial du quotidien The Soweta, «les gens sentent une distance entre eux et leurs gouvernants, il faut y remédier de manière urgente».
«L'ANC a réussi à augmenter son score dans un contexte de hausse du chômage, une performance rarissime dans une démocratie moderne», signalait pour sa part le quotidien économique Business Day.
par Stéphanie Savariaud
Article publié le 18/04/2004 Dernière mise à jour le 18/04/2004 à 13:11 TU