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Constitution européenne

Tony Blair fait le pari du référendum

Tony Blair a choisi de soumettre au peuple britannique la nouvelle constitution européenne. 

		(Photo : AFP)
Tony Blair a choisi de soumettre au peuple britannique la nouvelle constitution européenne.
(Photo : AFP)
Le Premier ministre britannique a annoncé qu’il allait soumettre au référendum la future constitution européenne. Cette décision n’est pas sans risque sur le plan politique pour le leader du parti travailliste confronté à de prochaines échéances électorales. Elle met aussi en position délicate les gouvernements de l’Union européenne réticents face à cette procédure d’appel direct aux électeurs, dont la France.

On se saurait trouver chef de gouvernement plus européen que Tony Blair, ces derniers jours. Prenant lui-même la parole aux Communes, en lieu et place de son ministre des Affaires étrangères Jack Straw initialement prévu, afin de conférer plus de solennité aux propos, le Premier ministre britannique a annoncé qu’il soumettrait au referendum la future constitution européenne. Ce document peine pour l’instant à voir le jour et, après l’échec du sommet européen de décembre, les dirigeants de l’Union européenne tenteront d’en adopter la version définitive à la mi-juin. Déjà lundi 19 avril Tony Blair s’est félicité, lors de la réunion annuelle de la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) à Londres, de l’élargissement de l’Union européenne à huit pays d’Europe de l’Est qui sont également parmi les pays où intervient cette institution financière internationale.

Toutefois, la décision d’en appeler au peuple pour adopter la future loi fondamentale de la communauté constitue un revirement par rapport aux déclarations répétées des membres du gouvernement travailliste. En octobre encore Tony Blair affirmait qu’il n’y aurait pas de référendum «parce que la constitution ne change pas fondamentalement les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne».

Calendrier électoral

Cette nouvelle attitude à, semble-t-il, quelque chose à voir avec la situation politique intérieure de la Grande-Bretagne et le calendrier électoral britannique. Dans un premier temps, les Travaillistes privent ainsi les Conservateurs d’un de leurs principaux arguments de campagne pour les élections européennes du 10 juin: l’exigence d’un referendum. De plus, des élections législatives sont prévues d’ici à 2006 et elles pourraient même être avancées au printemps de 2005. Dans ces conditions le referendum sur la constitution européenne aurait lieu après ces échéances électorales et, selon le souhait de Tony Blair, une nouvelle victoire travailliste qui le mettrait dans une position plus favorable. Pour justifier le changement, Tony Blair, a déclaré vouloir mettre un terme aux «mythes» propagés par l’opposition sur la future constitution et éclairer l’électorat sur les vrais enjeux. Son porte-parole a affirmé que le Premier ministre n’avait absolument pas peur de ce débat.

Soumettre la loi fondamentale européenne aux suffrages est cependant un pari pour le Premier ministre. Traditionnellement eurosceptiques les Britanniques restent, selon les sondages, majoritairement disposés à voter contre la constitution européenne, si on leur pose la question. Un important travail de conviction de l’opinion publique devra donc avoir lieu d’ici là.

Exemplarité britannique

Mais le revirement britannique a également des effets ailleurs dans l’Union européenne. Des 25 pays qui seront membres de l’Union européenne au 1er mai prochain seul quatre, avec la Grande-Bretagne, ont opté pour un referendum sur la constitution. Une dizaine, dont l’Allemagne et l’Italie ont choisi la voie parlementaire et les autres ne se sont pas encore définitivement rangés à l’une ou l’autre forme de ratification. La commission européenne rappelle que les Etats sont parfaitement libres de décider, en vertu de leur propre constitution nationale.

En France, les socialistes ont enfourché l’exemple britannique pour demander l’organisation d’un referendum. D’autant plus, a souligné Pierre Moscovici, ancien ministre délégué aux Affaires européennes du gouvernement socialiste, que les referendums sont rarissimes en Grande-Bretagne et en France «plutôt la règle» dans des circonstances de cette importance. De fait, le précédent référendum Outre-Manche remonte à 1975, également sur un thème européen, et celui annoncé par Tony Blair ne serait que le deuxième au niveau national qu’ait connu la Grande-Bretagne. Pour les socialistes français ce serait un «déni de démocratie» que de ne pas solliciter les électeurs. Voilà donc un nouveau thème à l’ordre du jour du congrès du parti socialiste européen, vendredi et samedi prochains à Bruxelles, où le Premier ministre britannique est annoncé.



par Francine  Quentin

Article publié le 20/04/2004 Dernière mise à jour le 20/04/2004 à 13:22 TU

Audio

Béatrice LEVEILLE

Journaliste à RFI

«Il y aura un référendum, il l'a dit très clairement : les derniers mots reviendront au peuple. Il a expliqué que ce traité était très positif pour la Grande-Bretagne.»

[20/04/2004]

Stéphane Rozes

Directeur de CSA-opinion

«Ce qu'il y a d'inquiétant dans l'attitude des Français à l'égard de l'Europe, c'est qu'ils sont de plus en plus critiques.»

[20/04/2004]

Arnaud Miguet

Politologue, enseignant en sciences politiques à la London School of Economics

«Tony Blair veut reprendre le rôle qu'il s'était assigné avant la crise irakienne, celui de porte-drapeau d'une génération pro-européenne.»

[21/04/2004]

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