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Macédoine

Branko Crvenkovski gagne la présidentielle

Dès l'annonce des premiers résultats partiels, mercredi soir, les militants de l’Alliance social-démocrate de Macédoine ont commencé à fêter la victoire de Branko Crvenkovski dans les rues de la capitale Skopje. 

		(Photo : AFP)
Dès l'annonce des premiers résultats partiels, mercredi soir, les militants de l’Alliance social-démocrate de Macédoine ont commencé à fêter la victoire de Branko Crvenkovski dans les rues de la capitale Skopje.
(Photo : AFP)
Le Premier ministre social-démocrate Branko Crvenkovski a remporté le second tour du scrutin, avec 62,66% des suffrages exprimés, contre 37,34% à son adversaire Sasko Kedev. La participation a été suffisante pour éviter une invalidation du scrutin.
De notre correspondant dans les Balkans

Sitôt les premiers résultats partiels connus, mercredi soir, les militants de l’Alliance social-démocrate de Macédoine ont commencé à fêter la victoire dans les rues de la capitale Skopje. La commission électorale a confirmé dans la nuit la victoire sans appel de Branko Crvenkovski.

Sasko Kedev, un nouveau venu sur la scène politique, candidat malheureux du VMRO-DPMNE (droite nationaliste), a cependant dénoncé des fraudes «massives». Il a annoncé que son parti allait présenter «des preuves solides sur la fraude électorale», ajoutant: «le jeu n'est pas terminé, nous ne reconnaîtrons pas le président autoproclamé de Macédoine».

Sasko Kedev a indiqué que son parti avait eu des contacts avec des «parlementaires européens et des membres du Congrès américain», qu'il a informé des irrégularités qui auraient entaché le scrutin. Le VMRO-DPMNE n'avait cependant pas encore officiellement déposé une plainte auprès de la commission électorale jeudi matin, mais il a annoncé son intention de le faire dans le délai de 48 heures prévu par la loi.

Les soupçons tournent surtout autour du taux de participation, supérieur à ce que les sondages laissaient prévoir. Une participation d’au moins 50% des inscrits était en effet requise pour valider le scrutin. Il est vrai cependant que l’Union démocratique pour l’intégration (BDI), le partenaire albanais de la coalition gouvernementale dirigée par le SDSM, avait appelé à voter en faveur de Branko Crvenkovski. Au premier tour, le candidat du BDI avait obtenu 14% des voix, soit les deux tiers des suffrages de la communauté albanaise.

L’OSCE et l’Union européenne avaient également appelé les électeurs macédoniens, en soulignant qu’une éventuelle invalidation du scrutin retarderait les réformes, et plongerait le pays dans une nouvelle phase d’instabilité. La Macédoine a déposé le mois dernier sa candidature européenne, et espère également rejoindre prochainement l’OTAN. Branko Crvenkovski avait axé sa campagne sur la poursuite des réformes, la mise en œuvre des accords de paix d’Ohrid et l’intégration euro-atlantique du pays.

Le spectre de la guerre civile s’est éloigné

Âgé de seulement 39 ans, Branko Crvenkovski fait déjà figure de vieux routier de la politique macédonienne. Jeune militant du Parti communiste, il devient un cadre de l’Alliance sociale-démocrate de Macédoine (SDSM), qui succède à l’ancien parti unique dès l’indépendance de la république. Protégé du président Kiro Gligorov, le «vieux renard» qui a su négocier une indépendance pacifique pour son pays, Branko Crvenkovski est déjà Premier ministre dans les années 1990.

La victoire du VMRO-DPMNE aux élections législatives de 1998 suivie, en 1999, de l’élection de Boris Trajkovski à la présidence de la République, soumet le SDSM à une longue cure d’opposition. Branko Crvenkovski profite de la période pour mettre au pas ses rivaux internes au sein du parti, notamment le candidat malheureux du SDSM aux présidentielles de 1999, Tito Petkovski, figure de proue de l’aile conservatrice du parti.

Le conflit de 2001 va précipiter la chute du VMRO-DPMNE, sont les cadres sont accusés d’incompétence et de corruption massive. Le SDSM triomphe aux élections législatives de septembre 2002. Devenu Premier ministre, Branko Crvenkovski se veut le champion de la réconciliation nationale et de la mise en œuvre des accords de paix d’Ohrid.

Le spectre de la guerre civile semble effectivement s’être éloigné de la Macédoine, mais le pays doit s’attaquer à d’autres chantiers urgents, comme celui du développement économique: officiellement, un tiers de la population active est au chômage, et près d’un Macédonien sur deux vit en situation de pauvreté.

La victoire de Branko Crvenkovski est un encouragement pour le SDSM, même si le pays pourrait connaître à court terme un certain flottement. Le Premier ministre n’avait pas désigné officiellement de dauphin pour lui succéder à la tête du gouvernement en cas de victoire à la présidentielle.



par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 29/04/2004 Dernière mise à jour le 29/04/2004 à 09:44 TU