Archéologie
Découverte d'une importante cité maya
(Photo : AFP)
C’est la revue américaine National geographic qui a financé les fouilles de l’équipe d’archéologues sur le site de Cival, nom donné à une ville qui s’avère aussi ancienne qu’importante. Lors d’une conférence de presse, l’archéologue de l’université Vanderbilt à Nashville (Tennessee sud) a expliqué que «Cival était l’une des plus grandes villes maya pré-classique, comptant peut-être 10 000 personnes à son apogée (…). Le peuple Maya, rappelons-le, a pratiqué l’astronomie, les mathématiques et a inventé l’écriture la plus développée du contient américain et «la disposition des bâtiments de Cival servait à mesurer le temps (…) la ville avait une fonction astronomique; l’axe central des principaux édifices et de la place était orienté au lever du soleil à l’équinoxe».
Le nord du Guatemala a été entre le IVe et le Xe siècle après J.-C., le siège de la brillante civilisation des Mayas, dont il reste dans la jungle du Petén des ruines grandioses. Tout récemment, ce sont deux masques anthropomorphiques, faits de stuc sculpté, monumentaux (mesurant près de 5 mètres par 3), ainsi que des objets de jade servant à des rituels, qui constituent la découverte la plus spectaculaire; ils ont été mis au jour sur la place centrale de cette ville appelée Cival, «révélant une civilisation beaucoup plus sophistiquée qu’on ne le pensait», a relaté le chercheur.
Les objets ont été découverts par hasard, dans une faille à l’intérieur d’un tunnel creusé par des pillards. «L’état de conservation du masque est étonnant, comme s’il avait été fabriqué hier»; et d’après la disposition des lieux, tout laisse à penser que d’autres masques pourraient être encore découverts: l’archéologue pense que, très probablement, «quatre masques flanquaient l’escalier de la pyramide menant à la chambre, servant de toile de fond pour un rituel lors duquel le roi maya représentait les dieux de la création».
Cival, une des plus grandes cités de l’époque pré-classique
Dans l’est de la ville de Cival, les chercheurs ont découvert une stèle, datant de 300 avant J.-C. et comportant des inscriptions. C’est la plus ancienne stèle dégagée dans la région. Le degré de sophistication apparent de la ville indique que les Mayas de la période pré-classique (de 2000 avant J.-C. à l’an 250 de notre ère) disposaient d’une culture similaire à celle de la période des Mayas classiques, laquelle dura jusqu’en 900 avant d’amorcer son déclin. Bien que bâties, semblait-il, pour défier le temps avec leurs grandes pyramides, leurs immenses palais princiers, et leurs larges esplanades, ces véritables ‘cités Etat’ se sont arrêtées de vivre au Xe siècle.
D’après des équipes de scientifiques, la civilisation maya aurait été victime d’un réchauffement climatique. L’hypothèse serait confirmée par l’analyse des sédiments marins au large de la côte du Venezuela, une région bénéficiant d’un climat identique à celui de l’ancien pays maya. Gerald Haug, paléoclimatologue de l’Institut fédéral de technologie de Zurich, explique en effet dans le magazine Sciences de mars 2003 comment l’examen minutieux d’une carotte sédimentaire couvrant cinq cent mille ans lui a permis de détecter trois vagues successives de sécheresse intense, en 810, 860 et 910, trois dates correspondant parfaitement avec l’agonie maya.
Mais Cival est bien plus ancienne. Elle date de la période pré-classique et, d’après les investigations des chercheurs, la cité-Etat «a été abandonnée après une attaque violente, probablement effectuée par une puissance supérieure, comme Tikal», sa consoeur. Avant d’être abandonnée, les archéologues pensent que «cette ville aurait pu dépasser en puissance la cité voisine de Holmul, qui prit tout son poids un millier d’années plus tard» (durant la période maya classique).
Les recherches se poursuivent. Des mesures par satellite ont aidé l’équipe à identifier des sites archéologiques possibles autour de Cival. Cinq pyramides y ont été localisées, dont la plus grande est haute de 30 mètres. Ils ont déterminé que le centre de cérémonie de cette cité s’étendait sur 800 mètres, soit deux fois plus qu’on ne le pensait jusqu’à présent.par Dominique Raizon
Article publié le 05/05/2004 Dernière mise à jour le 05/05/2004 à 14:48 TU