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Mozambique

Chissano à Paris

Le président du Mozambique, Joaquim Chissano est en visite en France. 

		(Photo: AFP)
Le président du Mozambique, Joaquim Chissano est en visite en France.
(Photo: AFP)
Premier et peut-être dernier voyage en France du président Joaquim Chissano qui est en visite officielle de deux jours à Paris. De retour de Lisbonne, l’escale parisienne est aussi un clin d’oeil à la bonne tenue des relations politiques et économiques avec l’Europe. Le chef de l’Etat mozambicain fait, peut-être aussi là, son dernier voyage en Europe en tant que président du Mozambique.

Le président Joaquim Chissano en visite officielle à Paris a été reçu par le président de l’Assemblée nationale française, Jean-Louis Debré. Après ce premier entretien en fin de matinée, le 6 mai, le chef de l’Etat mozambicain a également prévu un entretien avec les responsables du Medef, le patronat français. En effet, les hommes d’affaires et industriels français souhaitent accroître leur coopération avec Maputo parce que, «pays en développement stable, le Mozambique a aujourd’hui atteint un stade avancé de sa transition vers une économie ouverte. Les réformes et privatisations ont été menées à bien au cours de la dernière décennie», fait remarquer le Medef.

La visite du président mozambicain se poursuivra par un dîner offert par le président de la République française, Jacques Chirac. Selon un parte-parole du ministère français des Affaires étrangères «la France souhaite rende un hommage particulier au dirigeant politique qui a su, en mettant fin à une guerre civile de quinze ans, orienter son pays sur la voie de la démocratie et de la croissance économique». Venant de Lisbonne, la tournée européenne duprésident Joaquim Chissano sera clôturée par une réception offerte en son honneur au siège de l’Unesco à Paris. Président en exercice de l’Union africaine, il y tiendra une conférence de presse sur le thème: «la paix et le développement en Afrique»

Chissano gratifié d’une bonne gouvernance

Joaquim Chissano est le deuxième président du Mozambique. Il a accédé au pouvoir après la disparition de Samara Machel dans un accident d’avion en 1986. Ancien combattant de la guerre de libération, il est devenu aussi le président du Front de libération du Mozambique (Frelimo) qui avait arraché son indépendance au Portugal, au terme d’une armée de 15 ans. Mais prise du pouvoir par le Frelimo a été contestée par un autre mouvement de rébellion, la Résistance nationale du Mozambique (Renamo). Après seize années de guerre civile, il obtient en 1992 la fin de la guerre avec la Renamo qui a tout de même fait un million de morts.

Après l’ouverture au multipartisme, les premières élections libres de l’histoire du pays, le confirment à la tête du Mozambique en 1994. Réélu en 1999 pour un nouveau quinquennat, le président Chissano a annoncé que c’est bien là son dernier mandat comme prévu par la constitution. A 65 ans, il compte passer la main à un successeur désigné, Armando Guebuza, âgé de 59 ans, actuel secrétaire général du parti et président du groupe parlementaire du Frelimo à l’assemblée nationale mozambicaine. Mais il entretient le suspens en déclarant récemment qu’il recevait «beaucoup de pressions» dans son propre camp où on le pousse à rester au pouvoir.

Mais à côté des turpitudes politiques, le Mozambique est confronté, par ailleurs, à de grandes difficultés économiques qui justifient en partie cette visite européenne du président Chissano. La cession du barrage hydroélectrique de Cahora Bassa, dans le centre du Mozambique, contrôlé à 82% par le Portugal qui a accepté le principe de la renégociation du contrat de partenariat, n’a pas abouti. Mais la visite du président Chissano n’a pas fait avancer non plus les négociations. Le barrage construit dans les années 60 et 70, lorsque le Mozambique était encore une colonie portugaise n’a pas connu une évolution de son statut. De nouvelles rencontres sont prévues dans les mois à venir au niveau des techniciens et ministres en charge des secteurs économiques et industriels. Le gouvernement portugais ne veut pas supporter le passif du groupe qui gère le barrage, d’autant qu’il s’est endetté auprès de l’Etat portugais d’environ 1,9 millions d’euros.

Enfin, le détour de Paris est un signe de remerciement à l’endroit du Club de Paris (groupe de bailleurs de fonds) et du G8 (les pays les plus industrialisés) qui ont consenti à une annulation de la dette du Mozambique suite aux dramatiques inondations qui ont fait en février et en mars 2000, plus de 700 morts et 1 milliard de dollars de dégâts. Au titre de l’initiative Pays pauvres très endetté (PPTE) plusieurs aides aux conditions préférentielles ont été consenties au Mozambique qui a vu ses dettes tombées de 5,7 milliards de dollars à 750 millions de dollars.

A travers les programmes d’assistance technique 32 entreprises françaises sont présentes sur le terrain, dont Alcatel, leader du marché des Télécom., BNP (Banque nationale de Paris), le groupe Bolloré, Bouygues pour la construction d’autoroute, Pechiney dans la fonderie d’aluminium. Le renforcement des activités économiques accompagne aussi les programmes de l’Union européenne qui subordonne certaines coopérations financières au dialogue politique interne et aux avancées démocratiques, selon les accords ACP/UE de Cotonou. Le Mozambique est bien noté par l’Europe.



par Didier  Samson

Article publié le 06/05/2004 Dernière mise à jour le 06/05/2004 à 16:15 TU