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«Signes encourageants» de reprise des négociations

Le directeur général de l’OMC a lancé un appel à la reprise des négociations, en panne depuis l’échec du sommet de Cancun en 2003. Lors de la réunion de l’OCDE qui vient de s’achever à Paris des «signes encourageants» ont été enregistrés.

Les négociations à l’OMC dans le cadre du cycle de Doha, initié en 2001, sont au point mort depuis l’échec du sommet de Cancun, en septembre dernier. Or, le calendrier prévoyait l’aboutissement de nouveaux accords de libéralisation du commerce international à la fin 2004. Le temps presse et le directeur général de l’organisation, le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi, a invité les participants à la réunion de l’OCDE qui s’est tenue les 13 et 14 mai à Paris à se prononcer avec détermination pour la reprise des discussions et la conclusion d’accords-cadres d’ici la fin juillet. A l’issue de la réunion, le président en exercice, le Mexicain Luis Ernesto Derbez, a pu annoncer que des «signes encourageants» avaient été enregistrés notamment sur l’agriculture et le commissaire européen Pascal Lamy est allé jusqu’à prédire qu’un accord sur 50% de l’agenda de Doha est possible d’ici le mois de juillet.

Les 30 pays industrialisés membres de l’OCDE ont mis à l’ordre du jour de leur réunion la redynamisation des négociations en cours dans le cadre du programme de Doha pour le développement. Afin d’y parvenir ils ont convié à un mini-sommet des représentants de pays qui n’appartiennent pas à l’OCDE mais totalement incontournables à l’OMC, tels les grands pays émergents, Argentine, Brésil, Chine, Inde, Singapour et Afrique du sud, ou qui représentent ces pays pauvres dont la capacité à bloquer la machine est devenue patente à Cancun, comme le Bangladesh, le Botswana ou l’Indonésie.

Le premier pas

Dans le document final diffusé par l’OCDE les ministres se disent résolus à «tirer profit des enseignements de la conférence de Cancun». Ils reconnaissent que «la clé de nouvelles avancées réside dans la réforme agricole» et que seule une évolution sur ce thème «permettra de réaliser des progrès sur d’autres questions». Enfin, ils soulignent que «les préoccupations des pays les plus pauvres doivent être prises en considération».

Le directeur général de l’OMC ne s’illusionne cependant pas, «la fenêtre d’opportunité jusqu’en juillet est toujours ouverte mais elle est très étroite et se referme rapidement». Le renouvellement de la commission européenne en octobre et les élections américaines en novembre laissent peu de temps pour aboutir.

Surtout que pour revenir à la table de négociations chacun des grands blocs en présence attend que l’autre fasse le premier pas: Etats-Unis, Union européenne, G20 (groupe des pays émergents). Le dossier agricole étant de loin le plus chaud, l’Union européenne, par la voix de son commissaire au commerce Pascal Lamy a fait une tentative d’ouverture en proposant l’abandon des subventions agricoles à l’exportation, qu’elle distribue à hauteur de 3 milliards d’euros par an. Cette initiative, bien accueillie par les Etats-unis et le G20, ne fait cependant l’unanimité au sein des Vingt-Cinq. La France première puissance agricole européenne estime qu’il n’y a pas urgence à conclure et que des concessions parallèles doivent être obtenues de la part des États-Unis et des pays émergents.

Alliances à géométrie variable

Robert Zoellick, le négociateur américain au commerce est prêt à concéder la réduction des crédits aux exportations agricoles et à modifier le régime d’aide alimentaire qui pèse sur les cours mondiaux. En revanche les États-Unis voient d’un oeil critique la proposition de l'Union européenne que les pays du G90, les plus pauvres de la planète, bénéficient de l'ouverture des marchés des pays développés et émergents sans réciprocité et soient exonérés de nouvelles obligations de libéralisation. En revanche, en accord cette fois avec les Européens, les Etats-Unis souhaitent que les pays du G20 fassent des avancées dans le sens de la réduction de leurs droits de douane sur les produits industriels importés.

De leur côté les pays émergents rejettent la faute de la paralysie de l’OMC sur «les pays riches qui ne veulent pas réduire leurs subventions agricoles» en dépit des «quelques signes positifs» émis ces derniers jours. «Nous ne sommes pas protectionnistes dans ces domaines, ce sont eux qui le sont» a déclaré le ministre argentin du commerce international Rafael Bielsa. Le G20 n’est pas d’accord du tout avec la proposition de compromis de l’Union européenne et des Etats-Unis sur la réduction des droits de douane estimant que cela «fait peser l’ensemble des efforts sur les pays en développement tout en préservant les pics de droits de douane utilisés par les pays développés».

Dans ce jeu des alliances à géométrie variable, en fonction des sujets abordés, il faudra aussi compter avec la majorité de moins en moins silencieuse à l’OMC, constituée des pays les plus pauvres de la planète, dont les intérêts divergent à la fois de ceux des pays développés et de ceux des grands pays émergents.



par Francine  Quentin

Article publié le 14/05/2004 Dernière mise à jour le 14/05/2004 à 13:42 TU