L’Inde et le Brésil, deux géants, et la même ambition
Any Bourrier
(Photo: RFI)
L’Inde et le Brésil ont beaucoup de points en commun : ce sont les deux plus grands pays tropicaux du monde par leur territoire et leur population. Ils ont le même climat et la même biodiversité. Ils affichent ce terrible contraste entre une pauvreté extrême et une richesse provocante. Leur culture a également une certaine ressemblance : elles sont, dans les deux cas, riches, ouvertes et foisonnantes.
Dans le domaine politique, ces géants manifestent une volonté d’affirmation de l’identité nationale et, surtout, l’ambition de devenir les leaders d’un dialogue Sud-Sud, car ils se croient les seuls pays émergeants capables de défier la puissance et l’hégémonie des pays du Nord.
Ce n’est pas un hasard si les fondateurs du Forum social mondial ont accepté qu’il se tienne à Bombay cette année. Les liens entre l’Inde et le Brésil sont anciens et historiques : en avril 1500, le navigateur portugais Pedro Alvares Cabral, cherchant la voie maritime qui le conduirait en Inde, s’est perdu au milieu de l’océan Atlantique et a ainsi découvert le Brésil.
Aujourd’hui, l’Inde et le Brésil découvrent de nouvelles affinités. Sur la scène internationale, ils ont décidé de s’unir pour faire face aux défis de la mondialisation et du nouvel ordre mondial caractérisé par l’hyper-puissance américaine. Depuis le cycle de négociations commerciales multilatérales lancé par l’Organisation mondiale du commerce à Doha en 2001, les deux pays ont toujours été d’accord sur un certain nombre de questions, comme l’agriculture, les tarifs douaniers, les investissements. Et à la conférence ministérielle de Cancun, en septembre 2003, ils ont pris la tête du groupe G 21, réunissant des pays du Sud, pour former un front du refus qui a mis les «grands» en échec, notamment sur le dossier des subventions agricoles. L’échec de Cancun a été perçu comme une victoire politique de ces deux puissances. Elles ont clairement dit non à la logique d’une OMC influencée par les groupes de pression des multinationales qui voulaient les entraîner vers plus de libéralisme.
Ce rapprochement sur la scène internationale a donné une nouvelle impulsion aux relations bilatérales. Pour preuve, le choix de l’Inde pour le premier déplacement officiel en Asie du président Lula. Il y sera question de transfert de technologies, bien sur, puisque l’Inde est à la pointe du progrès dans ce domaine. Mais le thème qui dominera cette visite sera sans doute la candidature des deux géants à un siège de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
par Any
Bourrier
[16/01/2004]