Organisations internationales
BIT : Conjuguer l’économique et le social
(Photo : DR)
«La croissance économique est essentielle mais n’est pas suffisante pour assurer l’équité, le progrès social et l’éradication de la pauvreté», affirme l’Organisation internationale du travail, institution spécialisée du système des Nations unies qui rassemble 177 Etats. C’est aussi ce que rappelle le Bureau international du travail, secrétariat permanent de l’OIT, dans son rapport pour 2004: le respect de la liberté d’association et du droit à la négociation collective contribue au développement économique « en assurant le partage des fruits de la croisance, en favorisant la productivité, les mesures d’ajustement et la paix sociale». En dépit des politiques libérales de l’emploi et de la déréglementation du marché du travail, préconisées au niveau international, le rapport soutient que les droits des travailleurs améliorent la performance du commerce et «n’ont pas les effets négatifs souvent prédits par les théoriciens économistes».
Toutefois le respect des droits fondamentaux de l’Homme au travail ne progresse que lentement. Si le BIT se félicite des améliorations, il souligne aussi que partout dans le monde on paye encore de sa vie ou de sa liberté le fait d’avoir tenté de créer des organisations syndicales et d’avoir essayé de faire valoir ses droits. L’idée selon laquelle progrès social et économique ne s’opposent pas, bien au contraire, ferait-elle son chemin? Le nombre des pays qui ont ratifié les deux principales conventions sur la liberté syndicale et le droit de négociation collective augmente. A ce jour, 142 pays sur 177 ont ratifié la convention sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et 154 pays ont ratifié celle portant sur le droit d’organisation et de négociation collective.
Ni la Chine, ni les Etats-Unis
A y regarder de plus, cependant, près la moitié des travailleurs dans le monde ne sont pas couverts par ces conventions car le Brésil, la Chine, l’Inde, le Mexique et les Etats-Unis ne les ont pas ratifiées, ou pas toutes. Par ailleurs la ratification d’une convention internationale n’est pas une garantie totale, si les droits qu’elle implique ne sont pas, dans la pratique, susceptibles d’être exercés. Parmi les pays qui violent de manière «persistante et sérieuse» leurs engagements internationaux, l’OIT relève la Colombie, le Venezuela et le Bélarus.
Il existe aussi des catégories de travailleurs dont la protection est particulièrement difficile à assurer. Ce sont les agents de la fonction publique et les employés du secteur public qui sont souvent soumis à des restrictions des droits consentis aux autres travailleurs. Les travailleurs de l’agriculture sont dans bien des pays exclus des droits sociaux en raison de leur nombre, du manque d’organisation et de la multiplicité de leurs statuts. Les salariés des zones franches d’exportations, ces zones industrielles disposant d’avantages spéciaux pour attirer les investisseurs étrangers, rencontrent des obstacles pour y faire appliquer la loi. Ils sont pourtant de plus en plus nombreux. On comptait 79 de ces zones en 1975, elles sont aujourd’hui 3 000 dans 116 pays. Fin 2002,elles employaient 43 millions de personnes dans le monde dont 30 millions en Chine. Plus traditionnellement les salariés domestiques et les travailleurs du secteur informel sont empêchés de s’organiser pour défendre leurs droits.
par Francine Quentin
Article publié le 20/05/2004 Dernière mise à jour le 20/05/2004 à 12:14 TU