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Société

Travail des femmes : encore du boulot !

La Journée internationale des femmes, le 8 mars, est l’occasion de souligner, comme le fait cette année le Bureau international du travail, que l’emploi féminin représente désormais 40% de la main d’œuvre mondiale. Mais les femmes continuent de percevoir des salaires inférieurs, occupent davantage les postes subalternes et sont généralement plus touchées par le chômage.
En 2003, 1,1 milliard de femmes étaient au travail sur les 2,8 milliards de travailleurs dans le monde. C’est 200 millions de femmes de plus en dix ans. La proportion de femmes augmente d’année en année, et atteint désormais 40% de la main d’œuvre mondiale, salariés et demandeurs d’emplois. Dans les pays à économie en transition et en Asie orientale, l’écart est presque refermé et on compte plus de 80 femmes au travail pour 100 hommes. A l’inverse le Moyen-orient, l’Afrique du Nord et l’Asie du Sud ferment la marche avec seulement 40 femmes pour 100 hommes sur le marché du travail.

L’inégalité concerne les femmes qu’elles aient ou non un emploi. En effet le chômage les touche davantage que les hommes, sauf en Extrême-Orient et en Afrique subsaharienne. Dans le monde, près de 78 millions de femmes désirent travailler mais ne trouvent pas d’emploi. Chez les jeunes, pour lesquels l’accès au travail est plus malaisé, c’est encore les jeunes femmes et jeunes filles qui rencontrent le plus de difficultés. Entre 15 et 24 ans, elles sont près de 36 millions à être contraintes au chômage.

Or, dans les pays en développement, plus encore que dans les pays industrialisés, travailler ne relève pas d’un choix pour les femmes. Le BIT rappelle que, dans ces pays «les femmes ne peuvent tout simplement pas se permettre de ne pas travailler». Elles sont donc amenées à accepter n’importe quel emploi, souvent dans le secteur informel, sans avantages sociaux faiblement rémunérés et particulièrement précaires. Les femmes représentent au total 60% des 550 millions de travailleurs pauvres qui, bien qu’occupant un emploi, ne parviennent pas au seuil de revenu de un dollar par jour.

Mieux loties que les chômeuses ou les femmes qui travaillent dans l’informel, les salariées ne sont pas pour autant les égales de leurs collègues de travail. Elles obtiennent en général un salaire inférieur à celui des hommes, à fonction et qualification équivalentes. La raison avancée d’une moindre ancienneté des femmes dans les entreprises et d’une formation inférieure ne tient plus quand on sait que, même dans les emplois typiquement féminins ou jugés tels, comme l’éducation ou la santé, les hommes parviennent à gagner davantage que les femmes.

Le «plafond de verre»

Le principe «à travail égal, salaire égal» demeure donc peu respecté, partout dans le monde. Mais que dire alors de la promotion des femmes tout au long de leur carrière professionnelle. C’est ce que l’on appelle le «plafond de verre», celui auquel les femmes se heurtent sans qu’aucune règle claire ne semble interdire leur ascension dans la hiérarchie. Et, de ce point de vue, leur progression est, selon le BIT, «lente, irrégulière et parfois décourageante». Si l’on excepte, bien sûr «une poignée de femmes qui font les gros titres ici ou là quand elles arrivent à percer». Les femmes cadres sont sous-représentées par rapport à la place qu’elles occupent dans le monde du travail, de l’ordre de 20% à 40%. Pour s’en persuader il suffit de voir la proportion de femmes dans les parlements nationaux, en hausse modeste de 13% à 15% entre 1999 et 2003.

Afin de mieux comprendre les raisons de la médiocre place des femmes dans les entreprises, notamment dans les pays en développement, deux chercheurs, Saliha Doumbia et Dominique Meurs, se sont livrés à une enquête au Mali pour le compte du BIT. Il en ressort que le passage, pour les femmes, d’un emploi du secteur informel, comme l’agriculture, le travail domestique ou le commerce de proximité, à une activité salariée du secteur moderne implique des changements importants. Cela impose notamment une stricte séparation entre vie professionnelle et tâches domestiques. Plus question, dans une entreprise du secteur moderne, de travailler tout en surveillant les enfants, ou de subordonner le respect des horaires à des obligations domestiques et familiales. Cette modification de l’organisation des tâches a des conséquences pour toute la famille qui, dans bien des cas, ralentissent l’accès des femmes à l’économie productive moderne.



par Francine  Quentin

Article publié le 08/03/2004

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