Société
Halloween : quand les citrouilles remplacent les saints
Entre la «fête de tous les saints» et Halloween, la course poursuite est engagée. Depuis quelques années, les citrouilles envahissent les vitrines des magasins français au mois d’octobre. Au grand dam des défenseurs de la tradition catholique de la Toussaint.
Près de trente pour cent des Français sont entrés dans le moule et choisissent de fêter Halloween. Déguisements et amusements sur le thème des sorcières, des squelettes et des citrouilles sont donc à l’ordre du jour pour tous les gais-lurons qui s’adonnent ainsi à la plus anglo-saxonne des fêtes de l’automne. Mais qui dit fête dit aussi commerce. Car Halloween est l’occasion rêvée de rentabiliser une gamme extrêmement large de produits dérivés destinés aux plus jeunes. Du chapeau de sorcière à la citrouille lumineuse voire sonore, en passant par les bonbons oranges et noirs ou les masques qui font peur, tout est prévu pour que papa-maman apportent leur obole.
Sept pour cent des Français dépensent ainsi entre 15 et 30 euros pour célébrer Halloween et dix pour cent investissent jusqu’à 15 euros. Le marché de la fête à la citrouille représentait déjà 61 millions d’euros dans l’Hexagone, en 1999, soit une nette augmentation par rapport à l’année précédente (38 millions). Et depuis, il ne cesse de progresser. Bien sûr, cela n’a rien à voir avec le chiffre d’affaires réalisé aux Etats-Unis. Avec trois milliards de dollars, les Américains sont les leaders incontestés de cette fête à l’occasion de laquelle les enfants ont, depuis longtemps, l’habitude de se déguiser et d’aller sonner aux portes pour demander des bonbons en faisant mine d’effrayer leurs interlocuteurs.
«Holy wins» contre Halloween
En France, le phénomène n’est tout de même pas de nature et d’ampleur comparables. Halloween est une fête de plus, mais arrive loin derrière (en huitième position) les grands classiques : Noël, évidemment, mais aussi Pâques ou la fête des mères. Pourtant, en moins de dix ans, elle a réussi à entrer dans les mœurs et à séduire une partie de la population malgré l’absence de référence culturelle dans un pays habitué à fêter, à cette époque de l’année, tous les saints du calendrier. Car Halloween est un très ancien rituel d’origine celtique, qui marquait la fin des récoltes et au cours duquel on célébrait le dieu de la mort. Les citrouilles avaient pour fonction de chasser les esprits malins.
La déferlante des sorcières et des squelettes marque-t-elle un pas de plus vers la fin de l’exception culturelle française et la progression inexorable du rouleau compresseur du mode de vie américain ? Ou est-ce une victoire des rites païens sur la tradition catholique en des temps de crise du religieux ? La célébration d’Halloween n’est peut-être pas significative de changements aussi profonds de la société française. Il s’agit avant tout d’un phénomène commercial, qui permet de relancer l’activité à une époque assez creuse de l’année, située entre la rentrée des classes et Noël.
Malgré tout, entre les adeptes de cette fête, tout droit débarquée d’outre-Atlantique, et les défenseurs de la Toussaint, qui se sentent de plus en plus relégués au rang de laissés-pour-compte, l’épreuve de force est engagée. L’opération «Holy wins» ou «saint gagne», lancée par l’Eglise catholique de Paris, a pour objectif de rendre à la fête des saints (31 octobre) et à celle des morts (1er novembre) qui lui succède, un caractère populaire. De nombreuses animations «festives» sont ainsi prévues dans les églises et alentour pour inviter les gens à la prière. Avec le soutien de certains boulangers pieux qui, dans plusieurs villes (Paris, Dijon, Laval, Angers), ont décidé de fabriquer des «gâteaux de la Toussaint». Œil pour œil, gâteaux contre citrouilles.
Sept pour cent des Français dépensent ainsi entre 15 et 30 euros pour célébrer Halloween et dix pour cent investissent jusqu’à 15 euros. Le marché de la fête à la citrouille représentait déjà 61 millions d’euros dans l’Hexagone, en 1999, soit une nette augmentation par rapport à l’année précédente (38 millions). Et depuis, il ne cesse de progresser. Bien sûr, cela n’a rien à voir avec le chiffre d’affaires réalisé aux Etats-Unis. Avec trois milliards de dollars, les Américains sont les leaders incontestés de cette fête à l’occasion de laquelle les enfants ont, depuis longtemps, l’habitude de se déguiser et d’aller sonner aux portes pour demander des bonbons en faisant mine d’effrayer leurs interlocuteurs.
«Holy wins» contre Halloween
En France, le phénomène n’est tout de même pas de nature et d’ampleur comparables. Halloween est une fête de plus, mais arrive loin derrière (en huitième position) les grands classiques : Noël, évidemment, mais aussi Pâques ou la fête des mères. Pourtant, en moins de dix ans, elle a réussi à entrer dans les mœurs et à séduire une partie de la population malgré l’absence de référence culturelle dans un pays habitué à fêter, à cette époque de l’année, tous les saints du calendrier. Car Halloween est un très ancien rituel d’origine celtique, qui marquait la fin des récoltes et au cours duquel on célébrait le dieu de la mort. Les citrouilles avaient pour fonction de chasser les esprits malins.
La déferlante des sorcières et des squelettes marque-t-elle un pas de plus vers la fin de l’exception culturelle française et la progression inexorable du rouleau compresseur du mode de vie américain ? Ou est-ce une victoire des rites païens sur la tradition catholique en des temps de crise du religieux ? La célébration d’Halloween n’est peut-être pas significative de changements aussi profonds de la société française. Il s’agit avant tout d’un phénomène commercial, qui permet de relancer l’activité à une époque assez creuse de l’année, située entre la rentrée des classes et Noël.
Malgré tout, entre les adeptes de cette fête, tout droit débarquée d’outre-Atlantique, et les défenseurs de la Toussaint, qui se sentent de plus en plus relégués au rang de laissés-pour-compte, l’épreuve de force est engagée. L’opération «Holy wins» ou «saint gagne», lancée par l’Eglise catholique de Paris, a pour objectif de rendre à la fête des saints (31 octobre) et à celle des morts (1er novembre) qui lui succède, un caractère populaire. De nombreuses animations «festives» sont ainsi prévues dans les églises et alentour pour inviter les gens à la prière. Avec le soutien de certains boulangers pieux qui, dans plusieurs villes (Paris, Dijon, Laval, Angers), ont décidé de fabriquer des «gâteaux de la Toussaint». Œil pour œil, gâteaux contre citrouilles.
par Valérie Gas
Article publié le 31/10/2002