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Société

Plus d’un million de Français expatriés

Au cours des dix dernières années les Français ont repris goût à l’expatriation, temporaire ou durable. Ils sont de plus en plus nombreux à s’installer en Europe occidentale et en Amérique du Nord, parfois définitivement et en prenant la double nationalité. En revanche, le retrait d’Afrique du Nord et francophone se confirme.
En 1984, plus de 900 000 Français étaient immatriculés à l‘étranger auprès de leur consulat. En 1991, ils n’étaient plus que 820 000, avant de reprendre le chemin de l’étranger au cours de la dernière décennie. En 2002 on comptait plus d’un million de Français dûment enregistrés, ce qui, selon l’Institut national de la statistique (Insee) permet d’estimer leur nombre réel entre 1,5 et 2 millions. En effet tous les Français qui quittent pour quelques mois, quelques années ou pour toujours le sol national ne prennent pas la peine de l’officialiser. D’ailleurs, plus la situation économique et politique du pays est satisfaisante, moins les enregistrements auprès des consulats sont nombreux car les Français s’y débrouillent aisément tout seuls sans le secours de leur administration.

Néanmoins, la première étude de l’Insee sur les Français expatriés exploitant près de 20 ans d’informations disponibles fait état d’une population française en forte hausse à l’étranger. La situation est toutefois extrêmement variée entre les Français détachés dans un pays par leur entreprise pour une brève période d’implantation économique, et ceux qui font souche à l’étranger, obtiennent la double nationalité, contractent un mariage mixte et dont les enfants, à la deuxième génération disparaissent bien souvent des statistiques consulaires.

Entre 1991 et 2002 les Français se sont dirigés en grand nombre vers les autres pays d’Europe occidentale où l’«expatriation» ne s’accompagne pas d’un véritable déracinement. Ainsi la Suisse vient en tête des destinations choisies, suivie par l’Allemagne, en recul ces dernières années, le Royaume-Uni, en forte progression, la Belgique et l’Italie. Au total plus de 500 000 Français dans cette région du monde, soit un peu plus de la moitié des expatriés.

De moins en moins de Français en Afrique

L’Amérique du Nord, Etats-Unis et Canada, connaît un phénomène du même type avec plus de 140 000 Français au total, dont 88 000 aux Etats-Unis. En Amérique du Nord comme en Europe occidentale, on compte de moins en moins de salariés détachés par leur entreprise et de plus en plus de résidents permanents, environ 60% du total, et, qui plus est, des binationaux, entre 40% et 50%. Ce mouvement d’installation s’accompagne, selon l’Insee, d’une sortie des statistiques : les enfants d’un couple binational, bien intégrés dans le pays conservent leur nationalité française mais n’ont plus de lien avec l’administration française.

A l’inverse, la population française en Afrique du Nord et francophone décroît. Les Français sur le continent africain représentaient près du quart de l’expatriation française en 1984 et ne représentent plus que 14% des expatriés en 2002. Dans les années 80 leur nombre a beaucoup diminué en raison de la réduction des personnels détachés et des coopérants. Dans les années 90 le retrait s’est poursuivi mais à un rythme ralenti. Les Français en Afrique du Nord étaient plus de 70 000 en 1984, ils ne sont plus que 56 000. En Afrique subsaharienne francophone leur nombre est passé de 145 000 à 100 000. La proportion des binationaux augmente en Afrique mais, contrairement à l’Europe ou l’Amérique du Nord, la sortie des statistiques ne se fait pas par intégration dans le pays mais par le retour en France, notamment en provenance des pays où la situation politique et économique est défavorable.

Dans toutes les autres régions du monde la présence française est encore faible, bien qu’en progression. Le caractère limité de la durée de ces expatriations se manifeste dans la forte proportion de détachés. C’est le cas en Europe de l’est qui accueille moins de 2% des expatriés français, en Asie et en Océanie. Au Proche et Moyen-Orient le cas est différent car la population binationale y est très importante : 95% des Français en Israël et 90% au Liban.



par Francine  Quentin

Article publié le 28/08/2003