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Exposition à Paris

Un monde musulman fait de tous les mondes

L'affiche de l'exposition «<EM>Un monde fait de tous les mondes</EM>» sous le thème «<EM>Musulmanes, musulmans</EM>» au Parc de la Villette à Paris. 

		(www.villette.com)
L'affiche de l'exposition «Un monde fait de tous les mondes» sous le thème «Musulmanes, musulmans» au Parc de la Villette à Paris.
(www.villette.com)

Journée spéciale "Musulmanes, musulmans" sur les antennes de RFI le 27 mai (voir détails en bas de page)
Après l’avoir fait vers l’Afrique, l’Amérique Latine, et l’Europe, les organisateurs du cycle «Un monde fait de tous les mondes», invitent les regards à se tourner vers le monde musulman. Il existe de multiples façons d’être et de se vivre musulman. En proposant une sorte de radiographie de cinq villes, dans lesquelles la communauté musulmane est fortement représentée -à savoir Le Caire, Téhéran, Istanbul, Paris et Dakar- le Parc de la Villette tente une approche de la complexité des transformations sociales et culturelles induites par la mondialisation. «Musulmanes, musulmans» constitue le 4ème volet d’une exploration beaucoup plus générale d’un monde en pleine mutation.
Olivier Roy, commissaire scientifique à l’exposition, explique sa démarche: «ce qui nous intéresse ici c’est la manière dont [les musulmans, musulmanes] vivent leur religion dans le contexte de grandes villes modernes ouvertes sur le monde: que ce soit dans la piété, la fausse indifférence, le bricolage, la quête d’identité, le loisir, le travail, l’art ou la consommation». Les codes et les repères sont brouillés; l’exposition tente une rencontre «dépassionnée et respectueuse avec des hommes et des femmes, proches de nous, ou plus lointains, pour apprendre à les connaître et à les comprendre».

Pour comprendre, il faut savoir regarder et écouter. Pour répondre à cette préoccupation, l’exposition a privilégié les clichés photographiques, et les recueils de témoignages de musulmans, pratiquants ou non, faisant état de leur rapport au religieux. La complexité de la problématique est placée, dès le début de l’exposition, sous la bannière d’une référence unique qui rallie tous les musulmans, «un Coran -manuscrit précieux du IX-Xe siècle- et les cinq piliers de l’islam évoqués par une création graphique de Marjane Satrapi (illustratrice, auteur de la bande dessinée ‘Persépolis’».

De même confession, mais issus d’origines très diversifiées, par ailleurs tous réunis sur un sol où domine la tradition judéo-chrétienne, les musulmanes et musulmans de France rencontrent une même problématique quant à l’expression de leurs convictions religieuses, dans un espace laïc et républicain. Bien que, selon les organisateurs même de l’exposition, celle-ci «n’a[it] pas été commandée par l’actualité, [et que le] projet en a[it] été conçu avant le 11 septembre», on ne peut s’empêcher d’y trouver en France, par exemple, un écho au fameux «voile islamique», qui fut dernièrement l’objet et l’enjeu d’un débat national.
Olivier Roy, spécialiste de l'islam politique et de l'Asie centrale, commissaire scientifique à l'exposition. 

		(Thomas Bourdeau/RFI)
Olivier Roy, spécialiste de l'islam politique et de l'Asie centrale, commissaire scientifique à l'exposition.
(Thomas Bourdeau/RFI)

La mondialisation brouille les cartes

«La vie urbaine révèle, ici ou ailleurs, des comportements, des pratiques, qui aménagent récupèrent, travestissent, réinventent des traditions». Pour explorer cette diversité, divers travaux photographiques, mais encore des œuvres plastiques, et des documents audiovisuels, sont à découvrir au gré d’un labyrinthe sonorisé aux bruits de la ville. Cinq étapes rythment l’enquête sensible, du Caire à Dakar en passant par Istanbul, Téhéran et Paris, et chaque fois, le visiteur est invité à faire une petite halte au salon audiovisuel: ici pour entendre la parole de jeunes filles cairotes débattant du port du voile, écouter là le témoignage de la réalisatrice Yasmina Benguigui auteur de «Mémoires d’immigrés», ou bien encore entendre la détresse d’une mère iranienne en instance de divorce.

L’exposition vise à éveiller les interrogations: «Que veut dire être musulman dans un contexte urbain, changeant et multiculturel? Le musulman est-il le croyant qui fait sa prière et va à la mosquée, ou bien toute personne qui se reconnaît dans une culture commune sans forcément en partager la foi?», s’interroge Olivier Roy, commissaire à l’exposition.

Comment être musulman à Istambul «qui a volontairement et violemment rompu avec sa propre tradition»? En effet, Istanbul, véritable pont entre l’Orient et l’Occident, symbole d’ouverture à l’Europe, oscille entre «grands rituels républicains, rites de passages rythmant la vie familiale, et pratiques religieuses quelquefois «folklorisées» pour les besoins du tourisme». A Dakar, que recouvre au juste l’islam dans un pays tendu entre mysticisme et réformisme? L’islam «se vit[là-bas] à travers un système de confréries qui jouent un rôle social, économique et politique».

«La ville moderne est faite de registres multiples qui se juxtaposent, fusionnent ou se heurtent sans qu’aucun ordre définitif ne puisse s’imposer» (…) explique Olivier Roy, ajoutant: «La mondialisation brouille les cartes, mais peut aussi s’islamiser, lorsque le fast-food devient hallal. Ce n’est pas une tradition laïque qui s’oppose à la modernité laïque, mais un brouillage des sens et des symboles qui permet à chacun de se faire sa religion, sans se faire théologien pour autant».

Pour gagner en convivialité, un espace café a été ménagé où il est possible de savourer des douceurs orientales, du thé à la menthe et des pâtisseries. Et pour appréhender au mieux cette exploration à la rencontre de l’Autre, une série de débats thématiques, et d’ateliers seront organisés tout le mois de juin.

Pour en savoir plus:
«Musulmanes, musulmans», Parc de la Villette à Paris,
jusqu’au 14 novembre 2004
www.villette.com


Jeudi 27 mai 2004: journée spéciale sur les antennes de RFI
Partenaire de l'exposition "Musulmanes, musulmans", RFI installe un studio à la cité des sciences de la Villette (Paris)pour l'enregistrement en public de plusieurs émissions:
- Afrique Midi par Laurent Sadoux, en direct, sur le thème «Musulmanes, Musulmans à Dakar, Le Caire et Paris» à 12h30 TU (14h30 heure de Paris) [la page de l'émission]
- RFI soir par Hervé Guillemot, sur le thème «Musulman à Istanbul» (enregistrement à 15h30 heure de Paris, diffusion à  17h40 TU, 19h40 heure de Paris) [la page de l'émission]
- Parlez moi d'elles par Anne-Cécile Bras sur le thème «Les femmes et l'islam» (enregistrement à 16h heure de Paris, diffusion le 29 mai) [la page de l'émission]


par Dominique  Raizon

Article publié le 26/05/2004 Dernière mise à jour le 27/05/2004 à 14:28 TU

Audio

L'exposition «musulmanes, musulmans»

Muriel Maalouf, journaliste à RFI

«Les organisateurs se sont concentrés sur les populations musulmanes du Caire, de Téhéran, d'Istanbul, de Dakar et de Paris.»

[27/05/2004]

Afrique Midi

Olivier Roy, spécialiste de l'islam politique

«Un processus de découplage entre la religion et la culture.»

[27/05/2004]

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