Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Tchad

Déby peut se maintenir

Le président tchadien Idriss Déby accepte finalement de reprendre sa médiation dans le conflit du Darfour.  

		(Photo : AFP)
Le président tchadien Idriss Déby accepte finalement de reprendre sa médiation dans le conflit du Darfour.
(Photo : AFP)
Une révision constitutionnelle est adoptée à N’Djamena, permettant au président Idriss Déby de briguer, s’il le souhaite, un troisième mandat présidentiel. Au pouvoir depuis 1990 après un coup d’Etat, il a démocratisé son régime en élaborant une nouvelle constitution et se faisant élire président de la République, la même année, en 1996.

L’ensemble du projet de révision de la constitution a été intégralement adopté par les députés lors de la séance du 26 mai 2004 par 123 pour, une abstention et 0 contre. Quelques petits partis ont apporté leur soutien aux 110 députés du MPS alors que les députés de l’opposition sont tous sortis de l’hémicycle et ont refusé de prendre part au vote, a constaté un journaliste de l’AFP. Le quorum de deux tiers des 155 députés ayant été dépassé, le texte de la révision devra maintenant être soumis à un référendum pour une adoption définitive.

«Après huit ans de d’existence pour corriger les insuffisances de la constitution, sa révision devient inévitable et indispensable», précise un rapport de la commission parlementaire qui estime par ailleurs que les démocraties les plus avancées ont aussi recours à certains réaménagements pour les «adapter» aux réalités du moment. En effet l’idée d’une révision constitutionnelle a germé dans la tête des militants du Mouvement patriotique du salut (MPS), parti au pouvoir, lors du congrès de novembre 2003. Les parlementaires du MPS ont bien reçu le message des congressistes puisqu’ils ont immédiatement mis sur pied une commission qui vient de soumettre à l’assemblée nationale huit articles de la constitution qui méritent un dépoussiérage.

Prime à la démocratie

Parmi les points soumis à une révision figure «la levée de la limitation des mandats du président de la République». L’article 61 de la constitution tchadienne limitait à deux le nombre de mandats présidentiels. Or le président Idriss Déby, au pouvoir depuis le 1er décembre 1990 a été élu en 1996, après avoir fait adopter une nouvelle constitution. Réélu en 2001, Idriss Déby, lors de la campagne électorale avait annoncé que ce mandat de cinq ans était «son dernier à la tête de l’Etat». Au début des années 90, la mode était «à la prime à la démocratie». Les pays riches et les bailleurs de fonds faisaient de ce principe un critère essentiel à l’ouverture de certains crédits. Les avancées démocratiques étant jugées par les textes de la loi fondamentale, l’exercice de rédaction dans la plupart des pays africains exprimait effectivement un certain progrès. Mais à la veille de la fin des mandats présidentiels, c’est-à-dire 10 ans plus tard, et après avoir engrangé les bons points et autres primes à la démocratie, nombre de dirigeants au pouvoir sont revenus sur leurs engagements. La Tunisie, le Togo, la Guinée ont précédé le Tchad dans cet exercice qui finit toujours par un référendum, respect de la constitution et de la volonté du peuple oblige!

Les bonnes intentions du début des années 90 du président Idriss Déby ont probablement été mises à mal par la découverte et l’exploitation du pétrole. La nouvelle donne économique a transformé les règles du jeu en fonction des hommes en place. La politique ne se fait plus selon les règles établies, mais ce sont ces dernières qui s’adaptent plutôt aux politiques. Comme ailleurs, l’opposition tchadienne dans son ensemble refuse d’entériner ce principe qui aujourd’hui ne lui profite pas. Aussi, les partis d’opposition et les associations de défense des droits de l’Homme ont-il appelé les habitants de N’Djamena à participer à une opération «ville morte», le 26 mai. La logique voudrait aussi que l’opposition appelle au boycott du référendum qui suivra l’adoption du texte de la révision constitutionnelle par l’Assemblée nationale.



par Didier  Samson

Article publié le 26/05/2004 Dernière mise à jour le 26/05/2004 à 16:03 TU