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Homophobie

Le gouvernement tente de prendre l’initiative

Des militants contre l'homophobie manifestent devant l'hôtel de ville de Paris. 

		(Photo: AFP)
Des militants contre l'homophobie manifestent devant l'hôtel de ville de Paris.
(Photo: AFP)
Après la controverse sur le premier mariage entre deux hommes célébré en France par le député-maire vert de Bègles, Noël Mamère, le gouvernement veut reprendre l’initiative sur le sujet sensible des droits des homosexuels. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a donc annoncé que le projet de loi contre l’homophobie allait être rendu public et présenté à l’Assemblée nationale très prochainement. Une manière de montrer qu’en dénonçant l’illégalité du mariage célébré à Bègles, il n’était pas question de refuser d’engager le débat de société réclamé par certains partis politiques et les associations d’homosexuels.
La loi d’abord : c’est le message que Jean-Pierre Raffarin veut faire passer auprès des Français concernant les droits des homosexuels. C’est en effet pour faire respecter la loi en vigueur dans le pays que le garde des Sceaux, Dominique Perben, a demandé l’annulation du mariage de deux hommes célébré à Bègles, le 5 juin dernier, et que le ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin, a engagé une procédure de suspension contre Noël Mamère, le maire qui a procédé à cette union. Car du point de vue du gouvernement, la technique Mamère qui consiste à mettre les pieds dans le plat pour faire avancer son combat en faveur des droits des homosexuels en obligeant ses adversaires mais aussi ses amis politiques à se positionner, n’est pas la bonne.

Pour Jean-Pierre Raffarin, cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne faut pas engager le débat sur cette question. Il est vrai que la polémique a pris une telle ampleur que le sujet est devenu quasiment incontournable. D’autant que les derniers sondages font état d’un inversement de tendance concernant l’opinion des Français sur le mariage homosexuel. Entre 50 et 64 % d’entre eux affirment désormais qu’ils sont plutôt favorables à ces unions.

C’est donc pour prouver la bonne volonté et la capacité d’écoute de son gouvernement face à une société française en pleine évolution, que le Premier ministre a annoncé la publication rapide du projet de loi contre l’homophobie qui devrait être examiné par le Parlement à la fin de l’été ou à la rentrée. Ce texte a pour objectif de lutter contre les discriminations ou les injures dont les homosexuels sont parfois victimes. Les incitations à la violence ou les propos à caractère «sexiste ou homophobe» seront désormais punis de la même manière que les injures racistes ou antisémites, par des peines de prison ou des amendes. Les associations auxquelles le projet de loi a été transmis, sont satisfaites de cette avancée, mais ont tout de même relativisé son impact et mentionné les retards accumulés par rapport au calendrier annoncé par le gouvernement. Alain Piriou, le porte-parole de l’Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (LGBT), a ainsi déclaré que le projet avait «six mois de retard» et averti qu’il ne suffirait peut-être pas à calmer «les impatiences» des associations qui militent pour une reconnaissance des droits des homosexuels.

Les agressions homophobes sont en augmentation

C’est donc fort opportunément que le gouvernement a choisi, peut-être malgré lui, de donner un coup d’accélérateur en proposant un échéancier pour l’examen d’un texte très attendu par la communauté homosexuelle. Il est vrai que plusieurs incidents récents ont montré à quelles extrémités pouvait mener l’homophobie. En janvier dernier, par exemple, un jeune homme a été sauvagement agressé par un individu qui l’a aspergé d’essence et enflammé au prétexte qu’il était homosexuel. Plus récemment, cinq jeunes ont sauvagement roué de coups un autre homosexuel intercepté dans une rue de Marmande, dans le Lot-et-Garonne. SOS Homophobie a d’ailleurs rappelé que le nombre d’agression à caractère homophobe était en nette augmentation en France.

Dans ce contexte, le projet de loi du gouvernement a pour objectif de «donner les moyens juridiques de faire respecter chacun dans son comportement et sa pratique sexuelle». De là à aller plus loin en abordant la question de la légalisation du mariage homosexuel, il y a un pas que le gouvernement n’est peut-être pas prêt à franchir. En tout cas pas avant que la question ait été examinée par les parlementaires. Jean-Pierre Raffarin a ainsi expliqué : «C’est la représentation nationale qui doit se prononcer, qui doit débattre de ce sujet. Je veux que les opinions des uns et des autres soient respectées. J’ai mes propres convictions, mais je comprends qu’il y a un vrai débat sur lequel il nous faut réfléchir les uns avec les autres».



par Valérie  Gas

Article publié le 08/06/2004 Dernière mise à jour le 08/06/2004 à 15:28 TU