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G8

Dette et développement en clôture

Les membres du G8 ont décidé de prolonger de deux ans, jusque fin 2006, l’initiative de réduction de la dette des pays les plus pauvres et les plus endettés (PTTE). 

		(Photo: AFP)
Les membres du G8 ont décidé de prolonger de deux ans, jusque fin 2006, l’initiative de réduction de la dette des pays les plus pauvres et les plus endettés (PTTE).
(Photo: AFP)
L’aide aux pays en développement est un des points régulièrement à l’ordre du jour des G8 qui se succèdent et celui de Sea Island n’a pas fait exception. On sait déjà qu’à la prochaine rencontre des huit pays les plus industrialisés, l’année prochaine en Ecosse, l’Afrique sera inscrite parmi les thèmes de discussions.

Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays du G8 (Allemagne, Etats-Unis, Canada, France, Italie, Japon, Russie, Royaume-Uni) ont consacré la dernière journée de leur rencontre de Sea Island au thème du développement des pays pauvres. Pour ce faire, étaient invités les présidents de plusieurs pays africains, le continent le plus déshérité de la planète : Thabo Mbeki (Afrique du Sud), Abdelaziz Bouteflika (Algérie), John Kufuor (Ghana), Olusegun Obasanjo (Nigeria), Yoweri Museveni (Ouganda) et Abdoulaye Wade (Sénégal).

Le poids de la dette des pays pauvres est un handicap majeur à leur développement économique et social et les membres du G8 ont décidé de prolonger de deux ans, jusqu’à fin 2006, l’initiative de réduction de la dette des pays les plus pauvres et les plus endettés (PTTE) qui devait prendre fin dans quelques mois. Lancé en 1996, ce dispositif, piloté par le FMI et Banque mondiale, a commencé à fonctionner trois ans après sous la forme d’annulations de dettes contre programmes de développement. A ce jour, 31 milliards de dollars de dette ont été effacés en faveur de 27 pays dont 23 africains. Plus d’une dizaine de pays attendent leur tour de bénéficier de cette initiative pour un coût de 50 milliards de dollars. Les montants annulés font piètre figure en comparaison de la proposition du président américain Bush de réduire de 80% à 90% la dette de l’Irak, évaluée, pour ce seul pays, à 120 milliards de dollars.

Et cela d’autant plus que le FMI reconnaît que, même si la dette extérieure des pays les plus pauvres était totalement annulée, ils auraient encore besoin de l’apport de moyens financiers importants pour parvenir à l’éradication de la pauvreté. Le financement de l’aide au développement est justement le sens de la proposition du président français Jacques Chirac d’instaurer une taxe internationale. Elle est inspirée de l’idée de taxe Tobin sur les transactions financières internationales, devenue le cheval de bataille des altermondialistes et de nombreuses associations de solidarité internationale. Un groupe de travail étudie les conditions dans lesquelles un tel prélèvement ne nuirait pas à l’économie mondiale et la France devrait faire des propositions plus concrètes lors d’une réunion de l’Onu en septembre prochain. Toutefois, l’accueil réservé par les pays libéraux à ce nouvel impôt mondial a été poli, sans plus. Le président Bush l’a trouvé «audacieux», mais des participants ont manifesté plus clairement leur hostilité au projet.

«Consortium virtuel» antisida

De leur côté, les pays en développement souhaitent, avant tout, que les pays industrialisés lèvent les barrières douanières qu’ils imposent à leurs produits, et les subventions agricoles qui nuisent au décollage de leur propre production. C’est le cas notamment du coton américain largement subventionné par les Etats-Unis, au préjudice des pays africains. Répondant à ce souhait, le G8 s’est déclaré déterminé à relancer en juillet le cycle de négociation de Doha dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En panne depuis septembre 2003 ce «round» de libéralisation des échanges mondiaux a été interrompu au sommet de Cancun par les grands pays émergents qui dénonçaient l’attitude protectionniste des pays riches.

Ces pays émergents ont pris une importance incontournable depuis quelques années au point de remettre en question le fonctionnement de grandes institutions internationales comme l’OMC ou de créer le G20 groupe de vingt pays en développement pour contrebalancer le G8. Y figurent la Chine, l’Inde et le Brésil, et ce dernier pays se poserait volontiers en représentant des pays en développement. Celso Amorim, ministre des Affaires étrangères brésilien a déclaré que, s’il était invité à intégrer le groupe des pays industrialisés, il y ferait valoir les intérêts des pays en développement. Rien n’est moins sûr, cependant, car les intérêts divergent sur bien des points entre les grands pays producteurs de matières premières comme le Brésil et les petits pays sans beaucoup de ressources comme les pays les moins avancés, Burkina-Faso ou Bangladesh.

Avant de se séparer, le G8 a appelé les chercheurs du monde entier à unir leurs efforts dans la création d’un vaccin contre le sida. Il s’agit de constituer un «consortium virtuel» permettant de faire circuler les résultats de tests effectués dans un pays afin qu’ils soient utilisés dans un autre. De plus, une opération d’éradication de la poliomyélite, dans les pays où cette maladie subsiste, sera menée d’ici la fin de l’année prochaine.



par Francine  Quentin

Article publié le 11/06/2004 Dernière mise à jour le 11/06/2004 à 14:35 TU