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Elections européennes

Et l’Europe dans tout ça ?

Avec une abstention record de 80%, la Pologne sort affaiblie du scrutin européen du 13 juin 2004. 

		(Photo: AFP)
Avec une abstention record de 80%, la Pologne sort affaiblie du scrutin européen du 13 juin 2004.
(Photo: AFP)
Le élections européennes, qui se sont déroulées dans les 25 pays de l’Union, ont été marquées à la fois par un taux record d’abstention et un vote sanction contre les gouvernements en place, qu’ils soient de droite ou de gauche. Si l’on ajoute à cela, la montée en puissance du courant des eurosceptiques dans plusieurs Etats, notamment la Grande-Bretagne, on peut s’interroger sur les convictions européennes des électeurs des pays de l’Union. Un constat peu encourageant à quelques jours de l’adoption de la Constitution qui doit présider aux destinées de l’Europe à 25.

Plus ça va, moins ça va. A chaque scrutin européen, les taux d’abstention vont de mal en pis. Avec une participation globale de 44,6 %, on enregistre en effet une chute de près de 5 points du nombre des électeurs qui se sont exprimés pour élire leurs représentants nationaux au Parlement européen, par rapport à 1999. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’élargissement et l’entrée de 10 nouveaux membres n’ont pas revivifié l’Union. Le taux d’abstention est, en effet, le plus élevé depuis le premier scrutin européen au suffrage universel, en 1979. Ce qui a fait dire à Pat Cox, le président du Parlement sortant, qu’il s’agissait «des pires élections» depuis l’origine. A quelques jours de l’adoption de la Constitution, les électeurs européens ne se sentent donc pas terriblement concernés par les questions européennes.

Et pour leur entrée en matière, les dix nouveaux membres de l’Union ont été les moins motivés des élèves de la classe Europe. Globalement le taux de participation a été très faible (28,7 %) dans ces Etats. Certains pays ont même atteint des records d’abstention. En Slovaquie, par exemple, seuls 16 % des électeurs se sont déplacés. Les Polonais n’ont pas été beaucoup plus civiques. Un peu moins de 20 % d’entre eux ont déposé un bulletin dans l’urne. L’une des explications de ce manque de mobilisation face à l’enjeu européen est peut-être à chercher du côté de la méfiance des populations par rapport à leurs équipes dirigeantes. Car le résultat des votes a montré une volonté de sanctionner les gouvernements en place quels qu’ils soient. La campagne pour les européennes semble avoir été lue à travers le prisme des revendications nationales et les électeurs qui sont allés voter ont décidé de profiter de ce scrutin pour exprimer leur mécontentement, plus que pour prendre position sur les enjeux européens.

Indifférence et euroscepticisme

Cette tendance n’est d’ailleurs pas le seul fait des Etats de l’est nouvellement européens. Il s’agit d’un phénomène quasi-général. Trois pays font de ce point de vue figure d’exception puisque ce sont les partis au pouvoir qui y ont remporté les élections : l’Espagne où le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero continue à bénéficier d’un état de grâce après les législatives du 14 mars dernier, la Grèce où le parti de droite du Grec Costas Caramanlis se trouve dans une situation similaire et le Luxembourg où la formation du conservateur Jean-Claude Juncker reste en position de force. Ailleurs, notamment en France, en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni, les électeurs ont sanctionné les équipes dirigeantes.

En France, l’Union pour un mouvement populaire ( UMP), le grand parti de droite créé après la réélection de Jacques Chirac à la présidence 2002, n’obtient que 16,6  % des suffrages et se fait largement distancer par la Parti socialiste (28,9%). En Allemagne, le SPD du chancelier Gerhard Schröder enregistre son plus mauvais score dans un scrutin fédéral depuis l’après-guerre. En Italie, Silvio Berlusconi n’est pas mieux loti. Forza Italia réalise aussi son plus mauvais résultat depuis la création du parti en 1994. Quant à Tony Blair, le Premier ministre britannique, il cumule les revers. Les électeurs qui étaient appelés à voter à la fois pour un scrutin local et pour les européennes, ont infligé dans les deux cas une défaite sévère aux travaillistes.

Et c’est aussi d’outre-Manche qu’est venu l’un des messages les plus significatifs en matière d’euroscepticisme. Au-delà du mauvais score des travaillistes, la progression du Parti de l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) qui a articulé sa campagne autour du thème du retrait de l’Union, représente un signal fort pour le gouvernement. Avec 18 % des voix, cette liste anti-Europe arrive en troisième position dans le pays et montre qu’une frange importante des électeurs demeure hostile à la construction européenne et critique face aux institutions en place. Mais les Britanniques ne sont pas les seuls à avoir voté pour les listes «eurosceptiques» qu’elles soient souverainistes ou populistes. En Suède, en Pologne, en République tchèque notamment, les partis qui ont fait campagne contre l’Europe ont obtenu de bons scores. Du coup, on devrait compter une centaine de députés eurosceptiques dans le nouveau Parlement européen.



par Valérie  Gas

Article publié le 14/06/2004 Dernière mise à jour le 14/06/2004 à 15:01 TU