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«Fahrenheit 9/11» réservé aux adultes

Le film qui fait la controverse. 

		© michaelmoore.com
Le film qui fait la controverse.
© michaelmoore.com
La jeune génération américaine risque d’être privée du documentaire anti-Bush de Michael Moore. «Fahrenheit 9/11» récompensé par la Palme d’Or au festival de Cannes, est interdit aux moins de 17 ans. A dix jours de sa sortie sur les écrans américains, le réalisateur tente une dernière contre-attaque.

« Il est malheureusement très possible que beaucoup d’adolescents de 15 et 16 ans soient appelés et recrutés pour servir en Irak dans les deux prochaines années. S’ils sont suffisamment âgés pour combattre et risquer leur vie, ils méritent d’être autorisés à voir ce qui se passe en Irak », s’insurge le réalisateur américain Michael Moore. Son documentaire anti-Bush « Fahrenheit 9/11 », qui a raflé la Palme d’Or au dernier festival de Cannes est interdit aux jeunes de moins de 17 ans s’ils ne sont pas accompagnés d’un parent. A dix jours de sa sortie dans un millier de salles aux Etats-Unis, cette décision du grand syndicat Motion Picture Association of America (MPAA) fait grincer les dents du trublion d’Hollywood.

La MPAA se justifie en soulignant que le film contient des images « violentes et perturbantes ». Sa diffusion est aussi restreinte à cause du « langage » employé. Avec son punch habituel, Michael Moore contre-attaque, soutenu par ses distributeurs. Cette restriction est « complètement injustifiée », réplique Tom Ortenberg, un des distributeurs. Il note qu’il n’y a « rien dans ce film qui soit plus troublant que ce que les gens voient au journal télévisé ». Fidèle à son habitude de briser les tabous, le nouveau documentaire de Michael Moore est un pamphlet contre la guerre américaine en Irak lancée par George W. Bush. Certains détails de lynchages de civils apparaissent à l’écran.

Pression conservatrice de dernière minute

Outre-Atlantique, « Fahrenheit 9/11 » s’annonce déjà comme le film le plus controversé de l’année en pleine période électorale. Trouver un distributeur dans son propre pays tenait déjà de la victoire. Il y a un mois, Disney a refusé de distribuer ce documentaire produit par sa filiale Miramax. Le roi du divertissement familial le jugeait trop engagé. Michael Moore a finalement trouvé deux alliés, le groupe IFC et les studios indépendants canadiens Lions Gate Films.

Ces distributeurs font bloc derrière lui. Ils viennent d’entreprendre une procédure d' « appel en urgence » pour tenter d’obtenir un changement de catégorie. Tom Ortenberg souhaite que « les jeunes adultes qui représentent l’avenir de la nation » puissent voir ce film. L’appel sera examiné le 22 juin à Los Angeles, soit trois jours avant sa sortie. En cas de rejet, Michael Moore pourrait décider de couper certaines scènes. Un compromis auquel l’ennemi juré du politiquement correct se résoudrait à reculons.

Pour l’instant, il s’efforce de résister à la pression de l’organisation Move America Forward qui dit « soutenir les troupes américaines et la guerre contre le terrorisme ». Elle a publié sur son site Internet une page « stop Michael Moore » détaillant les adresses des groupes de cinémas qui s’apprêtent à diffuser son film. Les militants conservateurs peuvent les inonder de courriels réprobateurs. Michael More doit-il s’en inquiéter ? Comme pour « La Passion du Christ » de Mel Gibson, la polémique sur « Fahrenheit 9/11 » pourrait bien propulser ce documentaire en haut du box-office.



par Sarah  Oliveira

Article publié le 15/06/2004 Dernière mise à jour le 15/06/2004 à 15:17 TU