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Côte d'Ivoire

La radio de l'ONU n'est «pas autorisée»

La radio de l'Onuci  est menacée par le Conseil national de la communication et de l’audiovisuel (CNCA). 

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La radio de l'Onuci est menacée par le Conseil national de la communication et de l’audiovisuel (CNCA).
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«Fréquence de la paix, 95.3 FM» à Abidjan est une radio de l’ONU qui pose déjà problème avant même d’émettre. Le Conseil national de la communication et de l’audiovisuel (CNCA) menace d’empêcher cette radio d’émettre et de saisir ses installations.

«Les services techniques du CNCA reçoivent depuis quelques heures un signal sonore émis par une radio non encore identifiée qui exploite la bande de fréquence 95.3 MHz dans le périmètre d’Abidjan», précise un communiqué de l’organe de surveillance de l’audiovisuel en Côte d’Ivoire. Dans le même document, les autorités du CNCA affirment que cette radio n’a jamais eu l’autorisation d’émettre et que des recherches étaient en cours pour localiser  précisément les installations afin de procéder à la saisie des matériels.

Mais à l’Opération des Nations unies pour la Côte d’Ivoire (ONUCI), on se dit étonné par la tournure prise par cette affaire. Selon Jean-Victor Nkolo, le porte-parole de l’Onu l’ouverture de la radio est conforme aux résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu n’a réellement besoin d’aucune autorisation pour émettre, à l’instar des stations ouvertes au Libéria et en Sierra Leone. Malgré ces dispositions particulières, les autorités onusiennes ont affirmé avoir déposé un dossier depuis le 24 mai dernier. Une campagne publicitaire menée depuis plusieurs  semaines annonçait le lancement officiel de la radio dès le 18 juin.

«Radio pirate non identifiée»

«La procédure doit être respectée sinon nous fermerons la station et nous démantèlerons son équipement», prévient Franck Kouassi, le porte-parole du CNCA, qui reconnaît néanmoins que le dossier a été déposé auprès de son organe. Cependant, le CNCA a qualifié de «radio pirate non identifiée» les signaux sonores captés à Abidjan, alors que la presse pro-gouvernementale accuse directement Albert Tévoédjrè, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu «d’actes de provocation» et de défi lancé à l’Etat ivoirien. Mais Albert Tévoédjrè mènerait des tractations auprès des autorités politiques ivoiriennes pour  «calmer le jeu», selon Jean-Victor Nkolo le porte-parole de l’ONUCI.

Depuis le début de la crise politico-militaire en septembre 2002, les autorités ivoiriennes ont maille à partir avec la presse étrangère. Radio France internationale (RFI), la BBC, Africa N°1 sont des stations régulièrement coupées au gré des événements politiques. La presse étrangère, accusée d’inféodation à des groupes d’intérêts divers ou de pression, a souvent été prise pour cible et tenue responsable des querelles internes. Les derniers dérapages ont entraîné l’assassinat de notre confrère Jean Hélène à Abidjan par un agent des forces de l’ordre le 21 octobre 2003. Depuis la mi-avril 2004, on est sans nouvelles du journaliste franco-canadien, de la Lettre du continent, Guy-André Kieffer.

La presse constitue un enjeu capital pour les politiciens en Côte d’Ivoire qui ont aussi compris que dans un pays à plus de 60% analphabète, il valait mieux contrôler la radio que la presse écrite. C’est peut-être pourquoi les Forces nouvelles (ex-rebelles) multiplient les contacts pour installer dans les zones qu’elles contrôlent des petites structures de radios locales. 



par Didier  Samson

Article publié le 17/06/2004 Dernière mise à jour le 17/06/2004 à 16:09 TU