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Côte d'Ivoire

Brève rupture du cessez-le-feu

Le colonel Bakayoko, chef d'état-major des Forces nouvelles, avec Albert Tevoedjre, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu, lors des négociations sur le désarmement, le 10 septembre 2003. 

		(Photo : AFP)
Le colonel Bakayoko, chef d'état-major des Forces nouvelles, avec Albert Tevoedjre, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu, lors des négociations sur le désarmement, le 10 septembre 2003.
(Photo : AFP)
Dans la nuit du 6 au 7 juin des positions militaires françaises et des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire ont été attaquées à Gohitafla, localité située à plus de 150 km à l’ouest de Bouaké. Les assaillants seraient «des éléments incontrôlés» venus des rangs des ex-rebelles.

Quelques jours après l’attaque de Gohitafla, Les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci), l’opération Licorne (Français) et l’Onuci ont dressé un premier bilan des événements. Il y aurait dans les rangs des Fanci cinq morts et de nombreux blessés dont deux du côté français. Les assaillants auraient subi de lourdes pertes, au moins quinze tués. Les Fanci ont déclaré avoir fait une quinzaine de prisonniers. D’après un communiqué de l’Onuci, les assaillants seraient entrés dans la «zone de confiance» sans armes. Plusieurs jours plus tard, ils auraient méthodiquement organisé l’attaque de la gendarmerie de Gohitafla à l’arme blanche. Leur butin se résumait à un véhicule militaire volé, des armes et des munitions subtilisées.

Toujours selon le compte-rendu de l’Onuci, «en se repliant vers le nord, ils (assaillants) se sont heurtés au poste de contrôle des forces françaises». Les soldats français et les casques bleus de l’Onuci ont la surveillance de cette zone dite de «confiance» et démilitarisée. Le colonel Soumaïla Bakayoko, le chef d’état-major des Forces nouvelles (ex-rebelles) a reconnu que les assaillants sont issus de ses troupes et ont agi dans une zone logiquement sous son contrôle.  En condamnant cette attaque «d’éléments incontrôlés et subversifs», le colonel Soumaïla Bakayoko a promis de ramener le calme dans la région. Un détachement militaire conduit le sergent-chef Chérif Ousmane s’est rendu à Kounahiri, lieu de départ des «éléments incontrôlés» à quelque 50 km de Gohitafla pour une mission de «sensibilisation» dès le 7 juin. Le colonel Soumaïla Bakayoko avait auparavant attribué la responsabilité de cette attaque aux chasseurs traditionnels «dozo» en connivence avec Ibrahim Coulibaly «IB».

C’est au retour de la mission à Kounahiri que la colonne de véhicules des Forces nouvelles a été prise pour cible par les hélicoptères MI 24 des Fanci. Le porte-parole de l’armée ivoirienne, le colonel Jules Yao Yao a reconnu qu’un raid aérien était mené par l’armée régulière et qui aurait détruit cinq véhicules de combat. Côté Forces nouvelles, on condamne ce raid qui aurait fait une douzaine de blessés, tous soignés à l’hôpital de Bouaké.

Une campagne de désinformation «inadmissible»

Chérif Ousmane accuse les forces françaises de duplicité, car selon lui, les unités qu’ils conduisaient ont été survolées par des hélicoptères de l’opération Licorne. «Je leur ai fait des signes de la main pour leur signaler notre présence», précise-t-il avant de faire remarquer que quelques minutes plus tard ces troupes allaient essuyer «des bombardements» de l’hélicoptère des Fanci. Par ailleurs, de l’autre côté, ce sont les «Jeunes patriotes», farouches partisans du président Laurent Gbagbo qui accusent les forces françaises de complicité avec les Forces nouvelles. Les manifestations anti-françaises et étrangères du début de la semaine y trouvent leur origine. «De tels actes ne peuvent rester impunis», exige l’Onuci qui rappelle aussi que «les campagnes de désinformation contre elle sont inadmissibles».

Le 9 juin, le colonel Jules Yao Yao, porte-parole des Fanci a appelé les jeunes Ivoiriens «à arrêter immédiatement tout comportement désobligeant vis-à-vis des étrangers». Il a aussi rappelé que «la présence des troupes étrangères ne nous est imposée, mais l’est à la demande du président de la République qui incarne la souveraineté nationale». Mais ce message n’a pas été pris en compte par les «Jeunes patriotes» qui ont manifesté le 10 juin devant la base militaire française à Abidjan. Le leader du mouvement, Charles Blé Goudé avait appelé à cette manifestation pour demander le départ des forces françaises de l’opération Licorne  de Côte d’Ivoire. Il a aussi demandé, tant aux soldats français qu’aux Casques bleus de l’Onuci «de ne plus circuler dans le pays jusqu’au retour du président Gbagbo», actuellement en visite privée aux Etats-Unis. «Il n’y a dans notre dispositif de modifications liées aux tensions locales», répond le ministère français de la Défense.



par Didier  Samson

Article publié le 10/06/2004 Dernière mise à jour le 10/06/2004 à 16:04 TU