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Côte d'Ivoire

Fologo : «le problème s’enlise»

Laurent Dona Fologo, le 16 décembre 2002. 

		( Photo : AFP )
Laurent Dona Fologo, le 16 décembre 2002.
( Photo : AFP )
Le processus de paix est au point mort, mais les acteurs politiques sont toujours aussi actifs, chacun dans son camp. Un ballet diplomatique sous-régional s’organise alors que le président de la République retrouve un ton très offensif à l’encontre de l’opposition.

Face au blocage du processus de paix en Côte d’Ivoire, diverses tentatives de reprises des relations entre le pouvoir et l’opposition sont prises, mais sans grand succès. Les événements des 25 et 26 mars ont marqué un nouveau virage dans la gestion de la crise ivoirienne. Le limogeage de trois ministres de l’opposition et leur remplacement par des intérimaires tous issus du clan présidentiel a contrarié Seydou Diarra, le Premier ministre désigné pour conduire le processus de paix et le gouvernement réconciliation nationale. Le président de la République reprenant en main le gouvernement et en fixant ses choix, marche à côté des principes énoncés par l’accord de Marcoussis. Les équilibres sont rompus. Laurent Gbagbo a changé de tactique se prévalant aussi bien que ses adversaires de l’accord de Marcoussis.

C’est dans ce contexte que les ministres de six partis de l’opposition et les Forces nouvelles ont formé une coalition, G7 en se prévalent également du même accord et se font aussi appeler les «marcoussistes». Pour sortir les différents clans arc-boutés sur leurs positions respectives, la diplomatie sous régionale a repris du service. Le président du Conseil économique et social ivoirien, Laurent Dona Fologo, a demandé au chef de l’Etat togolais, Gnassingbé Eyadéma de s’impliquer à nouveau dans la recherche d’une solution à la crise ivoirienne. «Nous avons aujourd’hui l’impression que la situation en Côte d’Ivoire est pire, parce que la méfiance entre les acteurs est grande, les divisions deviennent profondes et le problème s’enlise», a déclaré Laurent Dona Fologo qui s’est entretenu le 4 mai dernier à Lomé avec le président Eyadéma.

«Deux millions de filles pour Gbagbo»

Il avait déjà été désigné comme médiateur par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), de novembre à décembre 2002. Le chef de l’Etat togolais a répondu à la nouvelle sollicitation en dépêchant, le 1er juin dernier, à Abidjan et à Bouaké son Premier ministre Koffi Sama. Par ailleurs, le 4 juin à Cotonou (Bénin), les présidents des parlements du Conseil de l’entente, organisation de coopération sous-régionale regroupant le Bénin, le Togo, le Burkina Faso, le Niger et la Côte d’Ivoire, ont fait part de leur intention de mener une médiation pour tenter de rapprocher les différents protagonistes de la crise ivoirienne qui refusent de se parler. «Le comité de bons offices et de dialogue permettra la mise en place d’un climat propice aux pourparlers inter-ivoiriens», espère Antoine Idji Kolawolé, président de l’assemblée nationale béninoise.

En marge de ce ballet diplomatique qui se met en place, le président Laurent Gbagbo multiplie les déclarations fortes et intransigeantes vis-à-vis de l’opposition politique., «A partir de maintenant, je ne ferai plus de cadeaux aux malhonnêtes», «Allez leur dire de chercher un autre travail, le travail de ministre est terminé dans mon gouvernement», «Moi je n’ai pas de problèmes, j’avance. Je convoque un conseil des ministres, tu ne viens pas, je coupe ton salaire», déclare t-il lors d’un meeting de lancement d’une organisation de soutien à sa personne, «deux millions de filles pour Gbagbo», le 6 juin à Abidjan. Ce ton trivial a fait la joie des membres de la nouvelle association qui ont également reçu une somme de dix millions de francs CFA, comme contribution au fonctionnement du mouvement, de la part de Laurent Gbagbo. Henriette Lagou, présidente nationale du mouvement «deux millions de filles pour Gbagbo» a pris l’engagement de faire «la promotion du programme de gouvernement» du président Gbagbo. En effet, le président a annoncé son intention d’organiser une élection présidentielle anticipée dès que les rebelles auront déposé leurs armes, «Je vais en voyage, à mon retour on va s’occuper d’eux», a-t-il conclu. Le président s’est ensuite envolé pour une visite privée d’une semaine aux Etats-Unis.



par Didier  Samson

Article publié le 07/06/2004 Dernière mise à jour le 07/06/2004 à 14:35 TU