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Côte d'Ivoire

Le blocage politique

Depuis deux mois la Côte d'Ivoire est privée de gouvernement, mais Seydou Diara est toujours Premier ministre. 

		AFP
Depuis deux mois la Côte d'Ivoire est privée de gouvernement, mais Seydou Diara est toujours Premier ministre.
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Après le limogeage de trois ministres du gouvernement de réconciliation nationale par le président de la République Laurent Gbagbo, la reprise du conseil des ministres n’est toujours pas effective.

Le limogeage de trois ministres du gouvernement de réconciliation nationale entraîne une situation de blocage de l’exécutif en Côte d’Ivoire. Le décret présidentiel du 18 mai qui stipulait le renvoi des ministres mentionnait que les décisions avaient été prises sur proposition du Premier ministre, Seydou Diarra qui conteste aujourd’hui les faits. Il soutient qu’il n’a jamais été consulté sur la question et selon lui la décision présidentielle est contraire à l’esprit des accords de Marcoussis et d’Accra. Par ailleurs, il affirme n’avoir jamais été consulté sur la nomination des ministres intérimaires. Pour toutes ces raisons, Seydou Diarra avait sérieusement envisagé de donner sa démission, mais il cède aux pressions internationales, de la CEDEAO et de la France en particulier, et se maintient au poste de Premier ministre d’un gouvernement qui n’existe que de nom.

Laurent Gbagbo devient de fait le seul maître a bord. Les ministres du Front populaire ivoirien (FPI) le parti du président, se retrouvent bien seuls après le boycott du Conseil des ministres par ceux issus du PDCI, de l’UDPCI, du MFA et des Forces nouvelles (ex-rebelles). Les sanctions financières prises à leur encontre, suspension de salaire du mois de mai par exemple, ne sont pas des contraintes qui leur ont fait renoncer au boycott du conseil des ministres. La plupart gardent la charge de leur portefeuille, sauf les ministres issus des Forces nouvelles, tous rappelés à Bouaké. Certains sont à l’étranger et ne manifestent pas un grand enthousiasme pour retourner à Abidjan. C’est le cas de Roger Banchi, le ministre des Petites et moyennes entreprises, issu des Forces nouvelles mais qui avait pris ses distances avec ses ex-compagnons en s’opposant au boycott du Conseil des ministres à la fin de l’année dernière et qui aujourd’hui tente de revenir dans les rangs. Il avait été exclu des Forces nouvelles.

Les députés maintiennent la distance avec l’exécutif

Pour contourner le Conseil des ministres, Laurent Gbagbo a souhaité rencontrer les parlementaires pour discuter avec eux de «l’évolution de l’examen des textes issus de l’accord de Marcoussis». Des rencontres sont programmées du 26 au 28 au palais de la présidence de la république. Mais les députés des partis signataires de l’accord de Marcoussis, regroupés au sein du G7 ont décliné l’offre présidentielle. Ils motivent leur décision par le fait «qu’aucune disposition légale n’autorise le chef de l’Etat à convoquer les parlementaires à la présidence de la République, siège du pouvoir exécutif pour discuter des projets de lois». Le blocage politique évolue de l’exécutif paralysé au législatif qui lui emboîte le pas.

La ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, interrogée sur la crise ivoirienne dans le Journal du Dimanche a déclaré que les«mesures affectant la composition du gouvernement ivoirien, ne doivent pas porter atteinte au dialogue qui fonde les accords de paix». Et comme si de rien n’était, le secrétaire général de l’ONU maintient le déploiement des Casques bleus. Trois cent soldats onusiens du Maroc sont arrivés dans l’est de la Côte d’Ivoire en remplacement du contingent sénégalais qui descendra vers le port de San Pedro dans le sud-ouest du pays. Au total 2 500 soldats onusiens sont déjà sur le sol ivoirien sur 6 240 attendus.

Par ailleurs, de Bouaké, les Forces nouvelles publient un communiqué dans lequel elles ne reconnaissent plus l’autorité du président Gbagbo. «A compter d’aujourd’hui, Monsieur Laurent Gbagbo n’existe plus. Nous ne reconnaissons désormais que le seul gouvernement de Seydou Diarra, chargé de ramener la paix et la réconciliation entre Ivoiriens», affirme Guillaume Soro dans un communiqué adressé à l’AFP. Les Forces nouvelles invitent également les partis signataires de l’accord de Marcoussis à constituer un gouvernement «sous la seule autorité du Premier ministre Seydou Diarra». Le blocage politique en Côte d’Ivoire est total et dans les différentes chancelleries on parle déjà d’une nouvelle offensive diplomatique.



par Didier  Samson

Article publié le 24/05/2004 Dernière mise à jour le 25/05/2004 à 06:15 TU