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Sommet de l’OTAN

L’Irak et l’Afghanistan se disputent la vedette

Dispositif de sécurité maximum à Istanbul près du site où se tiendra lundi et mardi le sommet de l’Alliance atlantique. 

		(Photo : AFP)
Dispositif de sécurité maximum à Istanbul près du site où se tiendra lundi et mardi le sommet de l’Alliance atlantique.
(Photo : AFP)
Les vingt-six membres de l’Alliance atlantique, réunis les 28 et 29 juin à Istanbul, qui devaient principalement plancher sur l’amélioration de l’action de l’organisation en Afghanistan où des élections générales sont prévues dans trois mois, ne pourront pas occulter la question irakienne à la veille de la fin de l’occupation de ce pays en proie à une recrudescence des violences. Le chef du nouvel exécutif irakien, Iyad Allaoui, a en effet formellement demandé l’aide de l’OTAN et cela malgré les réticences maintes fois exprimées par plusieurs pays de l’Alliance, comme la France ou l’Allemagne. Le secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a d’ailleurs annoncé qu’un accord de principe avait été trouvé lors des négociations préparatoires au sommet pour répondre à la demande d’assistance des Irakiens en participant à la formation des forces armées. Cette proposition doit être soumise aux représentants des Etats membres de l’Alliance atlantique lors du sommet.

L’Irak une nouvelle fois source de divisions pour la communauté internationale ? Le dossier s’est en tous cas imposé à l’ordre du jour du sommet de l’OTAN à Istanbul, fragilisant un peu plus l’organisation dont les membres apparaissent plus que jamais partagés sur le rôle qu’elle pourrait être amenée à jouer dans ce pays. Face aux difficultés rencontrées sur le terrain et à l’intensification des attaques menées par la guérilla irakienne contre les troupes de la coalition, les Etats-Unis, largement soutenus par leur allié britannique, n’ont jamais caché leur souhait de voir les forces de l’OTAN venir soutenir leur action en Irak. Mais ils s’étaient vu signifier une fin de non-recevoir de la part de pays comme la France, le Canada ou l’Allemagne pour qui dépêcher des renforts dans un pays au moment où son occupation est censée prendre fin n’était «pas approprié». Le président Jacques Chirac avait d’ailleurs insisté, il y a quelques semaines, à l’occasion du sommet du G8 à Sea Island, sur ce refus de tout engagement de l’OTAN en Irak, le jugeant «dangereux». L’affaire semblait donc entendue d’autant que Paris, tout  comme Berlin, s’étaient déclarés prêts à participer à la formation des nouvelles forces irakiennes.

Dans ce contexte, le courrier adressé en début de semaine par le Premier ministre irakien à l’Alliance, dans lequel Iyad Allaoui presse l’organisation d’apporter «une assistance technique» à son gouvernement, pourrait contribuer à crisper les positions au sein de l’organisation, Paris et Berlin ne cachant pas leur agacement face au sentiment qu’ils ont de se voir forcer la main avant même le début du sommet d’Istanbul. L’Allemagne a d’ores et déjà fait savoir qu’elle ne participerait à la formation des nouvelles forces irakiennes qu’à la seule condition que cela se fasse en dehors de l’Irak. Et en France, les autorités se plaisent à répéter qu’aucun instructeur français ne posera le pays sur le sol irakien. Les débats promettent donc d’être houleux à Istanbul d’autant plus que l’Alliance, qui ne dispose pas de véritable expérience en matière de formation, est à la recherche de moyens qui lui permettront de mieux assumer ses missions actuelles. Sans compter que le secrétaire général de l’organisation, le Néerlandais Jaap de Hoop Scheffer, n’a eu de cesse de répéter s’agissant de l’Irak que l’OTAN pouvait «difficilement claquer la porte au nez d’un gouvernement pleinement légitime».    

Priorité à l’Afghanistan compromise ?

La situation en Afghanistan, sensée pourtant être débattue en priorité par les 26 membres de l’Alliance atlantique, pourrait donc bien être éclipsée par le dossier irakien. Or le renforcement de l’action de l’OTAN dans ce pays est primordial à bien des égards. Des élections générales –déjà repoussées une première fois en juin– sont en effet prévues dans trois mois et l’Alliance qui en supervise le déroulement a besoin de quelque 3 000 soldats supplémentaires pour former des unités mobiles capables d’assurer la sécurité de l’événement. «J’espère que nous allons obtenir un accord pour ce déploiement lors du sommet d’Istanbul», a récemment affirmé le représentant politique de l’OTAN en Afghanistan, estimant que l’organisation jouait «sa crédibilité» dans ce pays et que «l’idée même d’un échec était impensable».

Quelque 6 500 hommes sous commandement de l’Alliance et sous mandat des Nations unies participent actuellement en Afghanistan à la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) dont la mission est d’assurer la sécurité à Kaboul et dans ses environs. L’ONU avait en octobre dernier approuvé une extension de leur champ d’action au-delà de la capitale, mais la communauté internationale a été lente à fournir plus de soldats, ce qui a sérieusement compromis ce projet et avec lui la stabilisation du pays puisque les Taliban semblent avoir réussi à réorganiser leurs forces au point de présenter de nouveau un danger pour le nouveau pouvoir de Kaboul. De plus en plus de voix s’élèvent d’ailleurs pour dénoncer le fait que la guerre en Irak ait contribué aux difficultés de l’OTAN à trouver des pays volontaires pour envoyer des troupes en Afghanistan.

Alors que les tensions entre le clan de la paix et les partisans d’une guerre contre le régime de Saddam Hussein semblaient s’être apaisées ces dernières semaines, l’insistance des Etats-Unis à obtenir le soutien de l’OTAN pour sa stratégie en Irak pourraient de nouveau crisper les positions.  



par Mounia  Daoudi

Article publié le 27/06/2004 Dernière mise à jour le 28/06/2004 à 09:32 TU

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