Sommet de l'OTAN
Consensus minimal concernant l'Irak
Photo: AFP
Les 26 pays membres de l’Otan s’accordent, sur le principe, à reconnaître la nécessité «d’offrir au gouvernement irakien l’assistance de l’Otan pour la formation de ses forces de sécurité» et «d’encourager» chaque membre à contribuer à titre individuel à cette formation. Mais en fait, la formulation résulte d’un compromis entre partisans d’un rôle affiché de l’Alliance en Irak et ceux qui, comme la France, plaident «pour le moins d’Otan possible» dans ce pays. En d’autres termes, tous les pays de l’Alliance souhaitent participer à la stabilité et à la sécurité mais personne ne s’entend vraiment sur les modalités. Faut-il contribuer à la formation de l’armée, de la gendarmerie ou la police irakienne, l’organisation atlantique servant de coordinateur entre les différentes initiatives; si oui, comment et où ?
Si les Etats-membres sont de fait en mesure de dispenser cette formation, l’Alliance, comme entité, ne dispose pas de moyens spécifiques dans ce domaine et les modalités d’aide de chacun donneront encore ultérieurement lieu de débats. La France, moteur de l’Europe de la Défense, entend témoigner de sa forte implication dans les nouvelles structures de l’Alliance mais s’oppose à tout rôle additionnel de l’Alliance en Irak, soulignant qu’«elle a déjà du mal à fournir les effectifs additionnels en Afghanistan».
«Une présence inopportune»
La France et l’Allemagne réitèrent leurs divergences avec Washington et affirment donc qu’elles n’enverront aucun soldat sur le sol irakien. Le président français, Jacques Chirac, s’est réjoui du transfert de souveraineté en Irak: «le retour à la souveraineté en Irak est à nos yeux une condition nécessaire (…) au rétablissement de la paix, de la démocratie et du développement dans ce pays». Mais il a également rappelé que «l’Otan n’a pas vocation à intervenir dans ce pays» et que sa présence sur le sol irakien était «inopportune» et qu’elle «risquerait d’être mal comprise», soulignant par ailleurs que les conséquences négatives «seraient sans doute très supérieures », notamment sur le plan psychologique, aux bénéfices d’une telle intervention. Jacques Chirac préconise au préalable «l’envoi sur place d’une mission d’évaluation» de la situation.
Condoleezza Rice a déclaré que «l’Otan [allait] insister pour que cette formation (ndlr : concernant l’armée et la police irakienne) se mette en place rapidement et pour que ce ne soit pas un long exercice de planification», reconnaissant par ailleurs que «la formation sera surtout assurée par les Etats-membres».
La délégation française, de son côté, se félicite de ce constat, et a fait savoir qu’elle ne s’opposerait pas aux formations des officiers ou aux cadres de la police à l’étranger, pas plus qu’aux entraînements des soldats sur leur propre sol, mais qu’elle refusait que l’entraînement porte le label «Otan» ce qui engagerait les pays membres du seul fait de leur appartenance à l’Organisation.
En somme, si l’Otan cautionne la demande d’Iyad Allaoui, les 26 nations doivent encore définir quel soutien elles apporteront. Trois semaines après le vote unanime du Conseil de sécurité, l’administration américaine n’aura pas réussi à fédérer tous les alliés autour du dossier irakien. Mais la France, qui n’entend pas s’enfermer dans une opposition de principe, a préféré obtenir des Américains des concessions rendant un compromis possible.
par Dominique Raizon
Article publié le 28/06/2004 Dernière mise à jour le 28/06/2004 à 15:42 TU