Côte d'Ivoire
Les Forces nouvelles font bande à part
(Photo: AFP)
Initialement prévue à Yamoussoukro, la réunion à laquelle étaient conviés tous les partis d’opposition regroupés au sein du G7 a finalement été ouverte le 29 juin à Abidjan. Le parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le Rassemblement des républicains (RDR), l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) et le Mouvement des forces d’avenir (MFA) ont répondu présents à l’invitation présidentielle. Les Forces nouvelles ont refusé de s’associer à cette initiative jugeant le président Gbagbo «facteur de blocages». Un des objectifs de la réunion est la relance des activités du gouvernement boudé depuis plusieurs mois par les ministres de l’opposition.
Après avoir rencontré la délégation des ambassadeurs mandatés par le Conseil de sécurité des Nations unies, une délégation de chefs d’Etat de CEDEAO, une mission de l’Union africaine, le président Gbagbo est arrivé à la conclusion qu’il fallait renouer le dialogue avec les partis politiques et que sa politique de fermeté ne recevait pas le soutien de la communauté internationale. Le président de la République ivoirienne a alors remis en selle le Premier ministre Seydou Diarra, choisi au terme des négociations de Marcoussis, en janvier 2003, pour diriger le gouvernement de réconciliation nationale. Tout comme les ministres dudit gouvernement, il ne tient pas sa légitimité du président de la République, c’est aussi pourquoi il a signifié à Laurent Gbagbo son désaccord sur le limogeage des certains ministres du gouvernement.
Seydou Diarra a repris contact avec tous les membres de la coalition gouvernementale qui ont accepté le principe d’une relance des discussions avec le pouvoir, mais en limitant précisément les prérogatives présidentielles. Mais Laurent Gbagbo se réfère à la constitution du pays pour rappeler aux uns et aux autres les attributs de sa fonction et l’étendue de son pouvoir. Pour sortir de ce cercle vicieux, il prend conseil auprès de ses « doyens », vieux routards de la politique que sont les présidents Omar Bongo du Gabon et Gnassingbé Eyadéma du Togo au pouvoir depuis près de 40 ans. Le 26 juin il était à Libreville chez Omar Bongo avant de rejoindre Gnassingbé Eyadéma, le 28 juin, dans son village natal de Kara, dans le nord du Togo. C’est d’ailleurs sous la bénédiction des ces deux chefs d’Etat que se tient le première réunion de relance du dialogue politique après la répression sanglante de la manifestation interdite du 25 mars dernier.
La rébellion craint d’apparaître affaiblie
Seuls les ex-rebelles manquent à l’appel du président Gbagbo, moins par désaccord profond avec le pouvoir que par manque d’unité en leur propre sein. C’est un euphémisme de dire que les Forces nouvelles sont opposées au pouvoir d’Abidjan, alors les vrais raisons qui poussent les Forces nouvelles à faire bande à part se retrouvent dans les affrontements fratricides des 20 et 21 juin dernier qui ont fait plusieurs dizaines de morts dont un chef de guerre Bamba Kassoum dit «Kass». Il est un ardent défenseur du pacte qui a conduit à la rébellion qu’incarne selon lui Ibrahim Coulibaly, alias IB, poursuivi par la justice française pour une tentative de déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Libre mais sous contrôle judiciaire il doit être fixé sur son sort dès le 2 juillet prochain. Une rébellion, dont les fondamentaux sont sapés, qui craint de tenir devant le président Gbagbo un discours incohérent ne veut pas apparaître devant lui affaiblie. D’ailleurs IB multiplie les communiqués en appelant les uns et les autres au respect et à l’application de l’accord de Marcoussis. En tout cas, les Forces nouvelles ont d’abord préféré colmater les fissures de leur édifice que de se présenter à Abidjan diminuées et contestées.par Didier Samson
Article publié le 29/06/2004 Dernière mise à jour le 29/06/2004 à 15:23 TU