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Côte d'Ivoire

Les efforts de la CEDEAO

La CEDEAO demande au président Laurent Gbagbo de relancer le dialogue. 

		(Photo : AFP)
La CEDEAO demande au président Laurent Gbagbo de relancer le dialogue.
(Photo : AFP)
Le président Laurent Gbagbo fera le 21 juin au soir, une nouvelle déclaration à la nation. Du retour des Etats-Unis, il est pris dans le tourbillon d’une intense activité diplomatique. Les pays africains reprennent l’initiative du débat pour tenter de sauver le processus de paix, au point mort depuis la manifestation réprimée de l’opposition les 25 et 26 mars 2004.

Une brève rupture du cessez-le-feu, après les accrochages de Gohitafla ont fait craindre le pire. Mais finalement le calme est revenu dans les zones tampon entre les positions des Forces nouvelles, l’opération Licorne et les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci). Les différentes parties impliquées dans les accrochages ont adopté un langage diplomatique pour minimiser l’événement. De part et d’autre on a parlé de mouvement «d’éléments incontrôlés», et on n’a pas jugé utile non plus de publier des bilans trop précis des attaques et ripostes. Cet arrangement est alors présenté comme une volonté «de ne pas en rajouter». La contre partie qui en découle est la reprise des négociations sans préalable.

Au début du mois de juin, lors d’une visite aux Etats-Unis, le président Laurent Gbagbo avait sollicité aux Nations unies une aide exceptionnelle pour parvenir au désarmement des différents groupes armés. Le président en fait une exigence primordiale qui conditionne le retour de la paix en Côte d’Ivoire. Les experts onusiens ont profité de cette occasion pour insister auprès du président ivoirien sur la contradiction flagrante à propos de sa démarche au siège de l’ONU et ses discours à Abidjan qui jettent le discrédit sur l’organisation, sans oublier les méthodes de ses farouches partisans que sont «les Jeunes patriotes».

Ce rappel à l’ordre est suivi d’une douce pression auprès des chefs d’Etat africains de la région qui ont jugé utile de réactiver un comité de médiation de la crise ivoirienne mis en place au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Le président Gnassingbé Eyadéma du Togo a alors remis sur le chemin d'Abidjan et de Bouaké son Premier ministre, Koffi Sama pour tenter de renouer les files du dialogue. Depuis le limogeage par le président Laurent Gbagbo de trois ministres du gouvernement de transition, dont Guillaume Soro, ministre d’Etat chargé de la Communication, les Forces nouvelles ont rappelé «leurs ministres du gouvernement» à Bouaké, menaçant le pays de scission, alors que les ministres des partis signataires de l’accord de Marcoussis, regroupés au sein du G7 (sept partis d’opposition) font la grève du Conseil des ministres.

La légitimité de Marcoussis

Les négociateurs de la CEDEAO tentent de ramener tout le monde autour de la table de négociation, mais le G7 et le parti du président, ses partisans et le Front populaire ivoirien (FPI) sont arc-boutés sur leurs positions. Le président Gbagbo ne veut pas revenir sur sa décision de renvoi des ministres du gouvernement, or ces derniers ne lui reconnaissent pas cette prérogative et disent tenir leur légitimité de l’accord de Marcoussis. Par ailleurs on avance à grands pas vers les échéances électorales prévues par l’accord de Marcoussis. Les consultations devraient démarrer en octobre prochain.

C’est pourquoi, le président du Ghana et président en exercice de la CEDEAO, John Kufuor a provoqué un mini-sommet au siège de l’organisation à Abuja au Nigeria. Olusegun Obasanjo, chez lui, a donc accueilli Laurent Gbagbo, John Kufuor, et Gnassingbé Eyadéma le 20 juin pour un premier de la situation. Dans un communiqué publié avant le début de cette réunion, les 15 pays membres de la CEDEAO ont fait remarquer les risques de déstabilisation générale qui plane sur la région du fait de la crise ivoirienne. On suppose alors que la réunion à huis clos, dont rien n’est encore révélé, a été essentiellement consacré à la recherche de solution pour sortir du blocage actuel de la crise en Côte d’Ivoire. La déclaration à la nation du président Laurent Gbagbo, dès le lendemain du sommet d’Abuja, fournira des éléments d’appréciation et relancera le processus de paix, c’est du moins ce qu’on espère au secrétariat général de la CEDEAO.

Le président Laurent Gbagbo qui a déjà préparé son intervention devra tenir compte d’autres événements survenus ce 21 juin à Bouaké. Des tirs ont été entendus et selon certaines sources proches des Forces nouvelles, Guillaume Soro aurait échappé à une tentative d’assassinat. Les mêmes sources affirment que le convoi du leader des Forces nouvelles a été attaqué la veille, le 19 juin à Korhogo. Au sein de la rébellion des bandes rivales, taxées d’aile dure, auraient choisi de manifester leur différence.  



par Didier  Samson

Article publié le 21/06/2004 Dernière mise à jour le 21/06/2004 à 14:25 TU