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Transport aérien

Camair : à quand la fin des turbulences ?

La réintégration du Boeing 767-300 permet à la compagnie Cameroon Airlines de reprendre ses vols internationaux. 

		(photo : AFP)
La réintégration du Boeing 767-300 permet à la compagnie Cameroon Airlines de reprendre ses vols internationaux.
(photo : AFP)
Après une semaine d’angoisses, la Cameroon Airlines a repris ses vols long courrier. La compagnie aérienne nationale a dû débourser près de 4 milliards FCFA, pour reprendre le Boeing 767-300 qui assure ces liaisons, et qui avait été repris par le loueur Ansett depuis la semaine dernière, suite au non paiement des arriérés de location accumulées par une compagnie financièrement sinistrée, qui attend espère tout de l’État.
De notre correspondant à Yaoundé

Cela pourrait s’apparenter à un happy landing, un heureux atterrissage : le retour dans la compagnie aérienne nationale, du Dja, fleuron de cette flotte, d’autant plus important dans le dispositif, que l’appareil assure, depuis ce mardi, les vols internationaux à partir du Cameroun, et notamment en direction de Paris. Un semaine d’incertitudes et d’angoisses s’est écoulée.

Jusque là, l’équipe dirigeante, vivait, avec les désagréments faits à la clientèle, et les maque à gagner, comme un cauchemar. L’opérateur australo-américain Ansett Worldwide, avait, depuis mercredi dernier, selon une disposition fort critiquée du contrat signé avec la Camair, ôté de la flotte de la compagnie, ce Boeing-767, suite à des arriérés de loyer accumulés par la partie camerounaise. La Camair a donc dû, grâce au concours de l’État camerounais et dans l’ urgence, débourser quelque 3 milliards  685 millions de FCFA, pour des créances qui, de l’aveu même de sa direction, devaient s’élever au 15 juillet à 2 milliards 400 millions FCFA. Traduction : la compagnie a dû, à la faveur de cette crise, payer  en plus des arriérés dus à Ansett, plus d’un milliard FCFA au titre de pénalités.

Le Dja revenu, il reste à la Camair à refaire une flotte jugée peu satisfaisante. Après le retrait par Ansett mercredi dernier de deux autres avions –deux Boeing-757– prévus pour assurer les vols nationaux et régionaux, mais dont les conditions de location n’étaient pas satisfaisants aux yeux de la compagnie, la direction envisage d’explorer de nouveaux cieux. Thoams Dakayi Kamga, a ainsi annoncé qu’il entendait reprendre des négociations sur ce volet avec Ansett.

Depuis le mois de juillet 2003, un comité stratégique avait déjà identifié les grands axes d’u redéploiement heureux de la Camair dans les airs. Les experts avaient ainsi élaboré un plan en trois articulations, prévoyant : la reconfiguration de la flotte, en sorte que la compagnie dispose d’un gros porteur assurant les vols longs courriers, et de trois appareils 737 pour les lignes régionales et nationales. Deuxième point défini par le comité stratégique : la concentration de l’activité de la Camair sur les lignes intérieures et régionales, avec une sortie sur Paris. Enfin, le spécialistes préconisaient le renforcement entre la Camair et Air France. Ces trois mesures, espérait alors le comité stratégique, devaient permettre à la Camair, de faire une entrée bénéfique dans Sky Team , qui regroupe les compagnies la plus prestigieuses à travers le monde. Les ambitions actuelles de la Camair semblent se situer en droite ligne de ce plan d’action.

Un effort gigantesque de l’État

Reste que ka compagnie est confrontée à de sérieuses difficultés financières, comme l’a montré l’épisode du retrait de ses appareils la semaine dernière. Selon des estimations, il fallait pas moins de 14 milliards FCFA à court terme, pour assurer le retour à la flotte du Dja, –avec ce que cela supposait de pénalités à payer à Ansett– d’une part, et la location de deux 737, et d’un appareil qui servirait de « doublure » au Dja, d’autre part. L’équipe à Dakayi Kamga qui s’active avec enthousiasme à la recherche de ces financements sait par ailleurs que même  si la recherche s’avérait fructueuse, les conditions de remise à flot de la compagnie vont au-delà de cette enveloppe.

Selon des experts, la plan élaboré par le comité stratégique, « nécessite un effort gigantesque de l’État », qui se décline en deux principales exigences : l’assainissement du passif de la Camair, qui se chiffre à quelques 90 milliards FCFA, d’un côté ; et de l’autre, la recapitalisation de l’entreprise. Etant entendu que l’assainissement, à lui seul serait adossé sur une série de mesures, en particulier, la reprise par l’Etat, des dettes de la compagnie vis-à-vis de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne (Asecna), de la Caisse natonale de prévoyance sociale (CNPS, organisme camerounais de prestations sociales), des Aéroports du Cameroun (ADC), et des Aéroports de Paris (ADP). Dans cette optique, la Camair verrait déjà ses dettes réduites de quelques 50 milliards de FCFA.

A ceux qui prévoient qu’un tel plan de redressement de la Camair se heurterait éventuellement aux desiderata des  bailleurs de fonds très regardants sur les finances publiques camerounaises, les tenants de ce plan de sauvetage, relativisent ces appréhensions, évoquant de mesures similaires, prises par l’État, lors de la restructuration du secteur bancaire, en pleine période d’ajustements.

Une constante : l’État détient les voies de sorties de la zone de turbulence dans laquelle se trouve la Camair depuis des années. « Ce que nous voulons c’est que l’État nous paye à temps les factures de prestations. Et dans les circonstances actuelles, ce que nous demandons à l’État, c’est de nous couvrir pour nous permettre d’avoir accès au financement bancaire. Les banquiers sont très exigeants pour prêter et ils le sont encore plus lorsqu’on a affaire à une compagnie qui a connu des difficultés », résume poliment, Thomas Dakayi Kamga.

Ces doléances ne sont pas inconnues de son destinataire : cela fait des années que ça dure.

par Valentin  Zinga

Article publié le 02/07/2004 Dernière mise à jour le 02/07/2004 à 08:12 TU