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Ciel africain

Après Air-Afrique, Air-Cemac ?

Malgré les déboires et la disparition de la compagnie multinationale Air-Afrique, les contre-coups de la désorganisation de ce secteur après les attentats du 11 septembre 2001, la Cemac (Communauté économique des Etats d’Afrique centrale) tente de lancer une nouvelle expérience en poussant à la création d’une compagnie régionale : Air CEMAC.
L’idée n’est pas nouvelle dans l’esprit des experts et chefs d’Etat de la CEMAC. Les ministres des transports du Cameroun, du Gabon, du Tchad, de la Guinée équatoriale, de la Centrafrique et du Congo Brazzaville, réunis en mars 1999 à Libreville (Gabon) avaient décidé du principe, avant d’élaborer à Bangui le 18 Août 1999 un accord final de création d’une compagnie aérienne. Le préambule de l’acte constitutif faisait état du désir des signataires «de favoriser le développement d’un service de transport aérien sûr et ordonné entre les Etats membres de la Communauté de renforcer la coopération aérienne dans toutes ses formes».

La coopération, le développement, l’intégration économique et l’interpénétration des peuples sont les slogans martelés par les concepteurs du projet dont certains, pour le compte de leurs pays, siégeaient encore au conseil d’administration de la compagnie Air Afrique déjà agonisante. Lors du 3ème sommet de la CEMAC à Yaoundé en décembre 2001, les chefs d’Etat se sont saisis du dossier pour souhaiter que la future compagnie aérienne sous-régionale combine ses activités avec celles des compagnies nationales et étrangères déjà opérationnelles dans la sous-région. Une précision qui revêt toute son importance quand on sait que le Cameroun et le Gabon ont leurs propres compagnies nationales (Cameroun Airlines, Air Gabon) qui se maintiennent plus par des politiques de prestige national que par des résultats performants.

Une gestion privée

Alors que ces compagnies sont toutes déficitaires, le Cameroun et le Gabon n’ont jamais envisagé leur disparition au profit d’une société commune. Ces mêmes Etats étant les plus gros débiteurs de leurs compagnies, la CEMAC a opté pour une gestion privée de la nouvelle compagnie. Elle réserve 22% du capital de l’entreprise aux hommes d’affaires ressortissants des pays de la région. Une action est à 10 000 francs CFA et une souscription de moins de 200 actions n’est pas prise en compte. Les parts restantes sont réparties entre les Etats membres, des groupes d’affaires et des institutions financières. Les experts de la CEMAC disent vouloir éviter de faire des Etats de la Communauté les actionnaires majoritaires de la Compagnie à l’instar d’Air Afrique détenu à 68,44% par les Etats membres du consortium, à 11,84 % par Air France et à 8,87% par l’Agence française de développement (AFD).

Par ailleurs, les membres du comité de pilotage du projet prévoient en décembre 2004 la première assemblée générale des actionnaires, même si pour l’instant aucun engouement des particuliers n’est constaté. Un argument de crédibilité exhibé par le comité de pilotage est son partenariat technique à finaliser avec de grands groupes internationaux reconnus dans l’aviation civile. On évoque aussi la demande de transport aérien de et vers la zone CEMAC évaluée en 2000 à 720 000 passagers en long courrier, à 830 000 passagers régionaux en dehors des flux touristiques pour susciter l’adhésion au projet d’Air CEMAC. Mais, selon le bi-hebdomadaire Le Messager, ces arguments n’ont pas beaucoup convaincu les milieux d’affaires du Cameroun. Les hommes d’affaires douteraient de la rentabilité de cette nouvelle compagnie et de «la faible capacité du marché sous régional à absorber les produits aéronautiques».



par Didier  Samson

Article publié le 31/07/2003