Ciel africain
Les compagnies privées profitent du vide
Le transport aérien en Afrique est un champ de ruines. Swissair et Sabena en faillite, retrait de KLM, difficultés d'Air Afrique, tarifs élevés d'Air France. Bon nombre d'états africains se retrouvent enclavés, sans liaisons vers l'Europe. Cela fait le jeu des compagnies privées.
A Lomé, une petite compagnie privée, la Transtel qui desservait jusque là Abidjan, se sent pousser des ailes jusqu'à Paris. Elle prévoit d’assurer deux liaisons hebdomadaires entre le Togo et l'Europe à partir du 11 décembre. Mais comment trouver les avions ? Le montage est complexe : c'est un groupe privé, Eagle aviation, qui fournira l'Airbus A300-B4 chargé de relier Paris. Avec ses petits avions Viscount, Transtel va chercher le client jusqu'à Abidjan et les ramène à Lomé pour remplir l'Airbus pour Paris. Tout occupée à relancer Air Ivoire et clore le dossier Air Afrique, le gouvernement ivoirien s'oppose à ce que Transtel rallie directement Paris d'Abidjan.
Et pour éviter les déboires d'Air Afrique, Jean-Pierre Moreau, le patron belge de Transnet et l'un des principaux investisseurs de la ligne, assure que les appareils appartiennent en pleine propriété au consortium. Pas de leasing, pas de prêt. Donc pas de surprise en cas de difficulté financière. Restait à obtenir le visa d'entrée, les droits d'atterrissage et de décollage à Paris-Charles De Gaulle. Transtel s'est associé à la compagnie nationale Air Togo, détenteur de 4 fréquences régulières sur Paris inutilisées faute d'avions. Des fréquences qui intéressent Transtel mais pour pouvoir commencer au plus vite la desserte, Transtel se contentera jusqu'en mars prochain d'une autorisation au coup par coup accordée par la Direction générale de l'Aviation civile aux compagnies charters, en demandant une réciprocité puisque le Français Corsair atterrit deux fois par semaine à Lomé.
Les vols d’Air Mali affichent complet
Même schéma pour Air Mali qui vient d'inaugurer cette semaine une liaison bi-hebdomadaire Paris-Bamako. Le deuxième vol - complet - a décollé de Paris ce jeudi. Bany Kante, directeur général d'Air Mali, explique : «Air Mali détient les droits d'atterrissage et de décollage à Paris mais nous n'avons pas d'avions. Nous avons signé un accord avec la CAMAIR, Cameroun Airlines, pour une desserte régionale mais pour rallier Paris, c'était un peu trop lourd. Alors nous avons trouvé un actionnaire de référence, qui apporte ses avions.» Cet investisseur providentiel, c'est Air Maintenance Corporation, spécialisée dans les vols de touristes entre l'Europe et l'Egypte. La deuxième compagnie égyptienne qui met à disposition d'Air Mali un Airbus A 300 et un MD90. Et son PDG Saber El-Sayer entend bien que l'opération soit rentable immédiatement. Il vient d'engager mercredi à Bamako un milliard de CFA dans l'opération, ce qui lui donne 49 % du capital de la nouvelle Air Mali.
Là encore, le statut de ces liaisons vers le terminal T9 de Roissy est celui des vols charters. Car les conditions à remplir pour obtenir un droit d'atterrissage sont moins draconiennes que pour des vols réguliers, explique la direction générale de l'aviation civile à Paris. Pour les vols charters, il faut répondre à des contraintes techniques et légales de maintenance et de certification. Pour les vols réguliers, il faut un accord bilatéral entre les gouvernements des deux pays. Or de tels accords existent en faveur d'Air Afrique mais aussi des compagnies nationales. Et comme Air France disposent de droits d'atterrissage et de décollage dans tous ces pays, la réciprocité devrait s'imposer et garantir l'ouverture de nouvelles dessertes. Pour le plus grand bonheur de la clientèle et de quelques investisseurs avisés.
Et pour éviter les déboires d'Air Afrique, Jean-Pierre Moreau, le patron belge de Transnet et l'un des principaux investisseurs de la ligne, assure que les appareils appartiennent en pleine propriété au consortium. Pas de leasing, pas de prêt. Donc pas de surprise en cas de difficulté financière. Restait à obtenir le visa d'entrée, les droits d'atterrissage et de décollage à Paris-Charles De Gaulle. Transtel s'est associé à la compagnie nationale Air Togo, détenteur de 4 fréquences régulières sur Paris inutilisées faute d'avions. Des fréquences qui intéressent Transtel mais pour pouvoir commencer au plus vite la desserte, Transtel se contentera jusqu'en mars prochain d'une autorisation au coup par coup accordée par la Direction générale de l'Aviation civile aux compagnies charters, en demandant une réciprocité puisque le Français Corsair atterrit deux fois par semaine à Lomé.
Les vols d’Air Mali affichent complet
Même schéma pour Air Mali qui vient d'inaugurer cette semaine une liaison bi-hebdomadaire Paris-Bamako. Le deuxième vol - complet - a décollé de Paris ce jeudi. Bany Kante, directeur général d'Air Mali, explique : «Air Mali détient les droits d'atterrissage et de décollage à Paris mais nous n'avons pas d'avions. Nous avons signé un accord avec la CAMAIR, Cameroun Airlines, pour une desserte régionale mais pour rallier Paris, c'était un peu trop lourd. Alors nous avons trouvé un actionnaire de référence, qui apporte ses avions.» Cet investisseur providentiel, c'est Air Maintenance Corporation, spécialisée dans les vols de touristes entre l'Europe et l'Egypte. La deuxième compagnie égyptienne qui met à disposition d'Air Mali un Airbus A 300 et un MD90. Et son PDG Saber El-Sayer entend bien que l'opération soit rentable immédiatement. Il vient d'engager mercredi à Bamako un milliard de CFA dans l'opération, ce qui lui donne 49 % du capital de la nouvelle Air Mali.
Là encore, le statut de ces liaisons vers le terminal T9 de Roissy est celui des vols charters. Car les conditions à remplir pour obtenir un droit d'atterrissage sont moins draconiennes que pour des vols réguliers, explique la direction générale de l'aviation civile à Paris. Pour les vols charters, il faut répondre à des contraintes techniques et légales de maintenance et de certification. Pour les vols réguliers, il faut un accord bilatéral entre les gouvernements des deux pays. Or de tels accords existent en faveur d'Air Afrique mais aussi des compagnies nationales. Et comme Air France disposent de droits d'atterrissage et de décollage dans tous ces pays, la réciprocité devrait s'imposer et garantir l'ouverture de nouvelles dessertes. Pour le plus grand bonheur de la clientèle et de quelques investisseurs avisés.
par Dominique THIERRY
Article publié le 06/12/2001