Ciel africain
Sommet de la dernière chance
Deux mois après un sommet réuni en urgence à Abidjan, les chefs d'Etat des pays membres d'Air Afrique doivent se retrouver le 14 août à Brazzaville (au lieu de 13, report annoncé par le ministère congolais des Transports). Un seul point à l'ordre du jour : le sauvetage de la compagnie aérienne moribonde. Plus de 4000 emplois sont en jeu.
Les chefs d'Etat des onze pays membres de la compagnie aérienne panafricaine Air Afrique, qui détiennent ensemble 68% des parts de la société, ne peuvent plus tergiverser. Alors que leurs ministres des Transports auront déblayé le terrain pendant le week-end, ils se retrouvent lundi 13 août à Brazzaville afin d'élaborer un plan de la dernière chance pour la compagnie en faillite virtuelle depuis des mois.
Les difficultés d'Air Afrique ne sont certes pas récentes et remontent, au moins, à 1991. Une cinquième tentative de sauvetage, destinée à stabiliser et restructurer l'entreprise avant privatisation, a été confiée fin janvier à un administrateur délégué, l'Américain Jeffrey Erickson. Dès son arrivée, sa proposition de mise en chômage technique de 2000 des 4200 salariés de la compagnie a entraîné des grèves et mouvements sociaux à répétition qui ont aggravé la situation financière déjà désastreuse, sans que, par ailleurs, de vraies solutions d'avenir se fassent jour.
Le 13 juin dernier, réunis en sommet d'urgence à Abidjan, siège de la compagnie aérienne, les chefs d'Etat des pays membres (Bénin, Burkina-Faso, Centrafrique, Congo, Côte d'Ivoire, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo) décidaient de mandater deux d'entre eux, le président ivoirien Laurent Gbagbo et le président sénégalais Abdoulaye Wade pour prendre les contacts politiques nécessaires à la résolution de la crise. Les deux émissaires vont donc rendre compte de leur mission à Brazzaville, mais ils ne pourront pas se contenter de cela.
Thérapie de choc
En effet, on attend de ce sommet qu'il définisse une thérapie de choc seule à même d'éviter la liquidation. L'administrateur, délégué à l'origine par la Banque mondiale pour se pencher au chevet d'Air Afrique, les appelle à prendre des «décisions fermes». Le personnel, dans l'incertitude depuis des mois, souhaite être finalement fixé sur son sort.
La crise financière d'Air Afrique se double désormais d'une crise sociale dont les effets se sont fait sentir ouvertement quand, fin juillet à Abidjan, Jeffrey Erickson a été empêché par les employés locaux d'Air Afrique de prendre un avion à destination de Paris où il se rendait pour quelques jours de vacances. La polémique s'est par ailleurs engagée sur le montant des rémunérations de l'administrateur et des conseillers qu'il a appelés à ses côtés pour accomplir sa mission.
Quelle que soit la stratégie de redressement d'Air Afrique retenue par les chefs d'Etat, on sait déjà qu'ils comptent beaucoup sur le soutien de la compagnie Air France. Et de fait, lors de leur voyage à Paris au moment du salon de l'aéronautique au Bourget, en juin dernier, le président Wade l'a confirmé au président français Jacques Chirac, tandis que, de son côté, le président ivoirien rencontrait Jean-Cyril Spinetta, président de la compagnie nationale française.
Il pourrait bien y avoir malentendu. La compagnie Air France, actionnaire à près de 12% d'Air Afrique ne souhaite pas de désengager mais n'entend pas, pour autant, faire plus sur le plan financier. La compagnie française est prête, en revanche, à apporter une aide en matière de gestion, de formation pour permettre à Air Afrique de ressortir la tête de l'eau. Cependant, Air France entreprise commerciale destinée à gagner de l'argent, demeure une compagnie dont le capital est détenu à 56% par l'Etat français qui pourrait tenter d'assouplir la position des gestionnaires d'Air France.
Les difficultés d'Air Afrique ne sont certes pas récentes et remontent, au moins, à 1991. Une cinquième tentative de sauvetage, destinée à stabiliser et restructurer l'entreprise avant privatisation, a été confiée fin janvier à un administrateur délégué, l'Américain Jeffrey Erickson. Dès son arrivée, sa proposition de mise en chômage technique de 2000 des 4200 salariés de la compagnie a entraîné des grèves et mouvements sociaux à répétition qui ont aggravé la situation financière déjà désastreuse, sans que, par ailleurs, de vraies solutions d'avenir se fassent jour.
Le 13 juin dernier, réunis en sommet d'urgence à Abidjan, siège de la compagnie aérienne, les chefs d'Etat des pays membres (Bénin, Burkina-Faso, Centrafrique, Congo, Côte d'Ivoire, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo) décidaient de mandater deux d'entre eux, le président ivoirien Laurent Gbagbo et le président sénégalais Abdoulaye Wade pour prendre les contacts politiques nécessaires à la résolution de la crise. Les deux émissaires vont donc rendre compte de leur mission à Brazzaville, mais ils ne pourront pas se contenter de cela.
Thérapie de choc
En effet, on attend de ce sommet qu'il définisse une thérapie de choc seule à même d'éviter la liquidation. L'administrateur, délégué à l'origine par la Banque mondiale pour se pencher au chevet d'Air Afrique, les appelle à prendre des «décisions fermes». Le personnel, dans l'incertitude depuis des mois, souhaite être finalement fixé sur son sort.
La crise financière d'Air Afrique se double désormais d'une crise sociale dont les effets se sont fait sentir ouvertement quand, fin juillet à Abidjan, Jeffrey Erickson a été empêché par les employés locaux d'Air Afrique de prendre un avion à destination de Paris où il se rendait pour quelques jours de vacances. La polémique s'est par ailleurs engagée sur le montant des rémunérations de l'administrateur et des conseillers qu'il a appelés à ses côtés pour accomplir sa mission.
Quelle que soit la stratégie de redressement d'Air Afrique retenue par les chefs d'Etat, on sait déjà qu'ils comptent beaucoup sur le soutien de la compagnie Air France. Et de fait, lors de leur voyage à Paris au moment du salon de l'aéronautique au Bourget, en juin dernier, le président Wade l'a confirmé au président français Jacques Chirac, tandis que, de son côté, le président ivoirien rencontrait Jean-Cyril Spinetta, président de la compagnie nationale française.
Il pourrait bien y avoir malentendu. La compagnie Air France, actionnaire à près de 12% d'Air Afrique ne souhaite pas de désengager mais n'entend pas, pour autant, faire plus sur le plan financier. La compagnie française est prête, en revanche, à apporter une aide en matière de gestion, de formation pour permettre à Air Afrique de ressortir la tête de l'eau. Cependant, Air France entreprise commerciale destinée à gagner de l'argent, demeure une compagnie dont le capital est détenu à 56% par l'Etat français qui pourrait tenter d'assouplir la position des gestionnaires d'Air France.
par Francine Quentin
Article publié le 10/08/2001