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Ciel africain

Air France prend les manettes

Les chefs d'Etat, premiers ministres et ministres des transports représentant les onze pays membres d'Air Afrique ont adopté le plan proposé par Air France pour sauver la compagnie aérienne panafricaine. La nouvelle société qui verra le jour, après liquidation de la société actuelle, aura Air France pour actionnaire principal.
Après des heures de discussions, à Brazzaville, où ils s'étaient réunis en sommet de crise, les représentants des pays membres Air Afrique ont décidé de suivre les propositions d'Air France pour tenter de sauver de la compagnie aérienne moribonde. Air France préconisait la liquidation de la compagnie actuelle, plombée par un endettement de plus de 300 milliards de FCFA, et la création d'une nouvelle structure au capital profondément remanié. En effet, les onze Etats-membres qui détenaient 68% du capital d'Air Afrique n'en posséderont plus que 22%, tandis qu'Air France passera de 12% à 35% du capital. La compagnie française, actionnaire principal, s'est également engagée à verser 50 milliards de FCFA, soit 76,2 millions d'euros, comme fonds de roulement de la future compagnie. C'est ce montant que l'administrateur provisoire d'Air Afrique Jeffrey Erickson avait fixé comme nécessaire à la recapitalisation de l'entreprise. En outre, des institutions financières africaines comme les banques centrales de la zone franc (BCEAO et BCEAC) ainsi que la Banque africaine de développement détiendront 38% des parts et 5% seront proposés au personnel.

A l'issue de la réunion le président sénégalais Abdoulaye Wade précisait que la nouvelle compagnie Air Afrique reprendrait les 4200 salariés, à l'exception des départs volontaires et des mises en retraite. Il ajoutait même que 500 recrutements seraient réalisés. Un responsable d'Air France démentait peu après et de manière formelle la reprise de tous les salariés, évaluant les sureffectifs à 1 500 ou 2 000 emplois. Dans les propositions de la compagnie française figurait en effet un plan social dont Air France a confirmé la nécessité.

Mission accomplie pour Wade et Gbagbo

Les résultats du sommet de Brazzaville n'en constituent pas moins un succès pour les présidents sénégalais et ivoirien Abdoulaye Wade et Laurent Gbagbo, chargés lors de la précédente réunion de crise, le 13 juin à Abidjan, d'une mission de contacts politiques afin de trouver une solution rapide. Leur voyage à Paris, fin juin, et les rencontres avec le président de la République Jacques Chirac et le président d'Air France Jean-Cyril Spinetta ont donc porté leurs fruits. Les Etats africains concernés se voient retirer, en se désengageant partiellement du capital, une coûteuse épine du pied.

Du côté d'Air France l'intérêt est moins évident. Jusqu'à une date récente la compagnie française ne semblait guère intéressée par sa concurrente en difficulté et se préoccupait davantage des opérations de restructuration en cours à AOM-Air Liberté. D'autant que le dossier Air Afrique avait été pris en main par la Banque mondiale qui envisageait une restructuration rapide, suivie d'une privatisation. Elle avait d'ailleurs délégué pour cela l'Américain Jeffrey Erickson qui, contesté dans l'entreprise vient d'être remercié par les chefs d'Etat réunis à Brazzaville.

Pour expliquer cette prise de participation renforcée dans Air Afrique, la compagnie Air France met en avant le partenariat stratégique, commercial et technique entre les deux compagnies. De fait, le réseau des dessertes entre les deux compagnies se recoupe sensiblement sur un axe Europe-Afrique. Outre 23 capitales africaines, Air Afrique dessert 6 villes d'Europe dont Paris, Rome et Zurich, ainsi que New York et deux capitales du Moyen-Orient.

La compagnie Air France qui affiche un chiffre d'affaires en augmentation alors que le contexte est plus difficile pour le transport aérien, est engagée dans une politique de partenariats tous azimuth. Depuis juin 2000, Air France a lancé Sky Team avec Aéromexico, Delta, Korean Air et maintenant Alitalia et a conclu des accords avec une quarantaine de compagnies dans le monde. Pour la compagnie la France est en effet «la porte d'entrée naturelle pour la desserte de l'Europe, de l'Afrique et du Moyen-Orient». Le Hub (plate-forme de correspondance) de Roissy-Charles de Gaulle dispose d'un potentiel de développement important. Ainsi, Air France a conclu des accords dits de partage de codes au terme desquels destinations et vols sont commercialisés de façon partagée et les vols effectués par l'une ou l'autre compagnie. Les compagnies concernées sont, entre autres, Iberia, South African Airways, British european, Air Seychelles, Tunisair et Royal Air Maroc.




par Francine  Quentin

Article publié le 15/08/2001