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Soudan

Renaud Muselier : «c’est un conflit civil»

Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Renaud Muselier, de retour du Darfour, rend compte de sa mission humanitaire et de ses rencontres dans cette région du Soudan. 

		(Photo : Didier Samson/RFI)
Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Renaud Muselier, de retour du Darfour, rend compte de sa mission humanitaire et de ses rencontres dans cette région du Soudan.
(Photo : Didier Samson/RFI)
Le secrétaire d’Etat français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, de retour du Darfour tire sur la sonnette d’alarme pour prévenir une catastrophe humanitaire majeure. Une pression diplomatique s’exerce actuellement sur le gouvernement soudanais pour qu’il offre à tous les citoyens du pays une protection égale.

«Les exactions commises ne doivent pas rester impunies», a souvent répété Renaud Muselier, le secrétaire d’Etat français aux Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse sur la situation humanitaire au Darfour qu’il a pu observer du 20 au 24 juin dernier sur le terrain. Le ministre français a croisé là-bas, Kofi Anan, le secrétaire général de l’ONU, Colin Powell, le secrétaire d’Etat américain et Alpha Oumar Konaré, le président de la Commission de l’Union africaine qui ont tous remarqué la très grande précarité et le dénuement dans lequel vivent les populations du Darfour. Toutes ces personnalités évoquent aussi l’urgence des réponses à apporter à la situation dans cette partie du Soudan où un million de personnes sont déplacées, sur un total 7 millions.

Les organisations humanitaires entretiennent des camps de réfugiés, mais sont en nombre très réduit et les aides sont difficilement acheminées vers les populations. Dans des termes à peine voilés, diplomates et organisations humanitaires accusent le gouvernement de Khartoum de laisser faire les milices arabes janjawids qui sèment la terreur. Selon le ministre français, Khartoum a la possibilité d’agir pour rétablir la sécurité dans le Darfour, mais il est aussi victime de ses propres contradictions. «Les milices arabes pro-gouvernementales ont acquis une certaine liberté d’action», précise Renaud Muselier et qui embarrasse le pouvoir. Cependant le ministre français a noté de la part du pouvoir une volonté de sortir de cette crise. C’est pour cela qu’il a pris l’initiative de créer à l’intérieur des camps de réfugiés une police interne.

Mais tous les observateurs sont unanimes pour dire que l’insécurité n’est pas à l’intérieur des camps mais plutôt à l’extérieur. Tony Blair, le Premier ministre britannique envisage des sanctions contre le régime soudanais pour le contraindre à coopérer dans le sens souhaité par la communauté internationale. «Nous devons aussi être capables de contrôler les activités des milices», précise Tony Blair. En effet plusieurs sources confirment qu’après les combats, les Janjawids rasent entièrement les villages en y mettant le feu. Les hommes sont systématiquement tués et femmes et enfants sont jetés dans la nature à la recherche d’un abri. La saison des pluies est imminente dans cette partie du pays, «alors il faut craindre le pire sur le plan humanitaire», prévient Renaud Muselier.

Sanctionner Khartoum

La sanction pour faire entendre raison au gouvernement soudanais est, par ailleurs, une solution que l’organisation des droits de l’Homme Human Rights Watch suggère au Conseil de sécurité des Nations unies. Elle n’exclut pas non plus l’usage de la force. La logique de la sanction est retenue par les Etats-Unis qui vont soumettre au Conseil de sécurité un projet de résolution qui imposerait à Khartoum, le désarmement des milices janjawids accompagné de restriction de voyages. La responsabilité du gouvernement soudanais dans le drame du Darfour ne fait plus aucun doute pour les organisations de défense des droits de l’Homme. Human Rights Watch accuse le régime soudanais de «nettoyage ethnique», de «crimes contre l’humanité» et demande la constitution d’une commission d’enquête internationale. Des parlementaires américains de retour du Soudan parlent de «graines du génocide semées au Darfour».

La France, par Renaud Muselier a plutôt choisi des termes plus mesurés pour évoquer le drame du Darfour. «Nous sommes plutôt en face d’un conflit civil», précise Renaud Muselier qui estime que les pressions internationales qui s’exercent actuellement sur le régime de Khartoum devraient bientôt donner des résultats encourageants. «La France est très attentive à l’application de l’accord de cessez-le-feu conclu à N’Djamena, en avril 2004», affirme le ministre qui fonde beaucoup d’espoir dans les négociations de paix qui vont s’ouvrir à Addis-Abeba, dès le 15 juillet prochain sous l’égide de l’Union africaine. L’Europe manifeste son soutien à la recherche de la paix en mettant à disposition une somme de 40 millions d’euros. «La participation de la France s’élève à plus de10  millions d’euros», assure Renaud Muselier qui précise par ailleurs qu’un officier supérieur français vient d’être désigné vice-président de la commission d’application du processus de paix au Darfour.



par Didier  Samson

Article publié le 07/07/2004 Dernière mise à jour le 08/07/2004 à 07:15 TU

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Renaud Muselier

Secrétaire d'Etat français aux Affaires étrangères

«Au Darfour, ce n'est pas un génocide mais une guerre civile.»

[08/07/2004]

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