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Union africaine

Explications en famille

Le président nigérian, Olusegun Obasanjo, nouveau président en exercice de l'Union africaine. 

		(Photo : AFP)
Le président nigérian, Olusegun Obasanjo, nouveau président en exercice de l'Union africaine.
(Photo : AFP)
Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) ne qualifie pas de génocide les exactions commises au Darfour soudanais. Avant lui, l’Onu et surtout les Etats-Unis avaient ainsi exonéré Khartoum de toute volonté d’épuration ethnique, multipliant toutefois les sommations pour que cessent les attaques des miliciens arabes contre les villages noirs. L’UA peut se suffire de recommandations à l’endroit de l’hôte de son prochain sommet. Le Zimbabwe obtient aussi de laver en famille le linge sale de ses droits de l’homme. Le Gabon et la Guinée équatoriale se font des promesses cordiales. La Côte d’Ivoire est appelée autour du tapis vert à Accra, au Ghana, le 29 juillet prochain.

Président en exercice de l’UA pour une année, le chef de l’Etat du Nigéria, Olusegun Obasanjo, a succédé mardi à son homologue mozambicain, Joaquim Chissano. Le géant pétrolier ouest-africain prend ainsi le tour de Madagascar qui s’est désisté après l’arrivée mouvementée de Marc Ravalomanana à la magistrature suprême dans la Grande île. L’année prochaine, le cénacle panafricain devrait se transporter à Khartoum et le président soudanais succéder à Olusegun Obasanjo. En attendant, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA «salue l'engagement pris par le gouvernement de désarmer et neutraliser les milices janjawid». Il «exhorte» Khartoum à «aller jusqu'au bout de ses engagements», prêchant au passage le jugement des responsables de massacres et le dédommagement des victimes. Une recommandation de «conseil de famille» qui ne tranche guère avec le passé mais qui n’empêche pas Olusegun Obasanjo de faire valoir son expérience de médiateur (en Afrique australe comme de l’Ouest), mais aussi la stature de gendarme régional du Nigéria, comme garanties de sa détermination dans le règlement des conflits et la promotion économique du continent. Dans l’immédiat, le président Obasanjo évitera de soumettre à ses pairs le rapport accablant rédigé par la section droits de l’homme de l’UA sur le Zimbabwe. En revanche, il sera à Accra le 29 juillet prochain pour une nouvelle tentative de conciliation inter ivoirienne.

«Feuille de route claire»

Selon le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, qui en a fait l’annonce mardi soir à l’issue d’un mini-sommet à Addis-Abeba, les Ivoiriens sont à nouveau conviés autour du tapis vert sous les auspices d’une pléiade de chefs d’Etat africains et de dignitaires internationaux. «Nous avons pu examiner les divergences et la manière d'avancer», explique Kofi Annan en annonçant une «feuille de route claire», comportant un «programme d'action» et une invitation à Accra qui aurait été acceptée par le président ivoirien, Laurent Gbagbo, les partis d'opposition et les anciens rebelles des Forces nouvelles. Les pays de l’ancien G-7 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Canada) devraient également être représentés à cette rencontre que Kofi Annan souhaite «concrète et constructive».

Selon le responsable des opérations de maintien de la paix de l’Onu, Jean-Marie Guéhenno, Addis-Abeba a été l’occasion d’aborder, avec «franchise», les différentes pommes de discorde entre Ivoiriens et en particulier la question du désarmement et de la promulgation des lois conformes à l’esprit de réconciliation. Le huis-clos de deux heures et demi en marge du sommet de l’UA a également autorisé des échanges non moins directs entre les présidents ivoirien et burkinabé, devant leurs pairs et voisins du Ghana et du Nigéria mais aussi devant l’entremetteur gabonais, Omar Bongo, qui semble désormais distancer le médiateur togolais, Gnassingbé Eyadema, absent d’Addis-Abeba.

En attendant, toujours en marge du sommet, le président Bongo et son homologue équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema, se sont promis de régler le différend territorial qui les oppose dans le Golfe pétrolier de Guinée sur l'îlot de Mbanié. Ils ont ratifié un document en présence de Kofi Annan, décidément omniprésent pour engranger les promesses sur cette scène panafricaine. En fait, les deux parties se sont engagées «formellement à négocier un accord» dont «les termes seront déterminés ultérieurement». Libreville et Malabo devrait au moins d’ici là se retenir d’envenimer la querelle de souveraineté relancée en février 2003 par les déclarations d’un fils d’Omar Bongo.

En Afrique centrale, la querelle entre Kinshasa et Kigali n’est toujours pas vidée. Mais à Addis-Abeba, le ministre des Affaires étrangères rwandais, Charles Murigande fait des offres de service militaire panafricain. «Nous avons des forces qui sont là et peuvent servir à la construction de la paix», dit-il. En Afrique australe, Robert Mugabe paraît de son côté avoir échappé à l’adoption d’un très critique rapport sur les droits de l'homme au Zimbabwe. Le document est prêt depuis deux ans. Les avis sur la question sont visiblement partagés sur son opportunité puisque c’est quand même la section droits de l’homme de l’UA qui l’a rédigé. Mais jusqu’à présent, la puissante Afrique du Sud est parvenue à faire prévaloir son hostilité farouche à la mise au pilori de son voisin, de peur notamment que les questions foncières - également brûlantes dans l’Etat «arc-en-ciel» - ne sautent la frontière. Même édulcoré, le texte n’a guère de chance de franchir les portes du cénacle car il «manque d’objectivité», selon Harare. Et la diatribe de l’archevêque de Bulawayo (la métropole sudiste du Zimbabwe), n’est pas vraiment de nature à convaincre les membres de l’UA qu’il accuse de ne rien faire d’autre que «se soutenir les uns les autres et boire du thé ensemble».

«Argent virtuel»

«Les leaders africains ne cessent de répéter qu'il appartient au peuple du Zimbabwe de trouver une solution. C'est juste une excuse, ils ont peur d'affronter la réalité» des élections frauduleuses et de la répression, s’indigne le dignitaire religieux du Zimbabwe où s’annoncerait, selon les humanitaires, une famine massive à la veille des législatives, prévues pour mars 2005. Mais le Zimbabwe n’est pas au programme de l’UA. L’arme alimentaire non plus. Le Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad) est en revanche présenté comme un remède miracle, l’un de ses initiateurs, le président sénégalais Abdoulaye Wade, annonçant même que «au moins cinq milliards de dollars sont prêts à s'investir en Afrique». Il s’agirait d’une estimation de promesses émanant du Japon, du Canada et de l’Inde.

«Nous avons énormément d'argent virtuel, c'est-à-dire annoncé aujourd'hui, prêt à s'investir dans les projets du Nepad. Ce qui a manqué jusqu'à présent, c'est un organisme pour discuter directement avec les bailleurs de fonds qui ont annoncé leur volonté d'investir», explique Abdoulaye Wade, pressentant les présidents Obasanjo et Konaré pour aller s’assurer de ces potentialités auprès des bailleurs de fonds. Le président de la Commission de l’UA préconise en effet une «stratégie d’influence » pour défendre la cause du Nepad. Car, dit-il, il faut trouver «plus de ressources que ni l’annulation totale de la dette demandée depuis plus de 25 ans, ni le doublement de l’aide publique au développement promise depuis plus de 30 ans, ne permettront car ils représenteraient 45 milliards de dollars de ressources additionnelles, loin des 64 milliards de dollars que nécessiterait, chaque année, la mise en œuvre du Nepad».

Pour tirer l’Afrique de l’ornière, Alpha Konaré en appelle à un plan Marshall «de la dimension de celui que l’Europe a reçu de l’Amérique au lendemain de la deuxième Guerre mondiale». Il reprend aussi pour le compte de l’UA l’idée alter mondialiste d’une «taxe Tobin» sur les «transactions financières internationales et le commerce des armes». Reste quand même d’abord à résoudre les conflits de pouvoir qui prennent la forme de guerres, faute d’alternatives démocratiques.



par Monique  Mas

Article publié le 07/07/2004 Dernière mise à jour le 07/07/2004 à 16:46 TU

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