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Portugal

Sampaio renonce à dissoudre

L'actuel maire de Lisbonne, Pedro Santana Lopes, officiellement nommé Premier ministre. 

		(Photo: AFP)
L'actuel maire de Lisbonne, Pedro Santana Lopes, officiellement nommé Premier ministre.
(Photo: AFP)
Le président socialiste Jorge Sampaio a nommé au poste de Premier ministre le président du Parti social démocrate (PSD, centre droit), Pedro Santana Lopes. Entre enthousiasme et déception, le choix de ce nouveau chef du gouvernement ne manque pas de susciter de vives réactions.

Jorge Sampaio a tranché. A la dissolution du parlement et l’organisation d’élections législatives anticipées, le président Jorge Sampaio aura finalement préféré la nomination d’un nouveau Premier ministre. Une mesure motivée par la nécessité de maintenir la stabilité politique au Portugal, en conservant au pouvoir un ministre de même formation politique que l’ancien Premier ministre José Manuel Durão Barroso, nommé à la présidence de la Commission européenne. En effet, l’annonce de la démission de Durão Barroso le 5 juillet dernier avait ouvert une relative crise politique au Portugal, prématurément orpheline de son chef de gouvernement. Jorge Sampaio devait donc décider rapidement des modalités pour trouver un successeur à Barroso.

Décision rapide mais qui n’en demeurait pas moins stratégique. Plusieurs alternatives s’offraient à lui : dissoudre ou nommer, et dans ce dernier cas, il avait encore la possibilité de choisir entre un homme de même formation politique que le Premier ministre démissionnaire, le PSD, et un candidat du parti de l’opposition, le Parti socialiste. L’attention s’est alors portée ces derniers temps sur deux leaders politiques, susceptibles de prétendre au poste de chef du gouvernement. D’un côté, bien que jugé peu charismatique par la population portugaise, le principal pressenti pour le poste est Pedro Santana Lopes, nouveau président du PSD et actuel maire de Lisbonne. De l’autre, Eduardo Ferro Rodrigues, secrétaire général du Parti socialiste, est encouragé par le succès de son parti aux dernières élections européennes : 44,52% des voix contre 33,25% à la coalition gouvernementale PSD/CDS-PP.

Le pressentiment est devenu réalité. Jorge Sampaio a résisté aux appels de son parti, favorable à une dissolution qui aurait porté le Parti socialiste à la tête du parlement. En conséquence, l’actuel maire de Lisbonne, Pedro Santana Lopes, est aujourd’hui officiellement nommé Premier ministre. « J’ai décidé de donner l’occasion à la majorité actuelle de former un nouveau gouvernement » a déclaré le président portugais vendredi 9 juillet. Mais si la nomination de ce nouveau Premier ministre fait des heureux, l’enthousiasme est loin d’être partagé par tous. Du côté du Parti socialiste, une telle décision a inévitablement entraîné déception et  méfiance. Eduardo Ferro Rodrigues, qui croyait jusqu’alors gagner la tête du parlement, a annoncé sa démission après cette « défaite personnelle et politique ». Dans certains milieux de droite également, le nouveau chef du gouvernement ne fait pas l’unanimité et reste critiquer  pour « son populisme et son instabilité ».

Poursuivre la politique de Barroso

Tous les regards se portent aujourd’hui sur le nouveau Premier ministre, qui prend officiellement les rênes du gouvernement alors même qu’il est très controversé. Pedro Santana Lopes et ses ministres vont devoir répondre à un certain nombre d’attentes de la population portugaise et relever de multiples défis afin d’encourager la reprise économique. Le président Jorge Sampaio a sérieusement insisté sur le fait que « La continuité des politiques essentielles, l’Europe, la politique extérieure, la défense, la justice et les politiques de maîtrise budgétaire doit être rigoureusement respectée ». Par exemple, la lutte contre le déficit public reste une priorité pour que le Portugal ne compte plus parmi les plus mauvais élèves de l’Union européenne.  Le nouveau gouvernement devra s’attacher à respecter les règles établies par le Pacte de stabilité et de croissance et maintenir les efforts entamés depuis l’année dernière pour faire passer le déficit public en dessous de la barre des 3% du produit intérieur brut. « C’est très important pour garantir les objectifs internes et la crédibilité extérieure du Portugal » a estimé M. Santana Lopes.

Certes le gouvernement est nouveau mais les enjeux restent les mêmes. Voilà pourquoi la politique menée par Santana Lopes et ses ministres va s’inscrire dans une dynamique entamée par Durão Barroso depuis 2002. « J’envisage de présenter le même programme de gouvernement au parlement. Ce sera la meilleure garantie de continuité», a déclaré le nouveau Premier ministre, cité par une source du PSD. La rigueur budgétaire reste l’objectif majeur. A ce titre, il n’est pas encore envisagé d’abaisser l’impôt sur le revenu des particuliers ni d’augmenter les salaires dans la fonction publique, gelés l’an passé. Et Jorge Sampaio d’ajouter : « je tiendrais pour inacceptables des tournants radicaux dans ces politiques [jusque là mises en place] ».

Fortement décrié, le nouveau Premier ministre va devoir faire ses preuves pour gagner le soutien de tout le peuple portugais. Jorge Sampaio a averti qu’il utiliserait « la totalité de ses pouvoirs constitutionnels » pour garantir que les politiques essentielles « seront respectées » . Aucune dérive ne saurait être tolérée, le Président pouvant toujours choisir en dernier ressort d’user de l’arme de la dissolution.



par Clémence  Aubert

Article publié le 12/07/2004 Dernière mise à jour le 12/07/2004 à 15:53 TU