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Proche Orient

Etat d'urgence à Gaza

Yasser Arafat face à la crise. 

		(Photo : AFP)
Yasser Arafat face à la crise.
(Photo : AFP)
A quelques heures d’intervalle, trois affaires d’enlèvements sans précédent dans la bande de Gaza illustrent une instabilité croissante de la région, un an avant le retrait prévu de l’armée israélienne. Deux hauts responsables palestiniens puis des civils français, pris en otage vendredi soir, ont été libérés sains et saufs au bout de plusieurs heures. Mais face à cette crise d’autorité sans précédent, les forces de sécurité palestiniennes ont aussitôt été placées en état d’alerte, et Yasser Arafat décidé l’état d’urgence à Gaza.

Samedi, le premier ministre palestinien Ahmad Qoreï a remis sa démission au président Yasser Arafat qui lui a demandé aussitôt de la retirer «lui promettant une annonce de la refonte des services de sécurité», a déclaré à l’AFP un responsable proche de Ahmad Qoreï. En revanche, le président palestinien Yasser Arafat a décidé de limoger le chef de la police et de réduire de huit à trois le nombre des services de sécurité, soupçonnés de corruption. Ils seront désormais limités à la police, le service de sécurité générale, et le service de renseignements.

Le chef de la police de la bande de Gaza, Ghazi al Jabali, et un haut responsable de l’Autorité palestinienne ont été enlevés vendredi, ce qui a aussitôt poussé deux chefs de la sécurité palestinienne à présenter leur démission face à ce qu’un responsable a décrit comme une «accélération du glissement de la bande de Gaza vers le chaos». Cet enlèvement, revendiqué par les Brigades des martyrs de Jénine, affirment «avoir agi après des années d’inaction de la part de l’Autorité palestinienne face aux erreurs commises par des responsables de la police». Le chef de la police a été libéré par ses ravisseurs: un haut responsable a déclaré, sous le couvert de l’anonymat, que «Jabali avait été libéré parce qu’Arafat avait accepté de le traduire en justice pour des faits de corruption présumée». Libéré, il a été aussitôt limogé;

Yasser Arafat doit refondre les services de sécurité

Puis ce sont quatre ressortissants français, qui se trouvaient dans la bande de Gaza dans le cadre de projets de coopération avec les Palestiniens, qui ont été enlevés à Khan Younis, contraints, par une vingtaine de personnes armées, de se rendre dans un hôtel. Les Français travaillaient pour des associations Evry-Palestine, et Electriciens sans frontières apportant leur aide dans la reconstruction. Ils ont été libérés samedi, déclarant qu’ils «avaient été correctement traités». Abou Koussaï, chef des activistes des Brigades Abou Rich, qui ont enlevé ces employés humanitaires venus de la banlieue parisienne, a déclaré que «l’issue pacifique à ce drame est due à l’intervention d’Artafat, de responsables des Nations-Unies et de diplomates français: nous avons résolu le problème entre nous» sans autres précisions.

Les Français ont été enlevés par les Brigades Abou Rich, et les officiers par les Brigades des Martyrs de Jénine. Les deux groupes font partie des comités de résistance populaire liées au Fatah, mais échappent à tout contrôle. Cette série d’enlèvements successifs illustre les défis croissants auxquels est confronté le président de l’Autorité palestinienne, qui doit faire face à des activistes désireux de renforcer leur position à l’approche du plan de désengagement de la bande de Gaza -qu’Ariel Sharon compte achever avant la fin 2005. «Nous appelons la direction à limoger tous les symboles de la corruption qui siègent toujours à la tête de nombreux postes de responsabilité» indiquent les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa dans un communiqué, exhortant les responsables palestiniens «honnêtes» à «assumer leurs responsabilités et à démissionner si la direction continue d’ignorer cette demande».

Yasser Arafat s’était engagé le 23 juin à réorganiser ses services de sécurité «dans les six semaines», lors d’un entretien tendu avec le chef des renseignements égyptiens, le général Omar Souleimane, lequel avait insisté sur la nécessaire réduction de ces services à trois. Confronté à une crise d’autorité sans précédent, c’est désormais chose faite.



par Dominique  Raizon

Article publié le 17/07/2004 Dernière mise à jour le 17/07/2004 à 13:00 TU

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Lionel Brisson

Président de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine

«Il faut faire une distinction entre ce qu'il se passe ailleurs dans la région et à Gaza. Je ne pense pas que les Français étaient la cible.»

[17/07/2004]

Mahmoud Labadi

Le directeur général du conseil palestinien

«Je regrette que des événements ont eu lieu à Gaza...»

[17/07/2004]

Bertrand

de l'association humanitaire "Evry-Palestine"

«Il y a des gens qui ont manifestement envie de faire parler d'eux, d'une manière qui est extrêmement maladroite..»

[17/07/2004]

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