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Union européenne

Parlement : Josep Borrell élu président

Bronislaw Geremek (G) a recueilli 78 voix de plus que prévu, venues du camp favorable à Josep Borrell (D). 

		(Photo : AFP)
Bronislaw Geremek (G) a recueilli 78 voix de plus que prévu, venues du camp favorable à Josep Borrell (D).
(Photo : AFP)
Le socialiste espagnol Josep Borrell a été élu, comme prévu, président du parlement européen. Mais son principal concurrent, le libéral polonais Bronislaw Geremek, a recueilli plus de suffrages que ne l’aurait laissé penser l’accord intervenu entre les deux principaux groupes parlementaires en faveur de son adversaire.

En vertu de l’accord conclu entre les deux principaux groupes du parlement européen, le parti populaire européen (PPE) et le parti socialiste européen (PSE), le socialiste espagnol Josep Borrell a été élu président de cette assemblée, au premier tour de scrutin. L’arrangement entre les deux  groupes, numériquement les plus importants, prévoit que le socialiste occupera cette fonction jusqu’à fin 2006, date à laquelle il sera remplacé par un représentant du PPE, probablement l’actuel président du groupe, l’Allemand Hans-Gert Poettering.

Toutefois les deux groupes comptabilisent 268 voix pour le PPE et 200 pour le PSE et un strict respect de l’accord aurait dû amener, mathématiquement, 468 suffrages à Josep Borrell. Or celui-ci n’en recueille que 388, soit 80 voix qui manquent à l’appel, signe que, dans le secret de l’isoloir, des députés européens ont fait défection. Nombre de ces voix se sont portées sur le principal concurrent de leur candidat théorique, le libéral polonais Bronislaw Geremek qui recueille 208 voix, soit 78 de plus que le total de ceux qui s’étaient chaudement engagés en sa faveur : les écologistes qui disposent de 42 députés et le nouveau groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE) qui compte 88 membres. Le candidat de la gauche radicale, le communiste français Francis Wurtz a recueilli 51 voix. 

Alliance « contre-nature »

Les partisans de Bronislaw Geremek, dont au premier rang le centriste français François Bayrou, ont dénoncé l’« accord sous la table pour se partager les places » que représente l’accord électoral « contre-nature » entre les deux groupes, opposés sur le plan politique. Bronislaw Geremek, figure historique du syndicat Solidarnosc et ancien ministre des Affaires étrangères dans son pays, leur apparaissait comme un « fantastique symbole » pour les nouveaux pays qui ont intégré l’Europe en mai dernier. En s’affranchissant des consignes de vote de leur groupe les députés qui ont voté en faveur du candidat polonais ont montré  comme les y invitait François Bayrou « ce qui est le plus important pour eux et pour l’Europe, la discipline opaque des partis ou la liberté de penser, les appareils ou l’histoire "

Les députés déçus que l’élection du président du parlement européen ait été jouée d’avance risquent d’avoir la même impression pour ce qui concerne, le 22 juillet, l’approbation parlementaire de la nomination du Portugais José Manuel Durao Barroso à la tête de la Commission européenne, à partir du 1er novembre. Désigné par les gouvernements de l’Union européenne, le futur président de la Commission doit recueillir la majorité simple des voix des députés pour que sa nomination soit validée.

M. Durao Barroso a été successivement reçu et passé au crible des questions de tous les groupes politiques du parlement européen, les 13 et 14 juillet dernier, au cours de plus de dix heures d’auditions. Cette opération séduction devrait porter ses fruits car le postulant peut se prévaloir du soutien massif du PPE, groupe dont il est originaire. Au sein du groupe socialiste on laisse planer le suspense mais les députés espagnols, allemands et britanniques qui en font partie ne devraient pas s’opposer à la nomination d’un candidat désigné par un gouvernement de leur bord au pouvoir dans leur pays. Le cas est plus douteux pour les socialistes français, dans l’opposition en France. Flou également sur les intentions de vote au groupe centriste ADLE. Les seuls opposants déclarés à la candidature de José Manuel Durao Barroso sont les verts et la gauche radicale qui ne totalisent que 83 membres.



par Francine  Quentin

Article publié le 20/07/2004 Dernière mise à jour le 20/07/2004 à 12:27 TU

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Bronislaw Geremek

Ancien ministre polonais des Affaires étrangères, ancien dissident et figure historique du syndicat Solidarnosc

«C'est un moment historique. Pour la première fois nous entrons dans cette grande institution : la démocratie européenne.»

[20/07/2004]

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