Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Francophonie

Abdou Diouf lance une offensive olympique

Abdou Diouf, secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie. 

		(Photo : AFP)
Abdou Diouf, secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie.
(Photo : AFP)
A l’occasion des Jeux olympiques d’Athènes, en août 2004, l’Organisation Internationale de la Francophonie et la France ont mis en œuvre un plan d’action en faveur de l’usage du français. Avec un objectif : faire en sorte que son statut de langue officielle du mouvement olympique soit respecté au mieux. Et une ambition : que les JO d’Athènes servent d’exemple pour ceux de Pékin en 2008.

Le choix d’Athènes pour organiser les Jeux olympiques est une aubaine pour la Francophonie. Non seulement la Grèce est un pays francophile qui aspire à entrer dans la communauté francophone. Elle a demandé à en devenir membre associé. Mais en plus, deux des principales responsables de la préparation de l’événement, la présidente du Comité d’organisation Gianna Angelopoulos-Daskalaki et la maire d’Athènes Dora Bakoyannis, elles-mêmes parfaitement francophones, ont été des interlocutrices particulièrement bienveillantes face aux arguments développés en faveur de l’usage de la langue française lors de Jeux olympiques.

Le message délivré par Abdou Diouf, le secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), lors de sa visite dans la capitale grecque, en février 2004, a été entendu et des efforts ont été réalisés pour répondre à ses demandes notamment en matière de signalisation dans les lieux publics et sur les sites sportifs. La version française du site internet des Jeux a aussi été alimentée et 30 000 pages y sont d’ores et déjà accessibles. Grâce à l’aide de la France, qui passe à chaque édition des Jeux une convention de coopération avec le comité d’organisation, des actions ont été menées en matière de traduction des documents ou de formation de volontaires francophones et d’interprètes. Abdou Diouf a d’autre part désigné pour la première fois un «grand témoin francophone» chargé d’assurer «la promotion et la visibilité de la Francophonie à Athènes». Cette tâche inédite a été confiée à Hervé Bourges, actuellement président de l’Union internationale de la presse francophone.

Préparer Pékin

Au-delà de la mission d’évaluation et de relations publiques qu’il doit mener à Athènes, le grand témoin devra aussi participer à la préparation des prochaines échéances olympiques en rédigeant un rapport destiné à être présenté aux chefs d’Etat et de gouvernement lors du prochain sommet de la Francophonie de Ouagadougou, en novembre 2004. Sa mission est, en effet, non seulement d’évaluer la place du français à Athènes mais aussi de proposer des idées nouvelles à mettre en œuvre lors des futurs rendez-vous sportifs. Et surtout pendant les prochains Jeux olympiques d’été à Pékin, en 2008. L’édition grecque des JO offre une opportunité de roder un partenariat et une méthode dans un environnement favorable pour pouvoir, comme l’a expliqué le ministre français de la Jeunesse et des Sports, Jean-François Lamour, «transférer des compétences afin que la France soit représentée à Pékin dans les mêmes conditions» qu’à Athènes.

Cette offensive olympique menée par Abdou Diouf n’est pas isolée et s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme de promotion du français dans la vie internationale. Souvent perçue comme une organisation à vocation culturelle, la Francophonie, qui s’est dotée d’une structure institutionnelle et d’un porte-parole, se veut aussi, et de plus en plus, politique. Et c’est dans ce cadre qu’elle participe à la promotion de la diversité linguistique, notamment en essayant de favoriser la pratique du français dans les institutions internationales du système des Nations unies mais aussi de l’Union européenne.

Abdou Diouf a d’ailleurs rencontré dans cette optique, le 12 juillet dernier, à Bruxelles plusieurs ministres européens des Affaires étrangères (France, Belgique, Luxembourg, Pologne, Grèce, Slovaquie, Slovénie, Bulgarie…) pour les encourager à utiliser le français dans les institutions européennes. Avec l’élargissement de l’Europe à 25 membres, le secrétaire général de la Francophonie craint, en effet, «un affaiblissement mécanique» du plurilinguisme et une utilisation de plus en plus systématique de l’anglais, même si 5 des nouveaux membres (Pologne, Lituanie, République tchèque, Slovaquie, Slovénie) sont observateurs à l’OIF.

De la même manière, le secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie a saisi l’occasion offerte par le XIe Congrès des professeurs de français, organisé cette année à Atlanta, pour expliquer de nouveau que «la diversité linguistique est devenue un enjeu politique majeur» et appeler à «renforcer le statut du français comme grande langue mondiale de communication et de transmission des savoirs». A Athènes, à Bruxelles ou à Atlanta, et demain à Pékin, la Francophonie ne veut décidément pas rater une occasion de parler français.

Athènes 2004



par Valérie  Gas

Article publié le 22/07/2004 Dernière mise à jour le 22/07/2004 à 06:08 TU