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Francophonie

Quand la diversité culturelle devient politique

Lors de la séance d’ouverture du sommet de la francophonie à Beyrouth, l’ensemble des intervenants ont plaidé en faveur du dialogue des cultures et de la diversité culturelle, une thématique de plus en plus politique. Jacques Chirac, le président français et Jean Chrétien, le Premier ministre canadien, ont tous les deux demandé aux États francophones de participer à l’élaboration d’une convention internationale sur ce thème.
De notre envoyée spéciale à Beyrouth

Le «dialogue des cultures» est le thème central du sommet de Beyrouth. Le Liban est le premier pays arabe à accueillir cet événement et pour Boutros Boutros-Ghali, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie, il s’agit d’un pays particulièrement symbolique lorsque l’on aborde cette problématique. «Ce premier sommet organisé en terre arabe est d’abord le sommet du Liban et du peuple libanais, réconciliés avec la vie, réconciliés avec l’avenir. Mais c’est aussi le sommet de l’espoir, dans une région déchirée par les conflits».

La thématique de la diversité culturelle prend aujourd’hui des accents politiques. Dans le monde de l’après 11 septembre encore plus qu’auparavant. Le sommet de Beyrouth a été reporté d’une année à cause des attentats contre les États-Unis mais cela a, d’une certaine manière, renforcé son intérêt. Il a lieu dans un contexte international encore extrêmement tendu et offre aux États francophones l’occasion de se positionner, une nouvelle fois, en tant que défenseurs du dialogue des cultures qui est un gage de paix.

Jacques Chirac a d’ailleurs été très clair sur ce point. «Dans un monde à la recherche de sens et de repères, la culture s’impose, porteuse d’espérance… Elle est l’arme de l’intelligence contre la force brute». Elle devient un argument diplomatique que les francophones veulent utiliser pour faire entendre leur voix dans la gestion des grandes crises internationales comme celles du Proche Orient ou de l’Irak. Jacques Chirac a d’ailleurs profité de son discours devant l’assemblée des chefs d’Etat francophones pour rappeler son point de vue sur ces deux dossiers sensibles. «Qu’il s’agisse de faire respecter ses obligations par l’Irak, de relancer le processus de paix israélo-palestinien ou de régler les conflits en Afrique, la même logique du droit doit nous inspirer, car elle seule nous garantira contre les tentations aventuristes».

Il est nécessaire que les peuples apprennent à «mieux se connaître»

Le président français s’est aussi placé dans une optique de développement et de «solidarité» «pour combattre ces injustices, ces frustrations et ces fléaux qui servent de prétexte aux terroristes pour perpétrer leurs crimes» et a proposé de consacrer le prochain sommet, à Ouagadougou, au développement durable. Il a aussi demandé que les pays industrialisés respectent leur engagement «de réduire de moitié d’ici 2015 le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté» et a annoncé que l’éducation serait désormais «une priorité de l’augmentation de l’aide publique au développement de la France». Mais en contrepartie, il a engagé les francophones à «mettre pleinement en œuvre la déclaration de Bamako» sur les droits de l’homme et a précisé que «nul ne peut prétendre appartenir à notre famille [francophone] s’il récuse ce fondement [la démocratie] de notre héritage commun».

Ce sommet de la francophonie donne donc l’occasion aux chefs d’Etat et de gouvernement qui y participent de dénoncer les raccourcis qui rapprochent le terrorisme de l’islam, souvent par ignorance. Pour le président français, il est nécessaire que les peuples apprennent à «mieux se connaître». C’est pour aller dans le sens de la découverte de la culture de l’autre qu’il a renouvelé son souhait d’ouvrir au musée du Louvre à Paris, un département consacré aux arts de l’islam. Et qu’il annoncé pour 2006 la création, toujours dans la capitale française, d’un festival des cultures et l’ouverture d’une maison de la francophonie.

La France et le Canada se sont aussi rejoints sur la nécessité pour les États francophones d’adopter un instrument juridique international concernant la diversité culturelle. Jean Chrétien a ainsi estimé qu’il permettrait «de protéger nos cultures respectives». Et Jacques Chirac a appelé les francophones à «soutenir à l’Unesco une convention sur la diversité culturelle».



par Valérie  Gas

Article publié le 18/10/2002