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Francophonie

En attendant les chefs d’État

A deux jours de l’ouverture du sommet de la francophonie, le terrain a été balisé. L’entrée des chefs d’État et de gouvernement dans la danse francophone est, en effet, traditionnellement précédée par la réunion des deux instances préparatoires qui regroupent les représentants spéciaux des gouvernants puis les ministres.
De notre envoyée spéciale à Beyrouth

«Nous allons au sommet avec confiance dans la force du consensus». Boutros Boutros-Ghali, le secrétaire de général de la francophonie, qui a dirigé avec Ghassan Salamé, le ministre de la Culture du Liban, les travaux du conseil permanent de la francophonie et de la conférence ministérielle, a fait part de sa satisfaction. Les discussions menées par les délégations réunies à Beyrouth depuis lundi ont permis de «rapprocher l’ensemble des points de vue». Même si tout le monde n’était pas d’accord sur l’ensemble des questions qui ont été abordées.

D’ailleurs, les délibérations des ministres durant la journée de mardi ont été un peu mouvementées. Des désaccords importants sont apparus, notamment sur la question de la démocratisation et des droits de l’homme. Ces divergences ont obligé les participants à prolonger leurs débats tard dans la soirée pour réussir, enfin, à se mettre d’accord sur les termes de la déclaration qui sera proposée à l’examen des chefs d’Etat et de gouvernement. Certaines délégations africaines mais aussi les Vietnamiens, les Laotiens et les Tunisiens ont, en effet, dénoncé les risques d’ingérence.

Mais au final, la «dernière étape» de la préparation du sommet a donc été franchie avec succès. Les trente-six ministres des Affaires étrangères et les chefs des délégations nationales présents ont approuvé à l’unanimité les textes concernant les sujets politiques, la réforme institutionnelle de l’organisation et la diversité culturelle qui figureront dans la déclaration de Beyrouth.

Le consensus a tout prix

La situation en Côte d’Ivoire, au Proche Orient, le terrorisme font partie des questions politiques sur lesquelles des propositions ont été élaborées. Le secrétaire général a d’ailleurs expliqué que le représentant ivoirien avait «remercié la francophonie pour son appui» dans la recherche d’une solution pacifique de la crise que connaît actuellement le pays et demandé que l’organisation «continue» ses efforts. Boutros Boutros-Ghali a précisé qu’une action diplomatique avait déjà été menée auprès des dirigeants et que la francophonie pouvait aussi envisager l’envoi d’une mission de médiation. De plus en plus, la francophonie semble vouloir aller vers la politisation de son action. Le ministre délégué à la Coopération français, Pierre-André Wiltzer, a ainsi pris position sur cette question en estimant que la francophonie devait réfléchir aux moyens par lesquels elles pourrait, à l’avenir, «réagir avec célérité dans la gestion des crises».

Bien entendu, le contenu définitif de la déclaration ne sera connu qu’à la fin du sommet. Une fois que les chefs d’Etat et de gouvernement auront examiné le projet et éventuellement apporté des modifications. D’ailleurs, le Liban a pris l’initiative d’organiser, cette année, une séance à huis clos entre les gouvernants pour discuter des questions politiques. On sait, malgré tout, que la francophonie désire l’adoption d’un instrument juridique pour institutionnaliser la diversité culturelle. Cet instrument sera-t-il contraignant ? Quelle forme prendra-t-il ? La question n’est pas encore tranchée. Mais l’objectif est ici, à terme, d’établir une collaboration avec l’Unesco en vue de l’adoption d’une convention internationale.

La défense de la diversité culturelle, qui est l’un des thèmes porteurs de la francophonie, n’est pas, selon Ghassan Salamé, une question «marginale». Bien au contraire, il s’agit d’un sujet qui est notamment au cœur des négociations de l’Organisation mondiale du Commerce et fait l’objet d’un «débat féroce» dont l’enjeu est à la fois politique et économique.

Le sommet va donc débuter, vendredi, sous le signe du consensus. Un objectif que les États membres de la francophonie désirent toujours atteindre pour préserver la force de leur union. C’est d’ailleurs par consensus qu’ils devraient désigner le successeur de Boutros Boutros-Ghali au poste de secrétaire général à la fin du sommet.



par Valérie  Gas

Article publié le 16/10/2002