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Francophonie

Le sommet de Beyrouth aura bien lieu

Reporté l’année dernière à cause de la crise internationale engendrée par les suites des attentats du 11 septembre et des frappes en Afghanistan organisées par les Américains dans le cadre de leur offensive contre le terrorisme, le IXe sommet des chefs d’Etat et de gouvernement francophones va finalement bien avoir lieu à Beyrouth, entre le 18 et le 20 octobre 2002. Et pourtant, cette année encore, tout aurait pu capoter au dernier moment en raison du contexte régional et international toujours aussi tendu. Entre le risque d’intervention militaire en Irak, la situation explosive en Israël, la crise ivoirienne, ce sommet va avoir un véritable enjeu politique.
Il y a un an, l’organisation du sommet de la Francophonie était présentée par les Libanais comme une opportunité offerte à leur pays de reprendre sa place dans le concert des nations. Ghassan Salamé, le ministre de la Culture, disait alors que cette conférence allait participer «à replacer le Liban sur la scène internationale». D’où leur vive déception lorsqu’il avait fallu annoncer son report faute de participants. Et leur joie de l’accueillir cette année, malgré tout. D’autant que la participation devrait finalement être importante. Le pays organisateur a, en effet, annoncé qu’il avait reçu au moins quarante réponses de la part des 55 Etats membres de la communauté invités à participer à la conférence et qu’il comptait sur la présence d’une trentaine de chefs d’Etat ou de gouvernement. La présence cette année du président Algérien, Abdelaziz Bouteflika, dont le pays n’est pas membre de la Francophonie mais qui fait partie des invités personnels du président libanais Emile Lahoud et a accepté pour la première fois d’assister à l’ouverture du sommet, est aussi une source de satisfaction pour le Liban.

Le thème de la conférence reste le même et demeure au cœur de l’actualité. En consacrant leurs débats au «dialogue des cultures», les représentants des Etats et communautés francophones aborderont la question clef des relations internationales dans cette année de l’après 11 septembre marquée par la lutte contre le terrorisme islamiste dirigée par les Etats-Unis, chefs de file du monde occidental. Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies (qui ne devrait pas assister au sommet) s’est d’ailleurs réjoui du choix de cette thématique: «Sans un dialogue suivi entre les nations… la paix ne saurait être durable et la prospérité ne sera jamais définitivement acquise».

«Puisse l’esprit de dialogue… rejaillir sur le reste du monde»

Fort de constat, il a même été jusqu’à espérer que de cette réunion des Etats francophones et de leurs représentants sorte un appel d’air pour calmer certaines crises internationales. «Puisse l’esprit de dialogue, de tolérance et de paix qui soufflera sur le Liban au cours des prochaines semaines rejaillir sur le reste du monde, et en particulier sur le Moyen-Orient qui en a bien besoin». Il est vrai que cette région n’est pas épargnée. A l’affrontement israélo-palestinien qui ne semble devoir trouver ni solution, ni accalmie, s’ajoute la menace d’une guerre avec l’Irak que les Etats-Unis font toujours peser sur la communauté internationale.

Les espoirs du secrétaire général ont peu de chances d’être exaucés. Mais il est clair, malgré tout, que la réunion d’une telle conférence à laquelle participent de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement va donner lieu à des prises de positions sur les grandes questions internationales. Et que celles-ci auront forcément un impact politique non négligeable alors même qu’aux Nations unies se négocie l’adoption d’une nouvelle résolution contre l’Irak à propos de laquelle les points de vue divergent, et que la diplomatie n’arrive pas à reprendre le dessus sur les armes en Israël.

Les questions africaines et surtout la tentative de coup d’Etat en Côte d’Ivoire feront certainement aussi l’objet de déclarations voire de résolutions. D’ores et déjà, l’actuel secrétaire général de la Francophonie, l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali, a fait part de sa préoccupation concernant la situation de ce pays et les manifestations de «xénophobie» qui y ont lieu. Il a aussi rappelé, tout en affirmant sa «solidarité» avec le gouvernement ivoirien, les engagements pris par les Etats francophones dans le cadre de la déclaration de Bamako pour «promouvoir la culture démocratique» mais aussi «veiller au respect de la dignité des personnes immigrées». La Francophonie a, en effet, choisi de faire de l’appui à la démocratisation et du respect des droits de l’homme ses principaux chevaux de bataille.



par Valérie  Gas

Article publié le 13/10/2002