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Francophonie

Beyrouth «<i>zone rouge</i>»

Le sommet de la Francophonie n’a pas encore commencé. Les chefs d’Etat n’arriveront pas avant jeudi et les ministres ne les précèdent que de quarante-huit heures pour participer à la traditionnelle réunion préparatoire qu’ils tiennent entre eux. Mais déjà, Beyrouth est devenue une ville en quête de francophonie sous haute surveillance.
De notre envoyée spéciale à Beyrouth

Dès l’arrivée à l’aéroport, les choses deviennent sérieuses. Mitraillettes et oreillettes se répartissent harmonieusement entre les militaires, qui quadrillent le périmètre, et les responsables du «protocole», qui tentent d’orienter les vagues successives de participants aux diverses activités francophones que la capitale libanaise abrite, cette année, en marge du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement qui doit se dérouler à partir de vendredi.

Pas de doute, Beyrouth est une cité en ébullition. En tout cas, son centre-ville entièrement rénové dans lequel les buildings modernes côtoient des bâtiments détruits par la guerre et des immeubles tout neufs mais que l’on a voulu construire dans un style architectural fidèle à l’esthétique orientale. C’est là que se tiennent la plupart des manifestations francophones directement liées au sommet. Dans ce que les Libanais ont appelé la «zone rouge», le périmètre de sécurité au sein duquel on ne pénètre qu’en montrant patte blanche, c’est à dire en sortant le seul sésame valable : la carte d’accréditation. Entre le superbe palace qui abrite les personnalités ou certaines délégations, et dans lequel se déroule la plupart des réunions des instances francophones, le Phoenicia, le centre de presse qui le jouxte et le lieu qui accueille la séance d’ouverture du sommet un peu plus loin, pas question de passer sans autorisation.

Plus question de passer

Des militaires ostensiblement armés montent la garde tous les cinquante mètres et à chaque barrage. En uniformes kakis ou noirs (Garde Républicaine), ils sont toujours là. Et des hélicoptères patrouillent dans le ciel pour assurer la surveillance aérienne. Les autorités ont annoncé le déploiement de 8 500 hommes dans la ville parmi lesquels un groupe anti-terroristes spécialement formé pour l’occasion. Leur plan prévoit une montée en puissance progressive au fur et à mesure de l’arrivée des personnalités. Lorsque les chefs d’Etat seront là, le secteur sera totalement bloqué. Plus question de passer. Tout le monde, résidents du quartier compris, devra se soumettre aux consignes de sécurité. Fouilles, passages sous des détecteurs de métaux, contrôles d’identité… Il est même prévu de fermer les écoles et les universités de Beyrouth pendant quatre jours.

Au cas où leur intervention serait nécessaire, les services de secours sont aussi opérationnels. Un centre médical a été installé à proximité de l’hôtel Phoenicia pour faire face aux urgences et des ambulances se trouvent sur tous les axes de circulation stratégiques.

Ce dispositif est rôdé. Il était déjà prêt l’année dernière, pour la date à laquelle devait initialement se tenir la conférence. Il a aussi été testé à l’occasion du sommet de la Ligue arabe, en mars 2001. Et ces derniers jours, des «simulations» ont été organisées pour préparer l’ensemble des agents au déroulement des opérations. Les Libanais affirment donc que tout est sous contrôle. D’ailleurs, ils ont annoncé l’arrestation, au début du mois d’octobre, de trois terroristes qui ont avoué qu’ils tentaient de mettre en place une cellule d’Al Qaïda dans le pays.

Il est vrai que l’arrivée de cinquante-cinq délégations internationales et d’une trentaine de chefs d’Etat a de quoi mettre les autorités libanaises sur les dents. Surtout dans un contexte international extrêmement tendu depuis les attentats du 11 septembre, où le risque terroriste est omniprésent. Mais les Libanais le savent et Ghassan Salamé, le ministre la Culture en charge de l’organisation de cette manifestation, l’a confirmé, ils n’ont «pas le droit à l’erreur».



par Valérie  Gas

Article publié le 14/10/2002