Francophonie
Union européenne : péril sur la langue française
A l’heure de l’élargissement à dix nouveaux pays, la place du français dans les institutions européennes est menacée. Une étude qui montre que parmi les observateurs des futurs Etats membres au Parlement européen, seuls 4 % parlent le français contre 14 % l’allemand et 82 % l’anglais, illustre ce danger. Le grand perdant de la bataille pour le maintien du multilinguisme en Europe pourrait bien être le français.
En 2004, dix nouveaux pays vont faire leur entrée dans l’Union européenne. Et qui dit élargissement dit traduction en vertu du principe de l’égalité des langues de tous les membres qui en théorie leur garantit un traitement équivalent. En théorie seulement. Car dans la pratique depuis déjà quelques années, l’anglais a pris le pas sur les autres langues européennes au premier rang desquelles figure le français.
L’élargissement de 1995, à l’occasion duquel la Finlande, la Suède et l’Autriche sont entrées dans l’Union européenne, a déjà donné l’occasion à l’anglais de creuser l’écart. A titre d’exemple, entre 1996 et 2001, le nombre de documents rédigés à l’origine en anglais à la Commission est passé de 44,7 % à 57 %, alors que les documents rédigés en français ont chuté de 38,5 % à 30 %. L’usage de l’anglais s’est aussi répandu largement dans les réunions de travail des différentes institutions.
L’arrivée de dix nouveaux membres issus de l’Europe centrale et orientale risque donc d’aggraver une tendance engagée par l’entrée dans l’Union des pays scandinaves rompus à l’anglais, qui avait déjà fait pencher la balance linguistique européenne en faveur de cette langue. Une étude réalisée auprès des 162 observateurs issus des futurs Etats membres qui participent aux séances plénières du Parlement européen, a montré que 82 % d’entre eux parlent l’anglais, 14 % l’allemand et seulement 4 % le français.
Enseigner deux langues vivantes
D’autres signes sont aussi révélateurs. De plus en plus d’annonces de recrutement pour des postes de fonctionnaires communautaires stipulent que le candidat doit être de langue maternelle anglaise. Ce qui est, bien évidemment, contraire au principe de non-discrimination à l’embauche qui figure dans le traité de la Communauté européenne. Sur certains sites Internet des institutions européennes, il n’est pas non plus exceptionnel de n’avoir accès aux informations qu’en anglais. Par exemple, sur celui de la Banque centrale européenne.
Dans un tel contexte, le député français Michel Herbillon, auteur d’un rapport intitulé Les langues dans l’Union élargie : pour une Europe en VO, prône le réalisme. «Le combat frontal du français contre l’anglais est déjà perdu». Mais il n’en demeure pas moins optimiste : «Le déclin du français est une réalité mais pas une fatalité... Il ne faut pas défendre le français contre l’anglais. Il faut promouvoir le français». C’est pourquoi il préconise d’abord de faire respecter la loi, et notamment de signaler toutes les infractions à la règle du multilinguisme ou de s’opposer aux réunions sans traduction, pour arrêter les dérives. Mais aussi d’inciter les pays européens à rendre obligatoire l’enseignement de deux langues vivantes. De cette manière, le français pourrait devenir «la première deuxième langue étrangère enseignée». A l’heure actuelle, seuls six pays sur 25 ont adopté cette politique.
La création d’un centre de préparation aux concours communautaires et de formation continue pour les fonctionnaires européens à Strasbourg, prévu par le Plan pluriannuel d’action pour le français dans le cadre de l’élargissement de l’Union européenne, mis en œuvre par l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, est une autre action concrète susceptible d’améliorer la place du français. Tout comme la formation de traducteurs et d’interprètes dont la tâche va devenir plus ardue lorsque vingt langues vont cohabiter.
De ce point de vue, l’élargissement a tout d’un casse-tête chinois. Le tout n’est pas en effet simplement de décider qu’il faut traduire les interventions et les documents des parlementaires européens qui s’expriment dans leur langue. Encore faut-il le pouvoir. Au-delà du problème du coût supplémentaire de ces traductions, il y a celui du recrutement des traducteurs. Pas facile en effet de trouver des interprètes capables de traduire le maltais en finnois. Dans ce contexte, des choix vont devoir être fait dans les différentes institutions notamment pour déterminer quelles langues vont être utilisées dans les réunions de travail. Plusieurs approches sont envisagées et font actuellement l’objet de négociations entre les Etats membres. Pour Michel Herbillon, le système le plus dangereux est celui qui consiste à faire payer les pays pour que leur langue soit utilisée. La contrainte financière risquerait en effet d’en inciter un certain nombre à recourir systématiquement à l’anglais. Une situation forcément préjudiciable à la préservation du multilinguisme et donc au français.
L’élargissement de 1995, à l’occasion duquel la Finlande, la Suède et l’Autriche sont entrées dans l’Union européenne, a déjà donné l’occasion à l’anglais de creuser l’écart. A titre d’exemple, entre 1996 et 2001, le nombre de documents rédigés à l’origine en anglais à la Commission est passé de 44,7 % à 57 %, alors que les documents rédigés en français ont chuté de 38,5 % à 30 %. L’usage de l’anglais s’est aussi répandu largement dans les réunions de travail des différentes institutions.
L’arrivée de dix nouveaux membres issus de l’Europe centrale et orientale risque donc d’aggraver une tendance engagée par l’entrée dans l’Union des pays scandinaves rompus à l’anglais, qui avait déjà fait pencher la balance linguistique européenne en faveur de cette langue. Une étude réalisée auprès des 162 observateurs issus des futurs Etats membres qui participent aux séances plénières du Parlement européen, a montré que 82 % d’entre eux parlent l’anglais, 14 % l’allemand et seulement 4 % le français.
Enseigner deux langues vivantes
D’autres signes sont aussi révélateurs. De plus en plus d’annonces de recrutement pour des postes de fonctionnaires communautaires stipulent que le candidat doit être de langue maternelle anglaise. Ce qui est, bien évidemment, contraire au principe de non-discrimination à l’embauche qui figure dans le traité de la Communauté européenne. Sur certains sites Internet des institutions européennes, il n’est pas non plus exceptionnel de n’avoir accès aux informations qu’en anglais. Par exemple, sur celui de la Banque centrale européenne.
Dans un tel contexte, le député français Michel Herbillon, auteur d’un rapport intitulé Les langues dans l’Union élargie : pour une Europe en VO, prône le réalisme. «Le combat frontal du français contre l’anglais est déjà perdu». Mais il n’en demeure pas moins optimiste : «Le déclin du français est une réalité mais pas une fatalité... Il ne faut pas défendre le français contre l’anglais. Il faut promouvoir le français». C’est pourquoi il préconise d’abord de faire respecter la loi, et notamment de signaler toutes les infractions à la règle du multilinguisme ou de s’opposer aux réunions sans traduction, pour arrêter les dérives. Mais aussi d’inciter les pays européens à rendre obligatoire l’enseignement de deux langues vivantes. De cette manière, le français pourrait devenir «la première deuxième langue étrangère enseignée». A l’heure actuelle, seuls six pays sur 25 ont adopté cette politique.
La création d’un centre de préparation aux concours communautaires et de formation continue pour les fonctionnaires européens à Strasbourg, prévu par le Plan pluriannuel d’action pour le français dans le cadre de l’élargissement de l’Union européenne, mis en œuvre par l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, est une autre action concrète susceptible d’améliorer la place du français. Tout comme la formation de traducteurs et d’interprètes dont la tâche va devenir plus ardue lorsque vingt langues vont cohabiter.
De ce point de vue, l’élargissement a tout d’un casse-tête chinois. Le tout n’est pas en effet simplement de décider qu’il faut traduire les interventions et les documents des parlementaires européens qui s’expriment dans leur langue. Encore faut-il le pouvoir. Au-delà du problème du coût supplémentaire de ces traductions, il y a celui du recrutement des traducteurs. Pas facile en effet de trouver des interprètes capables de traduire le maltais en finnois. Dans ce contexte, des choix vont devoir être fait dans les différentes institutions notamment pour déterminer quelles langues vont être utilisées dans les réunions de travail. Plusieurs approches sont envisagées et font actuellement l’objet de négociations entre les Etats membres. Pour Michel Herbillon, le système le plus dangereux est celui qui consiste à faire payer les pays pour que leur langue soit utilisée. La contrainte financière risquerait en effet d’en inciter un certain nombre à recourir systématiquement à l’anglais. Une situation forcément préjudiciable à la préservation du multilinguisme et donc au français.
par Valérie Gas
Article publié le 26/06/2003