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Sénégal

Liberté de la presse: la promesse de Wade

Jacques Chirac recevant Abdoulaye Wade sur le perron de l'Elysée, le 23 juillet 2004. 

		(Photo : AFP)
Jacques Chirac recevant Abdoulaye Wade sur le perron de l'Elysée, le 23 juillet 2004.
(Photo : AFP)
Le président Abdoulaye Wade de passage à Paris a été reçu au palais de l’Elysée par Jacques Chirac le 23 juillet. Le chef de l’Etat sénégalais a abordé avec son homologue français quelques sujets brûlants de la politique intérieure sénégalaise.

La détention provisoire depuis le 9 juillet dernier de Madiambal Diagne, journaliste et directeur de publication du Quotidien qui a mobilisé toute la presse sénégalaise, a été l’un des sujets abordés par Jacques Chirac et Abdoulaye Wade au cours de leur entretien vendredi à Paris. Le journaliste a été arrêté pour «diffusion de correspondances et de rapports secrets, diffusion de fausses nouvelles et diffusion de nouvelles tendant à causer des troubles politiques graves». Il a été présenté au juge d’instruction au moment où Abdoulaye Wade s’entretenait avec Jacques Chirac. Ce même jour à Dakar et à Paris le Collectif de journalistes pour la libération de Madiambal Diagne et la liberté de la presse au Sénégal organisait des marches de protestation. 

Jacques Chirac a rappelé à son invité «l’attachement de la France au respect des droits de l’Homme partout dans le monde, en particulier la liberté d’expression». Le président sénégalais a profité de cette occasion pour annoncer son intention de faire supprimer la disposition de la loi sénégalaise qui autorise ce type d’arrestation.

La guerre aux criquets et aux subventions cotonnières

Cette visite à Paris a été aussi l’occasion pour le président Abdoulaye Wade d’annoncer son intention de « déclarer la guerre aux criquets pèlerins » qui détruisent les cultures en Afrique sahélienne. «La tragédie est là, les criquets sont déjà au Sénégal en train d’attaquer les quelques pousses que nous avons», a fait remarquer le président Wade. A son initiative une réunion est prévue, prochainement à Alger, entre neuf pays ouest-africains et maghrébins concernés par ce fléau. Il s’agit de l’Algérie, de la Libye, du Mali, du Maroc, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Tchad et de la Tunisie. Abdoulaye Wade a demandé à la France et aux Etats-Unis d’assister à cette réunion aux accents militaires. En effet, il a aussi  demandé au président Abdelaziz Boutéflika d’Algérie d’y associer tous  les chefs d’état-major  de tous les pays concernés. «Mon idée est que ça doit être traité comme une guerre, c’est-à-dire confié aux militaires», précise le président sénégalais.

Enfin la délicate question du coton subventionné dans les pays riches et qui pénalise la production des pays africains a été soulevée par les deux chefs d’Etat. Un front des pays africains producteurs, Mali, Tchad, Burkina Faso et Bénin s’est constitué pour demander la suppression des subventions en Europe et surtout aux Etats-Unis. Ce front, soutenu par le Brésil, bloque les négociations sur le commerce au sein de l’Organisation mondiale du commerce. Le Sénégal y est chargé de coordonner les revendications africaines au sein de l’organisation, or le président Wade ne croit pas en la suppression totale des subventions des les pays riches. Il défend plutôt une logique de compensation. Cette option emporte les faveurs des Européens, et surtout de Jacques Chirac. Le président sénégalais ne désespère pas de convaincre ses pairs africains de changer de fusil d’épaule. «Avec les Etats-Unis c’est ça qu’il faut. Croire que les Etats-Unis vont supprimer les subventions, c’est du rêve, ce n’est pas possible», a ajouté le président sénégalais à sortie de l’Elysée.    

par Didier  Samson

Article publié le 23/07/2004 Dernière mise à jour le 23/07/2004 à 16:08 TU