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Libye

Tripoli normalise ses relations avec Berlin

Après les dossiers de l'attentat de Lockberbie en Ecosse et&nbsp;celui contre le DC-10 d’UTA, écrasé au Niger, la Libye s'engage à indemniser les victimes de la discothèque <EM>«La Belle».</EM> 

		(Photo : AFP)
Après les dossiers de l'attentat de Lockberbie en Ecosse et celui contre le DC-10 d’UTA, écrasé au Niger, la Libye s'engage à indemniser les victimes de la discothèque «La Belle».
(Photo : AFP)
Les négociations entre la Fondation Kadhafi et l’Allemagne ont abouti mardi 10 août à la signature d’un protocole d’accord sur le dédommagement des victimes non-américaines de l’attentat de la discothèque «La Belle» en 1986 à Berlin-Ouest. L’accord, qui porte sur 35 millions de dollars (27 millions d’euros) doit être entériné le 3 septembre prochain lors d’une cérémonie officielle à Tripoli. Il devrait permettre de lever les derniers obstacles à la réintégration de la Libye dans la communauté internationale.

«Nous avons signé un protocole d’accord en vertu duquel «la Libye s’engage à verser aux victimes de l’attentat de la discothèque la somme de 35 millions de dollars, qui sera payée en trois fois sur une période de six mois. Un million de dollars sera versé à la famille de la victime turque, les personnes légèrement touchées recevront 190 000 dollars et les plus grièvement blessées 350 000 dollars» a déclaré le directeur de la Fondation Kadhafi, Salah Abdel-Salam.

L’attentat de «La Belle», survenu le avril 1986 à Berlin-Ouest, avait provoqué la mort de trois personnes, dont deux GI’s américains et une femme turque, et blessé 260 autres, dont certaines mutilées à vie.

Ces montants sont inférieurs de plus de moitié à ce que les avocats réclamaient, mais d’après l’avocat français Stephan Maigné qui a suivi les longues négociations «l’accord conclu est tout à fait convenable et représente le maximum de ce qu’on pouvait atteindre, des sommes plus élevées n’étaient pas possible. C’est la première fois qu’une association représentant un Etat verse des dédommagements pour des personnes ayant été victimes d’un attentat». La Fondation Kadhafi, dirigée par l’un des fils du numéro un libyen, Seïf al Islam Kadhafi, avait proposé en août 2003 à titre de geste «humanitaire» de dédommager les victimes, bien que Tripoli n’ait jamais reconnu sa responsabilité, mais les sommes qu’elle proposait étaient jugées insuffisantes.

 En 2001, la justice allemande avait accusé l’Etat libyen et ses service secrets d’avoir planifié l’attentat à partir de l’ambassade libyenne à Berlin-Est, condamnant un Palestinien, deux Allemands et un Libyen à des peines de 12 à 14 ans de réclusion criminelle.

Aucune indemnisation n’est à ce jour prévue pour les victimes de nationalité américaine. En effet, les Libyens n’ont pas pardonné aux Américains d’avoir répondu à cet attentat par des raids aériens. Ces bombardements lancés sur les villes de Tripoli et de Benghazi au matin du 16 avril 1986 ont entraîné la mort de 41 civils, dont la fille adoptive du colonel Kadhafi et ont blessé 226 autres. Selon la Fondation Kadhafi, le dédommagement des GI’s pourrait faire l’objet d’une négociation séparée, mais pour cela, il souhaite que «le règlement de l’affaire «La Belle» fasse partie d’une résolution globale. Les victimes libyennes des bombardements américains méritent d’être dédommagées de manière adéquat, et les coupables doivent être traduits en justice».

Une politique de réconciliation avec l’occident

La Libye reste toujours inscrite sur la liste des Etats-Unis comme faisant partie des Etats terroristes, néanmoins, la normalisation de ses relations envers la communauté internationale soit en marche. Elle a entamé l’an dernier une politique de réconciliation avec l’occident en versant 2,7 milliards de dollars aux familles des victimes de l’attentat de l’avion de la PanAm, écrasé à Lockberbie en Ecosse (270 morts), commis en 1988 et s’est engagée à verser 170 millions de dollars aux victimes (170 morts) de l’attentat contre le DC-10 d’UTA, écrasé au Niger.

 Le porte-parole du gouvernement allemand, Bela Anda, a affirmé dans un communiqué que «rien désormais ne faisait plus obstacle  à une prochaine visite du chancelier Gerhard Schröder et qu’il acceptait avec plaisir l’invitation du président Kadhafi à se rendre à Tripoli». Le Premier ministre britannique Tony Blair s’était, quant à lui, rendu l’année dernière dans la capitale libyenne. Tous ces échanges devraient permettre à cet Etat  d’améliorer ses relations politiques et économiques. La Libye redevient progressivement un pays fréquentable.

Rien n’est pour autant acquis, la Commission européenne, par la voie de son président Romano Prodi, vient de faire part aujourd’hui de sa préoccupation concernant la condamnation à mort de cinq infirmières bulgares par le régime de Tripoli.



par Pauline  Stasi

Article publié le 11/08/2004 Dernière mise à jour le 11/08/2004 à 14:16 TU