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Irak

L’étau se resserre à Najaf

Les habitants fuient les combats qui font rage dans la ville sainte de Najaf. 

		(Photo : AFP)
Les habitants fuient les combats qui font rage dans la ville sainte de Najaf.
(Photo : AFP)
Le chef radical chiite Moqtada Sadr aurait été blessé vendredi matin à Najaf selon l’un de ses porte-parole. Il aurait « reçu trois blessures » dont la gravité n’est pas précisée. Moqtada Sadr a néanmoins lancé un « appel à continuer la guerre sainte » alors que les affrontements connaissent une accalmie entre les miliciens fidèles au chef religieux et les forces américaines.
De notre envoyé spécial dans les faubourgs de Najaf

Un panache de fumée noire s’élève au-dessus de Najaf, toujours assiégée. Les combats de la journée d’hier ont été intenses. Au tirs d’hélicoptère et de tanks, les miliciens de Moqtada Al-Sadr ont riposté au mortier, leur arme de prédilection.

A la périphérie de la ville, les policiers irakiens ont dressé des barrages. Personne n’est autorisé à passer, sauf les convois américains. Visiblement, les policiers sont nerveux. A chaque véhicule qui se présente, ils font des grands gestes pour lui intimer l’ordre de rebrousser chemin, parfois avec des tirs en l’air pour être plus convaincant.

« Les miliciens de Moqtada Al-Sadr ne sont que des terroristes, s’emporte Mohammed Dia, un policier en faction, la kalachnikov en main. Pourquoi attaquent-ils les policiers qui sont là pour protéger la population ? Ils se disent résistants mais ils épargnent les soldats américains. » Les policiers de Najaf sont particulièrement à cran, car vingt des leurs ont été égorgés par les hommes de Sadr.

Pas d’eau, pas d’électricité, pas d’essence

Selon Mohammed Dia, les miliciens chiites se livreraient aussi à des pillages en règle des bijouteries, bureaux de change et magasins d’alimentation dans le centre-ville. « Ils rackettent les gens, volent leur voitures, » poursuit-il. Ils n’hésitent pas à tirer sur quiconque s’approche de la ligne de front. Selon lui, les rangs des sadristes compteraient aussi des « wahhabites » venus du triangle sunnite pour les aider dans leur « jihad », mais aussi des anciens Fedayin de Saddam, la milice du fils aîné de l’ancien dictateur.

Dans la cité sainte du chiisme, les conditions de vie se sont franchement dégradées depuis cette nouvelle crise. Taleb, un ouvrier, est parvenu à sortir de la ville. Il est à la recherche d’essence car les stations services de la ville sont vides. « Hier j’ai voulu amener mon fils à l’hôpital car il était blessé, à l’accueil, on m’a dit de rentrer chez moi, car il n’y avait plus assez de médicaments. » L’électricité, l’eau et le téléphone sont coupés dans plusieurs quartiers de la ville sainte.

La population fuit les combats

Le centre ville est fantomatique. Pas une voiture ne circule, pas un magasin d’ouvert. « Les habitants des quartiers centraux ont quitté la ville depuis plusieurs jours, explique Taleb qui a recueilli chez lui quatre familles. Les gens ont fui les combats, après des appels lancés au haut parleur par l’armée américaine.

Comme de nombreux habitants de Najaf, Taleb ne porte pas Moqtada Al-Sadr et ses hommes dans son cœur. Il affirme que si Sadr venait à être tué ou emprisonné, la majorité de la population de la ville serait satisfaite, même si une partie le respecte, car il est fils du grand ayatollah Sadr, liquidé par les agents de Saddam en 1999. « Ce n’est qu’un gamin », lâche-t-il en partant.



par Christian  Chesnot

Article publié le 13/08/2004 Dernière mise à jour le 13/08/2004 à 10:36 TU

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