Jeux olympiques 2004
Bekele, l’héritier flamboyant
(Photo : Marc Fichet/RFI)
Cette image restera l’une des plus fortes des Jeux. Soutenu par deux de ses jeunes compatriotes, Haïlé Gebreselassie a réalisé un bref tour d’honneur au stade olympique d’Athènes. Son visage exprimait le sentiment du devoir accompli, celui d’avoir guidé Kenenisa Bekele et Sileshi Sihine vers les deux premières place du podium du 10 000 mètres. Agé de 31 ans, Haïle Gebreselassie ne pouvait guère prétendre à un nouveau titre olympique en raison d’une blessure à un tendon d’Achille qui l’handicape depuis plusieurs semaines. Et s’il n’a pas déclaré forfait pour cette course, qu’il a terminé à une très honorable cinquième position, c’était uniquement pour augmenter les chances de médailles de son pays.
La fin de ce cette course mètres a donné lieu à une image assez inédite sur les stades d’athlétisme, une sorte d’illustration du passage de relais entre Gebreselassie et Bekele, détenteur du record du monde sur 5 000 et 10 000 m. A cinq tours de l’arrivée, Bekele s’est retourné pour rechercher son aîné qui ne parvenait plus à suivre sa cadence. Il a même été jusqu’à l’attendre sur quelques centaines de mètres. Mais « Gebre » ne pouvait pas suivre et Bekele a fini par accélérer son allure pour ne pas compromettre ses chances de titre. A l’arrivée, vingt secondes séparaient les deux hommes. Grimaçant de douleur, Gebreselassie ne pouvait presque plus marcher mais se disait soulagé d’avoir pu terminer cette épreuve. «J’avais mal, très mal. Je n’étais pas loin de renoncer. Mais ce n’est pas bien d’abandonner», déclarait-il après coup. Entraîné par Bekele et Sihine, il a alors accepté de faire un dernier effort pour les accompagner dans une partie de leur tour d’honneur.
Un duel avec El GuerroujBekele tenait absolument à rendre hommage à l’homme qui l’a incité à se lancer dans la course de fond. Il avait 14 ans lorsqu’il l’a découvert à la télévision. «Quand j’ai vu courir Haïle, j’ai pensé que je pourrais être comme lui», a expliqué ce jeune athlète désireux de courir un jour dans la foulée du plus grand champion éthiopien. Gebreselassie obtient à l’époque son premier sacre olympique sur 10 000 m, à Atlanta, qu’il conservera quatre plus tard à Sydney. Les Ethiopiens règnent en fait en maître sur cette distance depuis 1992, aussi bien chez les hommes avec trois titres lors des quatre dernières olympiades, que chez les femmes grâce à Derarte Tulu, médaillée d’or en 1992 et 2000.
par Olivier Bras
Article publié le 28/08/2004 Dernière mise à jour le 29/08/2004 à 10:56 TU