Agriculture
Dakar réunit une coalition contre les criquets
(Photo: Marie-Pierre Olphand/RFI)
De notre correspondant à Dakar
La réunion de Dakar part de l'idée qu'il ne sert à rien d'agir séparément, quand on à faire à un phénomène qui, par définition, ne connaît pas de frontières. L’objectif affiché est donc de parvenir à mettre en commun tous les moyens disponibles et de coordonner au mieux les efforts.
Car « la situation est grave », selon les termes du secrétaire exécutif de la Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale (CLCPRO). Selon lui entre deux millions et deux millions cinq cent mille hectares sont actuellement infestés.
Parmi les pays les plus touchés, il y a d’abord la Mauritanie. Avec environ 1,6 million d’hectares. Autant dire que ce pays concentre actuellement l’attention des experts. En premier lieu, parce qu’il offre d’énormes superficies pour la reproduction. Ensuite, parce que c’est aussi un lieu de transition pour les criquets entre le nord et le sud de l’Afrique.
Parmi les autres pays concernés figurent le Mali, le Niger et le Sénégal. Avec pour chacun d’entre eux des superficies infestées évoluant entre 100 000 et 200 000 hectares.
A peine 30% des besoins financiers sont couverts
Dans ces pays, bien sûr, la guerre contre les criquets est déclarée. Mais c’est un combat inégal. Exemple extrême : la Mauritanie qui ne dispose que d’une vingtaine d’équipes de prospection terrestre et de quatre avions pour couvrir près de deux millions d’hectares. Ce qui est largement insuffisant.
Quant aux autres Etats de la région, ils ne sont pas encore aussi gravement touchés. Mais leurs moyens sont également presque dérisoires par rapport à l'ampleur de l'invasion. C'es le cas ici, au Sénégal, puisque malgré les efforts déployés, six régions sont touchées et les criquets sont aujourd’hui aux portes de Dakar.
Dans ce contexte, la réunion de Dakar vise aussi à alerter une nouvelle fois la communauté internationale. Car malgré une première réunion sur les criquets, à Alger au mois de juillet, la mobilisation reste insuffisante. Actuellement, selon le Comité de lutte contre le criquet pèlerin pour la région occidentale, à peine 30% des besoins financiers nécessaires au combat sont couverts.
Alors qu'il y a urgence. Les experts s'accordent à dire que c'est une question jours. « Je crains même qu'il soit trop tard », confie un ministre africain. Tout simplement parce que les criquets plus âgés, donc moins nocifs, qui se sont initialement posés dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest ont pondu. Et dans de nombreuses zones, leurs oeufs ont donné naissance à des larves, particulièrement dangereuses, qui vont se muer en de jeunes criquets qui dévorent tout sur leur passage.
par Christophe Champin
Article publié le 31/08/2004 Dernière mise à jour le 31/08/2004 à 10:32 TU