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Irak

Le macabre bilan des prises d’otages

Le groupe islamiste Ansar Al-Sunna a revendiqué l'exécution des douze otages népalais. 

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Le groupe islamiste Ansar Al-Sunna a revendiqué l'exécution des douze otages népalais.
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La liste des otages étrangers exécutés en Irak s’est dramatiquement allongée avec l’assassinat de douze citoyens népalais. A une vingtaine d’exécutions revendiquées par différents groupes s’ajoutent les assassinats de plusieurs étrangers. Et une douzaine de personnes sont toujours détenues dans le pays et menacées de mort.

La révolte et la colère aveugle ont répondu à la barbarie. Quelques heures après l’annonce de l’exécution de douze ressortissants népalais qui étaient retenus en otage depuis le 20 août, plusieurs milliers de manifestants ont incendié mercredi la principale mosquée de Katmandou et saccagé des agences de placements. C’est par leur biais que de nombreux Népalais partent travailler au Moyen-Orient, travaillant notamment comme cuisiniers ou chauffeurs. Les douze Népalais exécutés en Irak étaient passés par la Jordanie avant de rejoindre l’Irak où des sociétés américaines leur proposaient du travail. Mardi, le groupe islamiste Ansar Al-Sunna a revendiqué sur son site internet l’exécution des douze otages, publiant des photos très crues qui montrent comment le premier d’entre eux a été égorgé et les onze autres tués par balle. Leurs ravisseurs, qui leur reprochaient de coopérer avec les forces américaines en Irak, n’avaient posé aucune condition à leur libération. 

Ce massacre d’otages, le plus important perpétré en une seule fois en Irak depuis le début de la guerre menée par la coalition sous commandement américain, porte le nombre d’assassinats de ressortissants étrangers revendiqués à une vingtaine. Le chiffre précis est en fait difficile à donner car plusieurs étrangers ont été retrouvés morts sans que leur assassinat ne soit revendiqué. Le premier otage étranger exécuté a été l’Italien Fabrizio Quattrocchi, enlevé le 12 avril avec trois autres employés de sociétés privées de sécurité. Il a été tué d’une balle dans la tête par ses ravisseurs qui réclamaient le retrait du contingent italien présent dans le sud de l’Irak. Les trois autres otages ont, eux, été libérés le 8 juin.

Les ravisseurs n’ont parfois pas hésité à filmer les exécutions de leurs victimes et à diffuser ensuite ces images. Le 11 mai, une vidéo montrait ainsi la décapitation de l’Américain Nicholas Berg par un homme masqué affirmant vouloir venger les sévices subis par les prisonniers irakiens. Et c’est également par l’intermédiaire d’enregistrements vidéo qu’ils ont souvent fait connaître leurs revendications et leurs exigences. La chaîne Al-Jazira avait ainsi diffusé le 24 août une cassette vidéo dans laquelle l’Armée islamique en Irak annonçait détenir en otage le journaliste italien Enzo Baldoni, menaçant de le tuer si Rome ne retirait pas des troupes d’Irak dans un délai de 48 heures. Et la chaîne de télévision recevait une nouvelle cassette après l’expiration de ce délai montrant le corps de Baldoni après son exécution.

Une douzaine d’étrangers en otages

C’est aussi l’Armée islamique en Irak qui a revendiqué l’enlèvement des journalistes français Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Demandant l’abrogation de la loi française interdisant le port à l’école de tous les signes religieux ostensibles, dont le voile, ce groupe a déjà envoyé deux enregistrements vidéo qui montrent les deux journalistes français apparemment en bonne santé. Des exigences assorties d’un délai au terme duquel le groupe menace les deux Français.

Les autorités françaises tentent depuis par tous les moyens d’entrer en contact avec les ravisseurs, utilisant notamment les canaux de communication déjà établis par d’autres pays. C’est le cas de la Jordanie, qui a récemment dû gérer l’enlèvement de quatre de ses ressortissants. Leurs ravisseurs, qui disaient appartenir au Groupe de la mort, les avaient enlevés le 27 juillet et avaient ensuite adressé une vidéo dans laquelle ils demandaient au peuple jordanien de faire pression sur son gouvernement pour mettre fin à son soutien à la Force multinationale en Irak. Une semaine plus tard, les quatre Jordaniens étaient libres, l’un d’entre eux racontant par la suite que les miliciens d’un chef tribal les avait tirés des mains des ravisseurs.

Plusieurs otages étrangers ont connu le même sort au cours des derniers mois, retrouvant leur liberté au cours de périodes plus ou moins longues. Les derniers en date sont huit camionneurs de nationalités turque, kenyane, indienne et égyptienne dont les libérations ont été annoncées mercredi. La situation chaotique que connaît le pays empêche cependant de connaître avec précision le nombre d’otages étrangers toujours détenus, les cas d’une douzaine de ressortissants étrangers enlevés ayant été signalés. Parmi eux se trouve notamment un diplomate iranien, Fereydoun Jahani, porté disparu depuis le 4 août. Et cette liste comprend également Mohammed Al-Jundi, de nationalité syrienne, le chauffeur qui accompagnait Christian Chesnot et Georges Malbrunot au moment de leur arrestation.

par Olivier  Bras

Article publié le 01/09/2004 Dernière mise à jour le 01/09/2004 à 12:22 TU